Chroniques DVD
20
Mai
1999

Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note !

Genre : satire historique

Scénar : le drapeau impérial allemand flotte au dessus du Cameroun et on apprend la discipline aux autochtones qui s'engagent dans l'armée. De l'autre côté de la colline c'est le drapeau français qui trône, mais aussi la belote et un laisser-aller plutôt flagrant parfumé au Pernod. Jusqu’au jour où dans un colis qui lui est destiné, le géographe socialisant Hubert Fresnoy, portant un regard désabusé sur une Afrique Équatoriale Française où l’ennui règne contrairement à ce que colportent les romans d'aventure d’opérette, apprend que Jaurès a été assassiné et que la guerre a éclaté en Europe…six mois plus tôt. Autant dire que la zizanie entre les colons européens va éclater car les va-t'en guerre se montent direct le bourrichon, à la grande colère du pacifiste Fresnoy. « La mobilisation générale est décrétée » : les blancs ramassent les noirs autour d'eux et les contraignent à s'engager d’autant plus facilement qu'aucun ou presque ne parle français… Mais ce qui s'apparente au début à une excursion de notables imbéciles vers la gloire se mue rapidement en carnage quand les allemands usent de leur mitrailleuse en face.

La victoire en chantant
Nous ouvre la barrière.
La Liberté guide nos pas.

Tu parles !

Tourné en Côte d'Ivoire et déjà mis en musique par Pierre Bachelet (il réitèrera pour le second et excellent Annaud, Coup de tête, avec Patrick Dewaere), le premier film de Jean-Jacques Annaud se veut certes espiègle et drôle, mais quand on lit entre les lignes, il est facile de pointer les cibles plus cruciales que celle de vouloir simplement faire rire : La Victoire en chantant tire en effet à gros boulets rouges sur la guerre, le colonialisme, la veulerie, l’évangélisation forcée (pas très catholique avec ces salopards de missionnaires qui échangent les idoles locales en vigueur contre leurs satanés sacrés-cœurs ou des crucifix et brûlent ensuite leur butin…sauf bien sûr quand il peut être vendable), les profiteurs, l’hypocrisie ou l’ignorance en transformant ce drame historique en comédie satirique. À part un qui semble récupérable, tous les personnages concourent en ce sens pour qui sera le plus agaçant, le plus égoïste ou le plus bête d'entre tous.

Et tous les talentueux acteurs choisis font leur - savoureux - numéro habituel : Dora Doll, Jean Carmet (le soldat improvisé mais incapable), Jacques Dufilho (le profiteur à la voix aiguë), Jacques Spiesser (un acteur souvent admirable, par exemple en géographe humaniste et ambigu) et Maurice Barrier (le gueulard qu’on aime entendre gueuler) en tête. Le décor somptueux de l’Afrique est filmé avec tendresse, de beaux animaux pas si typiques servent aussi de pointillés entre certaines scènes mais ne font pas oublier ces porcelets racistes qui se font trimbaler comme comme des pachas par des africains si éloignés de l’espèce humaine d’après eux qu’on peut leur attribuer un prénom au pif sur le calendrier quand il faut les immatriculer dans une armée aussi grotesque que ses donneurs d’ordres. Le film récoltera l’Oscar 1977 du meilleur film en langue étrangère pour la Côte-d'Ivoire mais ne marquera pas les mémoires, et c’est bien dommage.

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