Chroniques DVD
27
Jan
1999

Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note !

Genre : thriller d’époque

Scénar : Paris en 1794 est une ville fort dangereuse, c’est pourtant là-bas que le général La Fayette envoie son agent Charles d’Aubigny afin d'empêcher de faire de la Terreur instaurée par Robespierre une raison pour le tribun de s’imposer comme dictateur de la France. Robespierre vient de se débarrasser de Danton et vise désormais Barras qui se prononce diamétralement contre l'institution d'une dictature après avoir fait tomber la royauté. Mais même Fouché, le chef de la police secrète qui agit dans l'ombre du futur dictateur, n'ose pas s'attaquer à cet homme influent et aux nombreux partisans. Robespierre fait donc appel à Duval, l’impitoyable boucher de Strasbourg. Mais celui-ci est assassiné dès son arrivée à Paris et remplacé par d’Aubigny. Robespierre lui confie la mission de chercher un livre noir dans lequel il consigne les noms et motifs des futurs exécutés : le supposé Duval a vingt-quatre heures pour retrouver la chose que Robespierre soupçonne avoir été volée par Barras.

L’américain Anthony Mann, un immense réalisateur de films noirs, réserve aux amateurs de son art une certaine surprise avec ce film dont l'intrigue entre histoire, aventure et policier, se situe au XVIIIème siècle à la fin de la Révolution française. Mann a gardé de son cursus dans le genre noir un sens du rythme et de l'expressionnisme qui embellit encore plus un film tendu et vif comme le fut l’affreuse période de la Terreur. Dans une atmosphère de suspicion paranoïaque soulignée par une musique lugubre de Sol Kaplan, mais aussi d'une course au pouvoir impitoyable qui confine au thriller, un bon suspense est alimenté par des personnages sinistres mais aussi par des poursuites de calèches à Paris, une ville pas encore dévastée par l’automobile puis les anti-automobile. Comme ce bon Ravaillac en son temps, on pouvait encore assassiner les fumiers en pleine rue, mais peut-on vraiment débarrasser le monde de tous ses Fouché sans remplir tous les cimetières du monde sur plusieurs étages ?

Le moins que l'on puisse dire à propos du filigrane historique, c’est que la vision de la Révolution française est pour le moins noire, un orateur gueule d’entrée avec emphase le nom des personnages principaux qui sont tous authentiques bien que l’on prenne des libertés avec l’Histoire dans une certaine mesure : rien ne vaut la caricature pour faire vibrer un public qui adore ça et puis tant pis pour les historiens : on veut se divertir. Du coup on adore l’histoire d'amour brisée au milieu du micmac (superbe et vénéneuse Madelon), les décors glauques (le quartier général de Robespierre, une boulangerie bourrée d'armes où l’on peut torturer discrètement, les prisons pavées de paille, le Café des Morts-Vivants qui a une super chouette gueule), c’est presque dommage que Mann n’ait pas récidivé dans le genre. Dès l’année suivante (avec Winchester 73) il se consacrera au western et réalisera une série de films exemplaires, par exemple ceux avec James Stewart mais pas seulement. Celui-là est méconnu, mais il vaut le détour !!


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