Expositions / Salons
15
Sep
2015

Une mystérieuse malédiction a toujours condamné votre non-serviteur à débouler au Visa le dernier weekend de sa tenue,

on a tous des agendas à respecter, c’est comme ça. Sauf que jamais on était tombé sur autant de monde au point de laisser tomber la visite du Couvent des Minimes, pourtant ZE morceau de l’exposition de photojournalisme la plus chouette de l’univers. Tant pis, c’est frustré que l’on repartira, mais les aventures suivantes feront vite oublier la déconvenue, Molitg-les-Bains se révélant très accueillant avec les agents de la Nawakulture, mais ceci est une autre histoire. Car après un gueuleton au France nous filons droit vers…

Le Palais des Corts : Diana Zeyneb Alhindawi rappelle avec son reportage la tenue en 2014 du procès à Minova des viols en République Démocratique du Congo par les forces armées gouvernementales, notez bien que les victimes sont bien évidemment montrées du doigt, d’où la photo quasi horrifique d'une femme témoin emballée comme un Belphegor ninja, la terreur double règne chez ces femmes et ces enfants : le choc post traumatique d’abord, et le danger pour eux de témoigner contre des êtres expéditifs. Les magistrats sont aussi clairement sous la menace, subissent aussi des pressions et des menaces. Ce procès sous haute tension n’ordonnera que deux condamnations alors qu’une quarantaine de fumiers étaient mis en examen…

A l’Hôtel Pams, c’est toujours quasiment plus de plaisir à contempler ce lieu incroyable aux marches en touron que les photos, de toute façon le sujet des mères ados [Viviane Dalles] provoque d’étranges sensations comme le rappel sans humour d’un épisode de Baby boom ou Strip tease, c'est trop, next. Mais du coup on en profite pour un dernier coup d’œil à cet édifice de la toute fin du XIXème siècle, irrémédiablement lié à la famille Bardou et ses papiers à cigarettes JOB.

L’ancienne Université accueille l’exposition autour des femmes yezidies issues d’une minorité kurde dont on parle finalement assez peu et qui pourtant, devant le massacre de leur peuple par Daesh, sont aux premières lignes contrairement à l’Europe qui cherche à faire refluer le malheur sous le tapis, de quoi faire mourir de honte devant la lâcheté générale des nantis. Un boulot photographique aux couleurs vives comme l'espoir mais aussi comme les effusions des bouchers fondamentalistes.

Un peu de sourire à la Caserne Gallieni avec les clichés culte des pionniers de Hara Kiri / Charlie Hebdo, les Gébé, Reiser, Cabu, Cavanna (craquant en self-cordonnier), Willem, Choron (hilarant quand maquillé par Gébé) mais aussi Coluche ; les irrévérents savaient rire et se mettre en scène sans en être exhibo-pesants comme les nouvelles « stars » de l’humour parfois involontaire. Putain, vous nous manquez les mecs ! A proximité, à la Maison du Combattant (tatatatan !) on trouve une petite expo à la gloire du GIGN qui fut déterminant à la conclusion de l’affaire Charlie, dommage qu’on ait droit à une collection de jeux de mots en titres un peu too much…

Dernier volet de notre expédition tronquée, le duo Eglise des Dominicains / Chapelle du Tiers-Ordre. Dans la première on voyage au Népal pour voir les demi-déesses Kumari dont le passage à l'adolescence file de beaux visages en maquillages parfois largement effrayants. De Kiev à Kobane, Bülent Kiliç livre une impressionnante série de clichés

tandis que la suivante, signée Andres Kudacki, est aussi tragique sur les expulsions et la crise du logement en Espagne où le malheur total est montré sans l’œil voyeur de plus en plus répandu. Finissons sur la beauté avec à la Chapelle un petit trip au Pérou dont les photos pastel superbes réalisées à la chambre grand format montrent des gens aussi beaux que les décors.

Perpignan, à l’année prochaine donc, on essaiera de planifier tout ça un peu plus tôt ! D'ici là, spéciale Ged-y-casse aux compagnons de route Anaïs, Alex et Jules.

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