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Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note ! |
Genre : ailleurs et pourtant si près…
Scénar : le métier de cireur de chaussures à la gare du Havre n'est pas aisé, un patibulaire bonhomme avec valise attachée au poignet se fait parfois descendre en grandes pompes (cirées, donc) mais ce petit boulot permet à Marcel de vivoter, surtout à crédit. Sa femme Arletty tombe malade, manquait plus que ça. Au même moment, un conteneur plein de clandestins africains est découvert par la maréchaussée. Un enfant, Idrissa, parvient à s’enfuir et se réfugie furtivement chez le cireur désemparé qui retrouve une seconde jeunesse dans un nouveau combat têtu contre l’injustice. On met la pression sur les flics mais rien à cirer, Marcel ne se découragera archi pas !
Tiens, voilà le genre de film qui donne envie de croire un peu en l'humain, une œuvre « irréaliste », d'après le chouette mot de son réalisateur, qui ne manquera pas de trouver un écho avec une actualité riche en saloperies. Et cet univers hors du temps niché entre Chaplin, Jacques Tati et Ken Loach met en scène un couple (Kati Outinen et André Wilms, le papa Le Quesnoy de La Vie est un long fleuve tranquille) extrêmement attachant, « aux prises » avec Jean-Pierre Darroussin, un commissaire très croque-mort dans sa Renault 16. Et v’là-t’y pas qu’on croise aussi de vrais copains (Michel Lacaille et Stéphane Livonnen !). On aperçoit aussi certains monuments havrais comme la sublime Notre-Dame mais aussi le petimmense Little Bob qu'on appelle à la rescousse, la bonne idée que voilà car le bougre se révèle bon acteur, il ressort même son perfecto rouge pour un passage « en concert » après une scène avec sa douce Mimie !
On aura compris que Le Hav’ est un des principaux personnages du film, intemporel mais toujours aussi génial, qu’on aime tellement ici 1, une ville qui picole et qui fume, où l’on parle dur et vrai, où on lutte et on rigole fort, on lit Kafka aux mourants mais on ne laisse pas quelqu'un dans le malheur, on est loin de l’aseptisé des villes du « progrès » symbolisé ici par le système de quadrillage policier, la voix impersonnelle de la SNCF, le portable du délateur et les images des glorieuses années Sarkozy avec sa charge de la « jungle » de Calais. On préfère évidemment ce beau bus Saviem, tu te rappelles, comme celui des ramassages scolaires dans le temps, et tout ce bric-à-brac qui ressemble à une des multiples collections magiques de chez M’sieur Lacaille…
Bonus : « acteurs, acteurs » (interview de Wilms et Darroussin, 21’), journal de Cannes, les essais de Blondin Miguel, deux clips de Bob (Libero et Sheila’n’Willy) et des bandes annonces des films de Kaurismaki.
1 : souvenir, amitiés à ceux qui savent :
Je vis une idylle,
Avec ta ville,
Lucky...
C'est de Saint-Joseph la bétonnée
Que l'encre coule, inspirée.
Symphonie si familière
Des câbles et des mâts de fer
Qui s'entrechoquent en riant,
Poussés au vice par le vent.
Pourtant costaud je virevolte
De front de mer en ville haute
Les passants vibrent avec la mer
Un gong résonne, note de fer !
Saint-Joseph la sépulcrale
Ouvre ses bras de rouille, râle
Qu'il faille déjà en repartir
Sans formuler de repentir.
Je vis une idylle,
Avec ta ville,
Lucky...
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