Chroniques DVD
06
Déc
2010

Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note !

Genre : non mais giallo quoi !

Scénar : Gros plan sur un œil écarquillé, limite orange-mécaniquesque, la superbe Angela a rêvé que sa troublante et sulfureuse voisine, visiblement portée sur la chose à plusieurs et l’occultisme, a été salement assassinée. La réalité frappe fort quand elle la découvre morte, elle pète au passage une boule de cristal et part avec les fragments qui permettent, quand on regarde au travers, de voir l'avenir. Les témoignages divers n'aidant pas vraiment les flics, ceux-ci s'intéressent alors à la peu causante Angela. Mais voilà que plus tard son pote psychiatre émet l'idée que le tueur à pu la voir sur les lieux. Euh, dites… Ça craint là non ?!

Si François Gaillard 1 et Christophe Robin ont bâti avec Blackaria une œuvre clairement influencée par les maîtres italiens du genre (et par Minuit l’heure des sorcières, souvenirs bénis de la jeunesse !) c’est sans pour autant donner dans la resucée, le duo invente aussi un univers propre avec une texture à lui, et la chouette musique sensuelle et inquiétante de DOUBLE DRAGON y fait beaucoup aussi, voici enfin une vraie partition distillée sur tout le film qui n’invente certes pas forcément non plus mais dénote pourtant d’un très bon sens de la composition liée à l'image, convoquant dans un spectre électrorganique des phrasés goblinesques (pour ses perchages infantilo-psychotiques) et carpenterriens (pour son minimalisme de l’étrange), avec, pour faire taper des arpions, un groove à la Kavinsky et un poil de mélancolie musclée comme au bon vieux temps de la new wave. Ce travail très expressif prend une importance cruciale lors de nombre de scènes sans parole.

Question image, malgré l’aveu d’un film « tourné avec les moyens du bord » dans la courte présentation par les réalisateurs, on prend quand même une petite claque. Car la caméra gourmande de chair féminine, il est vrai particulièrement bien choisie avec un casting des plus ravissant, donne aussi à voir des effets fort sanglants très bien foutus dont la lacération d'une mirette franchement réussie qui oblige à penser au grandissimo Lucio Fulci avec qui les auteurs partagent parfois l’obsession de l’œil et de la chair morte (voir Le Venin de la peur). Les jeux de miroirs, de séduction, les éclairages multicolores comme chez Roger Corman en plus vif, cette femme au manteau rouge vraiment angoissante grâce à un super boulot de maquillage, tout ça n’empêche pas une bonne dose d’humour voire d’autodérision : la coiffure des flicaillonss un peu hirsutes pour être honnête, le commissaire à chapeau, imper et sucette à la Kojak version Peter Sellers, des accessoires rigolos comme le matériel « hospitalier », les lunettes total Seventies qui auraient très bien pu être portées par une Mme Wardh ou les billets en francs pour accentuer le côté rétro déclenchent le sourire dans un climat pourtant flippant ici et là, et pas seulement à cause des horribles bâtiments de La Grande Motte !

Techniquement très convaincant, Blackaria est un très, très bon film, d'exploitation certes, mais très arty aussi, presque lynchien (comme si à un moment Mario Bava, Sergio Martino et Dario Argento avaient partagé un trip), doublé d’un travail de passionnés qui, question intitulé, ne pouvait qu’émoustiller ici, François Gaillard et sa bande semblant à tout prix bourrer leurs (titres de) films de références hard and punk (ayons ici une pensée émue pour les dieux ALICE COOPER, TWISTER SISTER, SAMHAIN, DANZIG que nous révérons tous ici à Nawakulture…).

Bonus : l’éditeur a bien fait les choses, il y a de quoi se mettre sous la dent avec un extrait de Last caress (2010, par les mêmes réalisateurs), des interviews des réalisateurs, actrices et compositeur de la bande originale (dont on trouve le disque livré avec ce DVD, inclus le tube Dragon fly), une scène de la première version du film (déjà très réussie), des bandes-annonces ainsi que 19’ d’extraits du film mort-né Welcome to my nightmare (dommage !) ainsi que deux courts-métrages supplémentaires :

- All Murder, All Guts, All Fun de François Gaillard (2010, 28’) : elle a pris une cuitasse et ne se souvient de rien de sa soirée. Pourtant il va falloir qu'elle le fasse très rapidement car « Où est-il ?! » hurle soudain la voix derrière la porte, elle a visiblement subtilisé un objet d'une grande valeur la nuit précédente, tempus fugit et la mémoire tarde à revenir… Nanti d’une photographie splendide et d’un casting féminin toujours délicieux, multipliant les références au cinéma et la musique dans les dialogues, All Murder… rappellerait presque La Lame infernale avec une touche chalumesque à la Fulci 2 et des clins d’œil aux Guerriers de la nuit ou à Death Race 2000, encore un film hyper bien foutu avec des effets très réussis et une musique terrible.

- Under the blade de David Scherer (2010) : le Peyrou désert est toujours bien cool à photographier ma jolie, mais tout n'est pas idyllique dans le décor car ce jour-là, surprendre le tueur en pleine boucherie était assurément une erreur… Un très court qui compile également - et très joliment - les angoisses et obsessions du giallo.

1 voir I am the ripper de François Gaillard (avec Nicolas Tary, Nicolas Verdoux…) 2004

2 voir La Guerre des gangs mais tu peux aussi en savoir plus sur Le Temps du massacre, Perversion story, Béatrice Cenci, Croc blanc, Le Retour de Croc blanc, Les Quatre de l'Apocalypse, L'Emmurée vivante, Selle d'argent, L'Enfer des zombies, Frayeurs et Le Chat noir. Non mais !

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