Chroniques DVD
02
Avr
1999

Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note !

Genre: laisse pas traîner ta fille

Scénar: Ambiance Whitechapel 1888 dans le pays - imaginaire - d'Holffen : plusieurs femmes disparaissent. Elles sont en fait enlevées par un vilain bonhomme aveugle qui agit sur les ordres du docteur Orlof, ancien médecin de prison qui oeuvre à rafistoler à grands coups de greffes de peau le doux visage de sa fille défigurée des années plus tôt… Mais choper dans sa nasse la fiancée de l'inspecteur chargé de l'enquête est LE pas franchi vers les regrets éternels…

La bande originale, pour le moins étrange, menaçante, voire fascinante, jongle étonnamment entre jazz destroy et expérimental lugubre et l'influence visuelle de l'expressionnisme allemand (ce jeu d'ombres, la nuit…!) mais aussi de la Hammer et de l'Universal de Browning, s'en retrouve transcendée. L'intrigue, cousue de fil blanc, n'est presque qu'un prétexte à une ambiance semi-décadente à la austro-hongroise (malgré les chansons en espagnol…), pratiquement fin de siècle, et on se réjouit de - déjà - retrouver les ingrédients préférés du coquin ibère: du téton, du scalpel et du cri strident. Ainsi que quelques ingénieuses trouvailles aussi comme le guidage d'homme de main au moyen de coups de canne au sol. La fin des plus abrupte est une des plus vite expédiées de l'histoire du cinéma, comme si elle arrivait pile à l'heure fatidique de l'apéro. "Jess, envoie vite la fin, on sort le Pernod" !

Entre horreur gothique et film de streum à la Frankenstein, cet Horrible docteur est un bon moment pour qui connaît la carrière du petit Jesus, plutôt ponctuée de bas que de hauts mais qui ne laisse pas d'intriguer les cinéphiles tous-terrains. On aura juste du mal à saisir un "Interdit aux moins de 16 ans" qui ne vaut plus tripette aujourd'hui, rien de bien méchant là-dedans à une époque où tout a visuellement été mille fois dépassé en horreur.

Bonus: trente minutes d'interview avec l'extrêmement attachant Jess Franco édenté mais à la mémoire vive et à la voix qui rappelle parfois celle de Roger Carel. On apprend la genèse providentielle du film, d'un roman de gare au premier film "sérieux" de Franco. "Je crois que les idées sont dans l'air et des fois on les attrape". Avec du recul, celle d'Orlof valait la peine qu'on le fasse.

Repose en paix Jesus, si un vieux pirate comme toi est foutu de le faire. Le Z est en deuil, P. W. A. H. !! aussi... D'où un hommage appuyé et six films sur les deux prochaines semaines. On n'a pas fini de rigoler !

© GED Ω - 08/04 2013

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