Chroniques concerts
20
Oct
2019

Ouaip, on l’écrit souvent mais c’est nécessaire :

Nawakulture a besoin de varier les plaisirs, le punk rock et le heavy metal ont des limites quand on a toujours plus besoin d’air. Du coup, comme toujours, cueillons dès aujourd’hui les roses de la vie, peu importe leur couleur. Une affiche variée de poids moyens à lourds, ça ne se refuse pas, alors on grimpe dans la Honda Shepard de Triple M et on the road again !

À l’arrivée, pas le temps de traîner sur le site, SLIM PAUL vient montrer que le blues français sait être sacrément heavy rock quand il veut, funk itou, et entouré d’un batteur puissant et d’un bassiste fluide, le chanteur à la voix qui vient des tripes se montre doublé d'un gratteux inspiré, chouette début malgré l’éclair involontaire « c’est fou comme il a maigri Joey Starr » qui tomba à un moment, sûrement la faute aux éclairages. On aurait bien voulu jeter un œil à l’album de la formation mais pour d’obcures raisons nous ne trouvâmes point de stand. Dommage, on tient là un futur grand, pas de doute.

Sur la grande scène, Keziah Jones vient effectuer la dernière date de sa tournée qui lui a fait passer l’été sur la route. Le nigérian est lui aussi à la tête d'un trio de choc (quelle rythmique !) pour célébrer le funk retrouvant souvent ses racines africaines, de quoi faire bouger un public ravi de cette visite plaisante au pays de la blanquette, l'auditoire offre une réponse vibrante à Keziah quand il le sollicite, en voilà une jolie messe du groove et de la bonne humeur. Un Dylan via Hendrix monstrueux (All along the watchtower) c’est toujours ça de pris, avec dans le même plantureux bouquet du gros blues, du clin d'œil à Bob Marley, tout est là ! Rhythm is love ? Vu les réactions des danseurs, ça doit être vrai.

LE TROTTOIR D’EN FACE et son Youriiii nous donnent l'impression de les avoir déjà vus, leur chanson skapunkoïde raisonnablement cuivrée aussi, le groupe est en tout cas un vrai chauffeur de chapiteau et le pogo, peut-être pas digne du Hellfest (mais qu'est-ce que le Hellfest après tout ?), est là, bon enfant car la tribu sait y faire pour mettre l'ambiance sans devenir envahissante outre mesure, la musique reste la reine dans ce joli boxon qui inclut même une partie disco overcoloree délicieusement entraînante. Pour avoir fait sauter d'allégresse tout ce joli petit monde et effacer temporairement l'horrible actualité, merci pour eux tous, les gars, si vous avez un disque à la mesure du show, il sera remboursé par la Sécu.

Du coup LA RUE KÉTANOU, plutôt paisible semble-t-il, ne fait pas chez votre non-serviteur le même effet, on veut bien « faire entrer les cigales dans la fourmilière » mais encore faut-il que le cœur y soit, ne parlons pas du foie. Le public semble clairement d'un avis contraire et c'est tant mieux quand il en faut pour tous les goûts. On avait quand même eu une autre impression au Ouest Park jadis 1LA RUE avait allumé l'un de ces incendies dont on se souvient longtemps. Malgré de vrais moments de grâce sur les tubes, on n'a pas aussi chaud à Limoux, va savoir pourquoi… Et, pour avoir discuté avec d’autres, on n’était pas les seuls. Le principal, c’est que la majorité se soit éclatée pas vrai ?

Retour à la scène des Bulles, on traverse carrément la Méditerranée pour aller voir les montpelliérains d’AIWA et leur répertoire où tournoient très haut raï, gnawa, musique électronique et pourquoi pas des touches progressives ? Le chanteur est charismatique et lui aussi est entouré d’une sacrée bande de musiciens impressionnants pour diffuser des sonorités totalement dépaysantes par rapport au reste de l'affiche bien plus classique. Un peu de chaleur dans la fraîcheur qui s'installe petit à petit autour des chapiteaux et des camions de bouffe, et surtout une belle preuve de curiosité offerte par le grand nombre de personnes restant à danser sur des rythmes pas forcément toujours évidents pour les habitués du binaire généralisé.   

Adieu le froid quand la tribu HILIGHT TRIBE déboule avec son matos gueudin (didgeridoo, sitar, perçu etc) et surtout une énergie affolante, le tempo jumpy omniprésent déchaîne dès la première seconde un chapiteau à donf total qui donne libre cours à d'incroyables chorégraphies, chacune différente de l'autre pour le plaisir du spectateur : les filles redeviennent les fées virevoltantes des contes, les gars des faunes échevelés que l'on croirait branchés direct sur 320 volts, voilà un régal pour les oreilles et pour les yeux, le point d'orgue absolu d'une soirée franchement chouette au point qu'on a tout de suite envie de dire « à l'année prochaine » si la cuvée est du même tonneau bien sûr ! Car c’est déjà l’heure de décoller vers le pageot bien mérité.

Pour conclure, Les Bulles sonores est un festival qui fait systématiquement attention à l'accueil du public (équipe cool !), au tri des déchets et propose un bel éventail de food trucks certes pas donnés mais où le local et le raisonné prédominent. Un peu dans le genre du Guitare en scène pour ceux qui connaissent ou, pour l'esprit, du Ouest park havrais. Mais où est donc passé le génial container à mégots que nous découvrîmes à la Cuivrée spéciale 2 ?

1 voir THE LANSKIES [Fra] + LA RUE KETANOU [Fra] + APRIL SHOWER [Fra] + MIOSSEC [Fra] + ACCORDEON CLUB SANVIC [Fra] au Havre, Ouest Park le 26/10/12.

2 voir LE COMPTOIR DES FOUS [Fra] + Pierre Richard & LAURENT MIGNARD DUKE ORCHESTRA [Fra] + LOUIS PRIMA FOREVER [Fra] à Limoux, Festival Cuivrée Spéciale le 01/05/15.

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