Spectacles
23
Jan
2012

Il est souvent risqué de s'aventurer à sortir voir un spectacle de danse contemporaine quand on n'en a pas l'habitude,

les clichés de danseurs hallucinés, de chorégraphes contents-pour-rien et d'un public hautain et fantasque sont prêts à poindre, comme tout bon préjugé.

Sur un conseil d'une baie des bois, pénétrons le monde mystérieux du Corum, plein comme un oeuf, c'est à saluer, et asseyons-nous, enfin ceux qui le peuvent, l'écart entre les rangées étant d'approximativement quarante-deux centimètres, de quoi se retrouver avec les rotules dans les nawines mais passons. Elémentaire mon cher Watson, les clients du Corum sont des schtroumpfs.

Créé en 2010 par les chorégraphes Dominique Hervieu et José Montalvo, cet Orphée met en scène neuf danseurs et sept chanteurs-musiciens. Concernant la musique, un astucieux tissage de partitions de MonteverdiPhilip GlassChristoph Gluck entre autres rythmeront les pas. La trame est bâtie sur les différentes interprétations du mythe d'Orphée à travers les siècles. Sur scène, l'arrière-plan est constitué d'un écran vidéo avec lequel un jeu de volumes, de dimensions s'opère, les danseurs ayant été filmés et reproduits à des tailles variant de naturelle à très grande. Signalons également un jeu de lumières au millimètre.

D'emblée, après quelques minutes une certitude, les artistes sur les planches ne sont pas seulement danseurs, musiciens ou chanteurs, ce sont des performeurs (ouaip, on francise) qui savent absolument tout faire, et avec le sourire ! Un côté espiègle irrésistible met de côté ce que l'on désignerait d'habitude comme le "conceptuel" (les vidéos par exemple sont parfois assez "énigmatiques" pour rester diplomate) pour en mettre plein les yeux aux novices qui semble-t-il sont venus nombreux, ils applaudissent même, horreur !, entre les différents tableaux (© Myrtille) ! Le subtil travail sur le plan et l'espace donne à voir un spectacle en balle élastique, qui ne sait rester en place, et quand, soudain statique à la mort d'Eurydice, il ferait presque couler des larmes... Bon en fait, il l'a fait.

On se frotte les mains à l'idée que les intégristes du genre, visiblement outrés dans leurs habitudes guindées, aient dû supporter les chants africains (poilants), le hip-hop souvent évoqué, et l'humour omniprésent tout le long. Pour faire un rapprochement tout-à-fait jouissif, c'est comme quand le punk André Rieu "joue du classique" au nez et à la barbe d'une aristocratie abonnée à Furtwängler... Ha ! Ou quand Ibrahim Maalouf transforme un concert de jazz érudit en film de Buster Keaton.

De la danse du robot au smurf en passant par le pur classique, de l'Afrique à l'Europe, de la ville à la campagne, un voyage dans le temps et les légendes en cinq actes, de la tragédie à la comédie visuelle, un spectacle franchement superbe pour l'adepte néophyte de la Philosophie avec un Marteau.

 

© GED Ω - 23/01 2012

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