Chroniques romans
15
Jan
1999

Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note !

Le grand philosophe avant-gardiste Jean-Claude Van Damme l'avait pourtant un jour bien dit,

et ses mots resteront gravés dans le marbre de l'histoire: « si tu enlèves l'air, les oiseaux tombent et les avions aussi » ! Bon sauf qu'ici avec Ravage, c'est l'électricité qu'on enlève, ainsi que les propriétés des métaux qui se désagrègent à l'utilisation. Bondiou, imaginez donc quelle pagaille se déclenche dans le beau pays de France, tout cesse de fonctionner, les bâtiments subissent une averse d'aéronefs soudainement désactivés, la distribution de flotte est coupée, sans parler de la télévision ?!! Dur de survivre dans ces cas-là n'est-il pas ? Toute une vie sans Intervilles et le grille-pain, l'horreur absolue en 300 pages. A ne pas laisser entre toutes les pattes, Ravage met en scène le bon François, fils de paysans et leader né, fort et fier, qui quand le monde commence à tourner à l'envers, décide de récupérer sa dulcinée qui vient d'être repérée par la très vilaine industrie du spectacle, et la ramener avec lui dans son village natal pour survivre loin de la ville où sévissent pillages, massacres et choléra presque immédiatement.


Pouvait-on réellement échapper, rappelons-le nous sommes en 1942 sous la France occupée (cette première édition date de 1943), à une œuvre post-apocalyptique où l'homme fort, pétri de devoir et de discipline, est glorifié au détriment du méchant progrès scientifique ? Les femmes souvent reléguées à des machines (un comble !) à pondre un peu nunuches ne sont pas spécialement gâtées non plus dans ce texte. Bon attention, c'est une autre époque, une autre façon de voir les choses (lire Orwell entre autres) et une période où, pour simplifier, soit l'artiste prenait le maquis soit comme Barjavel il continuait à écrire quitte à se compromettre un minimum dans la presse de collaboration, Je suis partout pour ne pas le nommer à la fin des années 30 et au-delà...

Mais Barjavel s'éloignera vite de ces eaux nauséabondes. Refaire le procès des artistes français sous l'Etat de Vichy a déjà été fait des centaines de fois, Fabrice d'AlmeidaRobert Paxton sont à lire d'urgence en cas d'appétit soudain pour des informations sur le sujet. Par contre quand je pense que j'ai étudié ce livre au collège, serait-ce encore possible aujourd'hui, vingt ans après ? J'ai comme des doutes.

Si cet aspect un rien réac' de l'oeuvre agacera souvent, ainsi que le ton paternaliste là encore inhérent à l'époque, quelle oeuvre formidable que ce Ravage pour deux autres choses. D'abord Barjavel, à trente balais à peine, se révèle être un Jules Verne potentiel, visionnaire surprenant en ce qui concerne les progrès techniques et même moraux qu'il entrevoit pour la fameuse année 2052. En effet, il parle déjà par exemple de la visiophonie, des organismes génétiquement modifiés et de la malbouffe, du carburant des véhicules à base d'eau, de la télé-poubelle...! Sans en donner les noms actuels, tous ces sujets sont évoqués de manière claire et non sans humour. Et puis force est de reconnaître pour finir que Barjavel est un extraordinaire conteur de l'horreur totale, le Diable sait que Ravage porte bien son nom, que celui qui n'a jamais jamais mangé un cheval cru me jette la première pierre !  On évitera, messieurs-dames, de glisser l'ouvrage dans les chaussettes noëliennes des personnes à l'estomac fragile, les descriptions d'étripatouillages ne réjouissant que les vilains pas beaux, c'est bien connu.


293 pages

 

© GED Ω - 09/12 2010

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