Chroniques BD
15
Jan
1999

Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note !

Drôle de couverture avec ce gros cercle central

mais ce beau navire promet encore une belle aventure sur la mer où L'Étoile mystérieuse avait déjà conduit nos héros. Cette histoire commence par une trouvaille de Tintin aux puces, celle d'une maquette de bateau qui attire bien des convoitises mais déclenche aussi une véritable hystérie chez le capitaine Haddock à qui il veut l'offrir : la maquette ressemble comme deux gouttes d'eau au bateau d'un ancêtre du capitaine, François de Hadoque. Après quelques péripéties on apprend que celui-ci a planqué son trésor et que personne n'a jamais mis la main dessus, les deux amis partiront à sa recherche.

Un malin fil rouge cleptomane permet aux Dupondt d'offrir un hilarant festival de gaffes, Nestor le majordome fait sa première apparition en même temps que le château de Moulinsart, Hergé mixe l'enquête policière, le roman maritime (la partie du récit d’Haddock est juste géniale !) et l'aventure pure et pleine de rythme en offrant à Tintin des adversaires de taille : les frangins Loiseau dont nous imaginâmes pour le fanzine Maudit Tintin une sorte de biographie imaginaire à retrouver ci-après. Le Secret de la Licorne est la première partie hyper réussie d'un diptyque qui se termine avec Le Trésor de Rackham le Rouge, à suivre !

62 pages en couleurs
ISBN : 9782203001879

P. S. : on est hyper grave fan de Tintin ici, clique donc sur le mot-clé correspondant, t'auras de quoi lire !

BONUS

Le p’tit Loiseau y va sortir…

[Publié à l’origine dans Maudit Tintin N°6]

    Brocanteurs un jour, magouilleurs toujours, et les années précédentes avaient été assez profitables pour de savants opportunistes comme nous, le frangin et moi on entassait des trucs par milliers depuis des années : des objets, des demeures, des lignes - désormais effacées, on ne touche pas à un Résistant pas vrai ? - sur nos casiers judiciaires… Mais quoi qu'il arrive, on avait toujours été assez malins pour ne jamais perdre un rond ni pour dire à qui que ce soit, nombreuses conquêtes comprises, où on planquait le magot considérable que l'on constituait depuis des décades en vue de se tailler de la platitude ambiante pour des bords de flots bleus cajoleurs et une température appréciable pour deux éternels frileux. Un bateau pour le soleil, mon con, un bateau, et tout serait enfin oublié.

    Mais voilà, sur une saleté de marché aux puces où nous avions nos habitudes de farfouille le dimanche, Maxime avait découvert, en même temps qu'une jolie maquette de navire ancienne, une juteuse histoire de trésor de pirate, deux autres maquettes de la fameuse Licorne contenant elles aussi un petit parchemin nous mèneraient soi-disant à un inestimable coffret de joncaille. Soit, youpi. « Car c'est de la lumière que viendra la lumière »… En y repensant, on devrait toujours se méfier des phrases à mystères. Pour nous l’équation avait toujours été la plus simple : un objet précieux = de l’oseille pour nos vieux jours. Néanmoins, on n'avait rien à perdre à se mettre en chasse, on n’a jamais trop de blé pour se faire plaisir, tu m’suis ?    

    Mais il avait fallu qu’un petit morveux sorti de nulle part vienne planter la zone, accompagné qu’il était d’un gaillard gueulard (je t’en foutrais moi, « des bandits, des écornifleurs, des sapajous » !) qui se trouvait être en plus le descendant direct d’un des protagonistes de l’histoire du féroce flibustier Rackham le Rouge. Même s’il faut reconnaître que ceux-là avaient été plus prompts que nous à déchiffrer le merdier, on était quand même les premiers sur le coup, et depuis des lustres si j’peux faire maître ! Y a pas de justice ! Enfin si, celle qui vint, au bout d’un chouette rififi, nous coller gentiment les bracelets aux poignets. Et sur le seuil de notre propre château encore !

    J’avais fini par l’aimer ce p’tit con, mais voilà, Maxime n’avait pas pu supporter l’idée de la geôle qui l'attendait, petit déjà il détestait que je m’amuse à l’enfermer dans le placard de la cave pour lui montrer qui était le chef, il en chialait des litres jusqu’à ce que je me décide enfin à virer d’un coup de savate la chaise de sous la poignée de la porte qu'il brutalisait comme un marteau. Sur le chemin de la prison où l’on nous accueillerait bientôt à bras ouverts, il avait réussi à coller une sacrée mandale sur le coin de la gueule du garde malgré les menottes et s’était jeté hors du camion juste à temps pour recevoir dans le ciboulot un pruneau tout chaud de la maréchaussée.  

    Depuis, l’image de mon petit frère s’écrasant parterre, ses yeux forcément emplis de larmes à l’idée d’être enfermé seul pour des années dans trois mètres carrés de grisaille froide, tout ça ne quittait plus mon esprit, pas une seconde, c'est sûrement ça qu'on appelle ruminer. Mais ce que les mauviettes appellent le cœur sans imaginer la sale gueule de ce satané bout de viande avait fondu, disparu. Instantanément. Pour toujours. Quelque part, j’étais mort à l’intérieur, maintenant depuis un paquet de piges. Mais aujourd’hui, « Il est revenu à lui, le mort »… Remise de peine que ça s’appelle… T'aurais dû quitter la rue du Labrador mon pote, car il va t’en coûter cher, maudit Tintin !

Guillaume « Ged » Dumazer

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