Documentaire
07
Mar
2002

Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note !

Emilio Lussu est un véritable héros de la première guerre mondiale, mais aussi un farouche opposant aux fascistes qui le mettent en prison d’où il s'évadera pour gagner la France.

C’est là qu’il publiera en 1933 cet ouvrage essentiel qui revient sur une période dont les archives ont opportunément disparu avec la famille de Savoie, Victor-Emmanuel III ayant mis la main dessus avant l'exil. A la toute fin de la première guerre mondiale, quand « les combattants mouraient de faim, tandis que les entrepreneurs de la guerre roulaient sur les millions », sans compter que les 14 points de Wilson ne seront pas tenus (adieu Dalmatie promise à l'Italie), Mussolini soutient dans un premier temps les paysans quand ceux-ci réclament leur dû : des terres, promises par le gouvernement pendant le conflit.

Mais la peur soudaine des bolcheviks (sur lesquels courent de folles rumeurs) et l'effervescence chez les Arditis attisent les braises de la colère politique. Mussolini, transfuge du socialisme vers le nationalisme, souffle bien sûr dessus et son jeune « fascisme » monte rapidement, notamment avec l'aide de ceux qui comptent s'en servir (ils seront très vite balayés ensuite, Giolitti en tête). Pour « remettre l'ordre » dans une Italie menée par des politiques au pouvoir faibles ou optimistes au point de ne rien voir venir, il recourt régulièrement à l'assassinat dans une atmosphère explosive favorable au coup d’État. Devant des fascistes déterminés, le roi choisit de ne pas intervenir et laisse le champ libre à leur penchant pour la violence politique via, fin octobre 1922, la fameuse « marche » (qui n’en a en fait que le nom) que, chez les démocrates, personne ou presque n'envisage sérieusement de stopper.

Outre l'Italie de Rome, Lussu revient souvent sur la situation de sa Sardaigne natale et ne manque pas d'user d'ironie dans la biographie des « héros » fascistes qui se révèlent souvent au début de piètres meneurs et de vrais soudards, parfois bien malmenés par une foule pas (encore) acquise à leur cause. Mais quand l'appareil d'État est noyauté, les exactions antidémocratiques se multiplient et sont couvertes par l'autorité centrale qui ne pipe mot à propos des provocations et incidents qui occasionnent souvent des morts et de nombreux blessés. N'oublions pas que la population, malgré les poitrines gonflées comme celles de coqs des chemises noires, refuse souvent une conversion forcée. Au passage et une fois de plus, on a tort de trop souvent oublier les résistants italiens (comme les allemands d’ailleurs) qui se manifestent dès le début mais seront broyés ou contraints à l’exil devant les innombrables retournements de veste que l'on constatera aussi en Allemagne (et plus tard en France).

Pour se justifier d’une lâcheté, un des amis de Lussu prononce un jour une phrase éclairante sur l'esprit de l'époque : « la vérité est que, sans nous en apercevoir, nous commençons à prendre une psychologie d'esclave ». Heureusement, ce ne sera pas le cas de tous ! Un témoignage d'époque, certes engagé, qui change un peu des relectures, engagées dans l'autre sens, auxquelles nous avons parfois droit en cette époque troublée / troublante de l'oubli pratique. 

251 pages, 19,70 €
ISBN : 2866454294

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