Chroniques DVD
11
Avr
1999

Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note !

La série complète de Harry le Charognard enfin réunie dans un luxieux coffret, ça se fête.

Donc on retrouve à part les films un peu plus détaillés ci-dessous un joli bouquin d'une cinquantaine de pages, des cartes des affiches des films au format DVD, le documentaire bien connu Pleins feux sur Clint Eastwood dans un petit digipak et des bonus à tire-larigot, tout ça gentiment rangé dans un boîtier cartonné de bon aloi. Miam.

Les films:

L'Inspecteur Harry de Don Siegel (avec Clint, forcément, Harry Guardino, Reni Santoni...) 1971

Genre: Le bon est devenu la brute...

Scénar: Les méthodes expéditives, un tantinet anar-réac' même, de l'inspecteur Harry Callahan, dit Dirty Harry, ne le font pas passer inaperçu lors de ses interventions, musclées à l'extrême. Ses tactiques assez particulières pour raisonner les suicidaires ou désarmer les braqueurs franchissent à coups sûrs les limites de la morale, voire de la loi d'un système qu'il exècre. Lui n'y voit que l'efficacité dans la résolution des affaires. Ses patrons ont évidemment une autre vision qu'ils n'ont de cesse de glapir, sans succès. Quoi qu'ils en disent quand le tueur Scorpio menace la ville et décanille les gens au fusil à lunette du haut des toits, Harry n'a d'autre choix que de se mettre en chasse, Smith & Wesson 29.44 au poing. Bang ! Planquez les meubles.

Un classique du polar amerloque avec tout ce qu'il faut pour ravir le fan d'action: un héros gouailleur et souvent bourrin par un Clint en forme, un tueur psychopathe spécialement bien interprété, une bande originale groovy et jazzy incroyablement adéquate de Lalo Schifrin (aaaah Bullit...), des seconds rôles avec des gueules pas possibles et un scénario rentre-dedans et plein d'ironie, rien à jeter dans ce premier opus qui vitriole avec style (Don Siegel, dont c'est le quatrième film avec Clint, est trop sous-estimé) un pays et un genre qui le méritaient.

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Magnum force de Ted Post (avec Hal Holbrook, Mitch Ryan, David Soul...) 1974

Genre: gros calibres et motards véreux

Scénar: quand ce sont les flics qui commencent à se la péter justiciers et qu'ils descendent les truands à tout va sans autre forme de procès, c'est un coup à faire passer mister Calahan pour un hippie. Il est évidemment hors de question que ça se passe comme ça, Harry prend les choses en main, quitte à trouer de l'uniforme, ça change un peu du quotidien.

Le générique d'entrée en dit long avec le magnum brandi sur fond rouge sang... Et la partition de Lalo Schifrin, tendue mais toujours remuante, se prête au jeu qui va suivre. Mais pourtant le père Harry dans cette séquelle montre des côtés humains inattendus, un câlin fugace à un gamin, une réponse aux franches avances d'une voisine parée des plus beaux charmes de l'Orient, parfois même des sourires...! Si le personnage semble devenir plus commode, ces méthodes ne changent pas et le menu reste sensiblement le même, bang-bang, poursuites et humour noir. Et si cette suite est digne du premier, elle surprend moins par le style (Ted Post assure la continuité) mais plus par la critique sociale, il semblerait que les attaques contre l'épisode précédent (fasciste, réac', démago et caefuckingtera... le blabla habituel de la presse molle et politiquement correcte) aient eu un impact, on aborde ici l'exact contraire moral, après le méchant hippie, voici les salauds de flics version einsatzgruppen. Un bon film quand même, préfigurant, encore plus que le précédent, les séries de films policiers à venir, l'Arme fatale en tête, l'humour -très - potache en moins.  

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L'Inspecteur ne renonce jamais de James Fargo (avec Harry Guardino, Tyne Daly, Bradford Dillman...) 1976

Genre: polar pas fin mais efficace

Scénar: après une très personnelle libération d'otages, Harry est muté au service du personnel. Il n'y reste pas longtemps car un de ses anciens coéquipiers se fait descendre par un groupe de militants à l'idéologie nébuleuse. Ce qui a tendance à lui mettre les nerfs à vif. Le sommet est atteint quand on lui colle dans les pattes un nouveau partenaire, l'inspecteur Moore, une femme... De courir après les terroristes qui demandent une rançon énorme pour ne pas atomiser la ville avec des armes lourdes qu'ils ont piquées ou d'observer à la lettre les règles de la bienséance et de l'égalité homme-femme, que sera le plus dur pour l'homme au 44 magnum ?

On le sait, quand il s'entoure d'une équipe, Clint l'utilise longtemps, la fidélité envers ses acteurs et techniciens surprend, on ne s'attend pas à ça venant d'une star intergalactique. Et pourtant dans ce troisième Harry on retrouve les cabochards Harry Guardino et John Mitchum, des "gueules" comme on les aime. Exit par contre le virtuose Lalo Schifrin et ses scores angoissants, Jerry Fielding prend la relève et habille d'un jazz cool cette balade échevelée dans Frisco. Par rapport aux deux premiers épisodes, celui-ci se distingue par une certaine absence de subtilité mais l'ironie reste de mise, un bon moment de cinéma seventies quand même. Clint fait sa petite fiesta bang-bang boom-boom à Alcatraz, île qu'il rejoindra trois ans plus tard pour s'en évader. A noter une des premières apparition sur l'écran d'un ustensile cher à la maréchaussée du gretit (grand mais vraiment petit) Nicolas: le Tazer.  

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Le Retour de l'inspecteur Harry de Clint Eastwood (avec Sondra Locke, Pat Hingle, Bradford Dillman...) 1983

Genre: polar rape & revenge

Scénar: Décidément les années passent et certaines habitudes restent: pas moyen de boire son café tranquille sans que les flingues ne se mettent à parler dans le quartier. En attendant Harry est désabusé: constamment harcelé par sa hiérarchie à cause de ses méthodes radicales, menacé d'être flingué par les tueurs de la pègre, voilà que l'on commence à retrouver des types morts avec, tendre attention, une balle tirée dans les noisettes. Ouille ?

Avec Clint devant et derrière la caméra, Lalo Schifrin revenu à la musique (dans un autre style certes mais toujours aussi énergique), cet épisode, peut-être le plus sombre de la série, n'en est pas moins exempt d'humour. Certains personnages, dont un méchant qui joue à Klaus Kinski sous acides, sont exquis même si Sondra Locke, qui signe avec ce film la fin de sa collaboration avec Clint en tant qu'actrice, est toujours un tantinet décalée, la faute à un regard vraiment déstabilisant et à un jeu très personnel. Le chien, pour sa part, a fait l'Actor's Studio, c'est un fait. Tout ça donne encore un bon polar nerveux qui se laisse regarder sans problème. 

La Dernière cible de Buddy Van Horn (avec Liam Neeson, Patricia Clarkson, Evan C. Kim...) 

Genre: polar eighties narquois

Scénar: après avoir fait coffrer un mafioso, Harry se retrouve à devoir fréquenter les médias, ce qui l'enchante comme on peut s'en douter. On lui colle aussi un nouveau coéquipier, asiatique de surcroît ; quand on sait comment ils finissent invariablement, y a de quoi préconiser le gilet pare-balles. Et dans le milieu de requins où ils se risquent à frayer - le show-business - il y a des chances que ça secoue.

Denier épisode de la série, avec les habituels Lalo Schifrin (qui livre une B. O. inquiétante et rythmée, presque digne de celle du premier opus), on trouve aussi le fabuleux Welcome to the jungle des GUNS'N'ROSES (avec comme interprète fictif un jeune Jim Carrey impayable), aussi présents, bien que furtivement, dans le casting. Le film livre une critique acide des médias et de l'exhibitionnisme des anonymes tout à fait valable encore aujourd'hui, préfigurant la télé-poubelle actuelle et ses dérives mais aussi la fatuité et l'avidité de la presse, le fanatisme du public. Encore une fois, un film loin d'être le polar évident que les superficiels voient en lui...

Une série mythique qui méritait un nouveau coup de projecteur, un super coffret aussi, avis aux amateurs ! Make my day, punk, dis-moi que tu ne fais pas partie des amateurs...!

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