Documentaire
04
Avr
1999

Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note !

Dans une chambre de la baraque où claque Verlaine vingt-cinq ans plus tôt, Hemingway écrit le livre dans lequel naît le concept de « génération perdue » :

« Vous ne respectez rien, vous vous tuez à boire » dit-on de cette génération marquée par la guerre qui finit juste trois ans avant, les gueules cassées sont d'ailleurs évoquées dans cette saisissante description du Paris interlope des bas-fonds.

Ecrire, discipline sévère et utile, est un art ici décrit avec ses codes, ses rituels et ses incidences sur la vie de celui qui vit pour. « Depuis que j'avais commencé à démanteler mon style antérieur et à fuir toute facilité et à essayer de faire agir mes personnages au lieu de les décrire » écrit l'auteur qui ne cesse les remises en question, son travail permanent dans les cafés, sur la route, auprès des gens, en compagnie d'une sorte de gotha des cafés dont nombre d'artistes : HuxleyD. H. LawrenceSimenonPicassoCrowleyCézannePoundCendrars (qu'il traite de menteur) mais aussi les grandes mécènes Gertrude Stein et Sylvia Beach. La faim impose aussi sa discipline, on apprend même que l'on n'est pas le seul à choisir des itinéraires pour éviter les tentations culinaires. C'est dur à Paris où tout semble délicieux à l'insatiable jouisseur Hemingway. Il énumère ses techniques pour économiser dans une ville où, contrairement à aujourd'hui, on vit sans se ruiner : « Paris valait toujours la peine, et vous receviez toujours quelque chose en retour de ce que vous lui donniez. Mais tel était le Paris de notre jeunesse, au temps où nous étions très pauvres et très heureux ». Rien à voir avec les riches « qui savent donner à chaque jour un air de fête mais qui, après leur passage, lorsque qu'ils ont prélevé l'aliment dont ils avaient besoin, laissent toute chose plus morte que la racine de n'importe quelle herbe qu'aient jamais foulé les sabots des chevaux d'Attila »...

Si on peut lire une claire description de la quasi misère de l'écrivain qui rappelle celle que fait Fante plus tard dans ses œuvres, Hemingway explique pourtant : « nous mangions bien, nous buvions bien et pour pas cher, et nous dormions bien, et au chaud, ensemble, et nous nous aimions ». Comme Bukowski encore plus tard, Hemingway évoque la passion des champs de courses : « cette amie qui était la plus fourbe, la plus belle, la plus troublante, la plus vicieuse et la plus exigeante parce qu'elle pouvait nous être profitable ». On lit déjà le dopage des chevaux. Viendront ensuite les courses de vélo. 

Plus de longues pensées et instantanés que de véritables nouvelles, ces textes frais et délicats enchantent encore presque cent ans après leur création dans la Ville-Lumière: « on finira par me comprendre de même qu'on a toujours fini par comprendre les peintres. Il n'y faut que du temps, et cela exige seulement de la confiance ». Les nuages s'amoncellent pourtant et augurent de la suite chaotique de l'existence de « Hem' »... La « Mortelle solitude qui survient à la fin de chaque journée gâchée » guette déjà l'homme...

216 pages

© GED Ω - 21/01 2015

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