Spectacles
26
Avr
2015

Ah cette salle pleine fait plaisir à voir,

on constate que beaucoup de gens s'intéressent donc encore à une culture subversive et originale, non inféodée à la norme, au politiquement correct et aux canons de l'industrie cinématographique ! Vive aussi le Ciné 3 qui programme une soirée vraiment exceptionnelle pour une petite ville comme Bédarieux. Récupéré sur une voie sétoise après les déboires habituels avec le chemin de fer français, Jean-Pierre Mocky aurait pu souffler un moment voire même annuler une partie de la soirée. Hé bien que nenni puisqu'à peine passée la porte, il se retrouve à signer un bouquin. Le one-man-show qui suit s'apparente plutôt à une conférence / état des lieux du cinéma aujourd'hui.

Quand il parle de cinéma, il se raconte forcément lui-même, comment faire autrement quand on a "connu tout le monde" à toutes les époques ? Ecoutez-le parler de Gabin SDF, il vous convaincra que, comme il le dit à plusieurs reprises, et on suppose que l'adage fonctionne pour tous les domaines : "il faut avoir des tripes pour faire du cinéma", "pour être artiste il faut crever la dalle" ! On a la nette impression que les acteurs remarquables jadis venaient de la rue, vierges de tout académisme ou de formation. Après tout, Mocky le dit bien fort : le cinéma "est un métier accessible à TOUS" ! Depuis les années 80, un déclin important s'est fait sentir au niveau de la qualité et puis la télé a de plus en plus pris les gens pour des imbéciles, en a même fabriqué pas mal de plus puisque déviant de son rôle informatif et parfois pédagogue vers le pur divertissement abrutissant et l'écran à pub.

Quand on pourrait croire que les grands du cinéma vivent dans une bulle dorée bien au-dessus du monde, le bonhomme se doit d'évoquer l'actualité, foin de passéisme ici : ses inquiétudes au sujet du chômage des intermittents du spectacle, de l'absence de grands professeurs dans les écoles du métier, de l'uniformisation des standards physiques et l'absence de visagistes, des acteurs qui ne se renouvellent pas ou n'ont pas le courage, contrairement à des GabinMichel SimonJacques Villeret ou Michel Serrault, de co-produire des films ou de s'investir plus avant. L'inverse du fait de multiplier les films à bons sentiments sur les handicapés, les sans-abris et les sans-papiers pour accumuler les bénéfices et ne rien reverser ensuite aux protagonistes de ces sujets dans la réalité, l'hypocrisie de la morale n'empêche pas les acteurs d'accumuler les grosses bagnoles. On apprend aussi que des directeurs d'enseignes estampillées "sport grand public" refusent de faire des tentes à prix coûtants à des artistes qui les redistribueraient ensuite au peuple de la rue... 

On aimerait être une petite souris pour assister au rendez-vous que Mocky a semble-t-il obtenu auprès du pape François pour discuter du célibat des prêtres ! Car si "le cinéma doit permettre de traiter de tout", certains sujets restent épineux comme celui de Calomnies, un des derniers films de Mocky, boycotté car abordant un scandale intéressant, celui de l'installation des déchèteries. "On ne peut pas dire la vérité" est une phrase que beaucoup d'artistes partagent avec lui en ce moment, il faut bien reconnaître que dans le pays, la liberté d'expression est à géométrie variable (on en reparle dans l'interview à paraître très bientôt sur ce blog), peut-être même bien plus depuis l'affaire Charlie Hebdo pendant laquelle Mocky se refusera à s'étaler pour ne pas être soupçonné de la récupérer. Si ça avait été le cas de tout le monde...

Voici un moment atypique que l'on se rappellera un moment dans notre petit cinoche, revenez quand vous voulez M. le Mocky !

 

 

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