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11
Avr
2016

[Publié à l’origine dans Abus Dangereux N° 139]

Conquérants des cieux rouges

MARS RED SKY n’en finit plus de s’envoler vers les cimes du succès, l’apex vient même de livrer un troisième album où la puissance aventureuse partage le pouvoir avec une sérénité rare.

[La Terre et ses tiroirs]

On est parvenu à stopper un instant le vaisseau de saphir en rade de Montpellier pour poser quelques questions à un équipage qui se révéla gentil et franc, quitte à froisser ensemble l’étiquette stoner. Car enfin, on est toujours agacé par ce terme qui ne veut pas dire grand chose, même si l’alchimie MARS RED SKY correspond peut-être parfaitement à la définition que l’on s’en fait, rapport à sa dualité puissance / « planance ». Il semblerait même qu’à la base les membres n’étaient pas vraiment branchés à ce style malgré un nom de groupe tiré de paroles de Sleep

Julien : le stoner est une façon de définir certains groupes histoire de s’y retrouver des fois, moi non plus je ne pense pas qu’il soit toujours approprié mais il y a chez nous des éléments communs, comme notre travail autour du son, avec des groupes de ce courant qu’on nous a fait écouter à un moment comme Nebula, Fu Manchu, des trucs comme ça…

Jimmy : je suis assez d’accord avec toi à propos du terme galvaudé qui comprenait aussi des choses dans lesquelles on ne se reconnaissait pas, avec des chants gueulés etc, mais ce n’est peut-être pas pour rien qu’au début les gens nous ont parlé de Kyuss alors que nous ne connaissions pas encore le groupe. Ceci dit, quand ça a été le cas, on n’a pas vraiment trouvé ce qu’il y avait à voir avec notre musique mais l’étiquette a aidé les gens à se rappeler du groupe. Il y a clairement un phénomène de mode maintenant, un gros revival avec une scène très prolifique, même dans le sens négatif (lire commercial). Les festivals qu’on a faits en Allemagne où le tout le monde venait en famille m’ont fait penser à ce qui se passait avec le reggae en France dans les années 90, ou plus tard le drum’n’bass. Et comme à chaque fois que quelque chose marche, des gens s’engouffrent et forcément à un moment il y a un tri à faire.

[Vous partez ou vous revenez ?!]

Quand des potes me disent « on rentre de tournée » après quatre jours et que je vois le nombre de dates sur une de vos affiches, j’hallucine un poil, ne supportez-vous donc pas de rester en place ? Par ailleurs la processus de composition est-il lié à la route, en bœufant, ou l’effectuez-vous en off ??

Julien : on se nourrit souvent de la vie du groupe en fait et donc oui, il y a des choses qui ont été composées en tournée, des trucs qui sont venus pendant les balances et puis c’est aussi évoqué dans la thématique de certains morceaux vu qu’on passe beaucoup de temps ensemble.

Jimmy : au début on avait une grosse envie de bouger, de voyager, on avait une motivation très forte pour ça, on a enregistré deux disques loin de chez nous mais depuis deux ans la tendance s’est un peu inversée, justement parce qu’on a beaucoup tourné, on est très contents de rentrer chez nous, c’est aussi pour ça qu’on a fait le troisième album à Bordeaux, on a même fait venir le brésilien qui avait enregistré l’album précédent…

Hey oh t’es en train de bousiller mes questions là, j’allais évoquer les évènements étranges lors de la conception des précédents, et rien cette fois-ci, qui expliquerait peut-être la sérénité de cet Apex. Pas déçus ?

Julien : non, c’était super comme ça. On se demandait d’ailleurs à quel moment il allait y avoir une tuile. C’est amusant que tu ressentes de la sérénité dans cet album, c’est chouette. En effet on a pris le temps, on s’est posés à différents endroits pour répéter, affiner, et après pour l’enregistrer ça a été une affaire de dix-douze jours.

Jimmy : on est partis autour des batteries de Mat qui sont vraiment les fondations, qui étaient super en place car il savait quasi exactement ce qu’il voulait faire, il tire un peu le groupe vers le metal, ce qui est super et je me fais beaucoup plaisir de jouer ce genre de morceaux avec lui. Ecoute donc Mindreader qui a été enregistré au clic alors qu’il pensait sûrement qu’on ne voudrait pas le faire, c’est le morceau où il y a le plus de variations de tempo ! On n’avait jamais travaillé de cette manière, même si on avait déjà une idée des étages de distorsion, d’où on allait les mettre etc. Puis on est allés à la redécouverte des morceaux pour le live et on s’est aperçus qu’on avait bien bossé en amont.

[Atterrissage]

Je vous charrie en disant que vous perchez dans votre vaisseau de saphir mais avez-vous néanmoins un intérêt pour les choses terrestres ? Avant de partir, je voyais à la télé des gens jeter des pavés sur les policiers dans les rues de France, est-ce que le climat, la situation, inspirent un tant soit peu vos compositions ?

Jimmy : oui, bien sûr ça a une influence mais le fait est que ça ne transpire pas plus que ça dans nos compositions On est concernés, révoltés des fois, on voit ce qu’il se passe autour de nous mais on sait aussi qu’on n’aura aucune influence dessus, la musique peut-être vue comme un échappatoire, un message de liberté.

Julien : on a tous besoin à un moment de fermer les yeux et de souffler. Mais il y a quelques chansons qui ont différents degrés de lecture et dans lesquelles on peut trouver des éléments.

Pour finir, si le groupe était un disque :

- forcément le dernier puisqu’il correspond vraiment à là où en est le groupe aujourd’hui, une certaine évolution tout en conservant une bonne partie des racines.

un livre :

- c’est évident pour celui-là car une partie du titre de l’album est extraite de celui d’un livre qu’a lu Julien, The Burning soul.

un film :

- - forcément un film d’anticipation à la Brazil, ou un road-movie.

Dernier album en date : Apex III (Praise for the Burning Soul), disponible chez Listenable Records, voir MARS RED SKY [Fra] Apex III (Praise for the burning soul) (Listenable Recs) 2016 et puis si t'as deux minutes de plus : STONED JESUS [Ukr] + MARS RED SKY [Fra] à Montpellier, The Black Sheep le 09/04/16.

http://www.marsredsky.net/

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