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21
Aoû
2017

TITAN est de retour !

Après une séparation qui a duré quasiment trente ans, qu’est-ce qui a motivé ce retour-surprise ? Les fans vous harcelaient-ils pour que TITAN revienne ou les Pyrénéens vous ont-ils saoulés au point d’obtenir cette date d’exception ? D’ailleurs, sera-t-elle la seule ? Les membres prévus pour le festival sont issus de plusieurs line-up du groupe, pouvez-vous rappeler qui est qui et qui fera quoi ?

Patrice Le Calvez : Le but, au départ, n’était pas de remonter TITAN. Il y a un peu plus d’un an, nous avons monté un groupe tribute d’ACCEPT, nommé BREAKER, histoire de se retrouver entre potes et de se faire plaisir. C’est lors de notre premier concert avec BREAKER que les Pyrenean Warriors sont venus nous solliciter pour participer au PWOA 2017 avec TITAN. Après réflexion et une ou deux répétitions pour voir si nous étions capables de rejouer TITAN, nous avons décidé d’accepter l’invitation. C’est dans ces conditions que ce retour s’est fait. Depuis l’annonce de notre venue au PWOA 2017, nous avons reçu plusieurs sollicitations pour jouer dans d’autres festivals mais nous attendons de voir comment ça va se passer à Torreilles et quel sera l’accueil du public pour décider s’il y aura une suite ou pas.

Pour ce qui est du line-up, ce sera le line-up de BREAKER, avec Iñaki Plaa à la batterie, Pascal Chauderon à la basse, Patrice Tetevuide et Sébastien Blanc aux guitares et Patrice Le Calvez au chant. Ces trois derniers ayant fait partie de TITAN et figurant sur le dernier album du groupe, l’album live Popeye Le Road.

Si nous parlions un peu du passé ? Après le départ du noyau dur des KILLERS de Bruno Dolheguy qui continuera seul l’aventure, qui a choisi le nom du groupe suivant et pourquoi ? Avec celui-ci et l’imagerie fort classique utilisée pour l’album éponyme de 1986 chez Sydney Records, certains n’ont-ils pas été surpris par le contenu très critique des paroles qui n’hésitaient pas à aborder la politique, les problèmes sociaux, des sujets assez éloignés du metal traditionnel souvent féru de donjons et autres dragons même si KILLERS a aussi fait dans ce registre corrosif ?

Petite précision, ce n’est pas Bruno Dolheguy qui est parti du groupe KILLERS, lors de la séparation, mais l’inverse. Nous étions quatre à avoir décidé de continuer l’aventure sans Bruno mais après notre départ du groupe, nous avons appris qu’il avait déposé le nom KILLERS, à l’INPI, comme étant sa propriété. Il nous fallait donc continuer sous un autre nom ! Le choix de TITAN comme nom de groupe a été une décision collégiale, prise par tous les membres du groupe et Jean-Paul Godest, notre manager et producteur de l’époque chez Sydney Productions. En ce qui concerne les textes, c’est vrai qu’ils étaient plus engagés que dans KILLERS. Nous avons toujours pensé que notre musique était un moyen de faire passer certains messages. Les textes sont donc le reflet de l’actualité de l’époque, même si certains d’entre eux sont toujours d’actualité, malheureusement, comme Enfant de la guerre, par exemple.

D’où est venue l’idée d’enregistrer le prématuré live Popeye le Road (1988) - ce fameux Popeye a-t-il vraiment existé au fait ? - qui s’avèrera aussi le dernier disque du groupe ? Les conditions d’enregistrement peut-être ? Ou simplement l’envie d’enfoncer le clou en attendant une éventuelle suite ? D’ailleurs rien d’autre n’a-t-il été enregistré par TITAN en dehors de ces deux vinyles ?

Nous avions continué à composer de nouveaux titres, en prévision d’un deuxième album studio mais ces titres n’étaient pas complètement prêts et d’autre part notre maison de disque, Sydney Productions, avait la possibilité d’enregistrer deux albums live sur une même journée, avec de gros moyens techniques : le camion Voyageur (studio d’enregistrement mobile), la référence à l’époque, et Monsieur Laurent Thibault aux manettes, autre grande référence dans le milieu. C’est donc en décembre 1987, à La Mutualité, à Paris, lors d’un concert organisé par Sydney Productions que les enregistrements des albums live d’ADX et de TITAN se sont déroulés. Les deux albums sont ensuite sortis à la vente en 1988.

Pour TITAN, ce sera le dernier album commercialisé et aucun autre titre n’a été enregistré ou distribué par la suite. En ce qui concerne Popeye, le road, bien sûr qu’il a existé ! Nous avions même cinq Popeye (roadies) avec nous lors de chacun de nos déplacements…

Beaucoup ont ramé pour trouver ces disques depuis longtemps épuisés et paf, voilà que des grecs, No Remorse Records pour ne pas les nommer, rééditent en 2015 à (seulement) 500 copies l’album éponyme agrémenté des cinq titres de TITAN du live 1. N’était-il pas possible d’inclure les cinq de KILLERS ? Peut-être était-ce un arrangement avec ces derniers, ou un désir de ne pas tout mélanger ? Que pensez-vous de cette réédition, du soin apporté à l’objet ?

Nous avions reçu plusieurs demandes de réédition de TITAN, ces dernières années, mais étant donné que le groupe n’existait plus et qu’il n’y avait pas de projet de reformation, la maison de disques et nous-mêmes ne pensions pas qu’il y avait un intérêt à rééditer TITAN. La réédition de 2015 s’est faite grâce à Christophe Bailet, intervenu auprès de Jean-Paul Godest (Sydney Productions) et de nous-mêmes. Il a réussi à nous convaincre et nous avons tous fini par accepter. Ensuite, c’est Christophe Bailet qui a servi d’intermédiaire avec le label grec No Remorse. Le fait que les morceaux de KILLERS ne figurent pas sur la réédition de TITAN a été une décision collective, prise à l’unanimité, pour éviter de causer la moindre gêne ou de créer la moindre polémique avec Bruno Dolheguy et KILLERS. Cette réédition a été soignée tant dans sa conception que dans sa finition et a plutôt été bien accueillie par les fans qui attendaient ça depuis longtemps.

Bien sûr, vous devez vous attendre à la question, si le concert de septembre est un succès total, l’envie de revenir de façon plus durable sur le devant de la scène poindra-t-elle ? Peut-être est-elle déjà là ? Le fait de répéter n’a-t-il pas donné naissance, à des riffs nouveaux, à des cris qui ne demandaient qu’à sortir depuis le temps ?

En ce qui concerne l’avenir de TITAN, aucune décision n’a encore été prise. Nous attendons de voir comment ça va se passer à Torreilles le 9 septembre lors du festival PWOA 2017. Pour l’occasion, nous reprendrons les morceaux de l’album Popeye le road, avec quelques petits arrangements. Pour l’instant, en tout cas, il n’y a pas de nouvelles compositions ni de projet de nouvel album pour le groupe.

Vous n’êtes pas sans savoir que des dizaines de groupes contemporains du vôtre ont effectué leur retour, peu importe pour quelles raisons, quel regard portez-vous sur ce soudain intérêt autour du hard français après avoir cruellement essuyé les plâtres à l’âge (pas vraiment) d’or ? Et sur tous ces fans étrangers qui semblent adorer cette scène française depuis des lustres contrairement à beaucoup de français ? Avez-vous repéré, si vous persistez à vous nourrir de hard & heavy rock, des groupes qui vous rappellent les glorieuses formations d’antan ?

C’est toujours très bien que le public vienne, de plus en plus nombreux, s’intéresser aux groupes de Hard Rock et Heavy Metal français. Cela prouve qu’il ya de bons groupes en France puisque même les étrangers s’y intéressent (Allemands, Japonais, Espagnols, etc.). On aurait bien aimé que ce soit le cas dans les années 80 mais malheureusement ça n’avait rien à voir. Pour ce qui est des groupes, pour le heavy metal et le hard rock, nous écoutons plutôt les classiques (AC/DC, IRON MAIDEN, SAXON, JUDAS PRIEST, MOTÖRHEAD, ACCEPT, etc.). Après, nous nous intéressons aussi aux groupes actuels comme GOJIRA et dans notre région il y a deux très bons groupes BLASTWAVE et CRANKS qui auraient eu largement leur place dans les groupes de Heavy Metal français des années 80.

Certains d’entre vous jouent dans des formations (notamment Patrice avec BREAKER ou le hors-métal AISTRIKA), sont-elles toujours d’actualité ?

Nous jouons tous, tous les cinq, dans d’autres formations que TITAN et pour quatre d’entre nous, nous sommes intermittents du spectacle. C’est donc grâce à ces différentes formations que nous pouvons subvenir à nos besoins et à ceux de nos familles. Ces formations sont donc plus que jamais d’actualité. Si l’aventure TITAN se poursuit et qu’un jour nous puissions vivre correctement uniquement grâce à TITAN, alors nous pourrions nous consacrer exclusivement à TITAN. Pour le moment, ça n’est pas envisageable…

Voici venir la fin, si vous avez un message pour les lecteurs, c’est l’occasion, prenez l’espace que vous souhaitez pour le faire passer et à bientôt à Torreilles pour une soirée qui s’annonce sous les meilleurs auspices !  

Toute l’équipe TITAN vous salue. On espère que vous serez nombreux à venir nous retrouver à Torreilles le 9 septembre au PWOA 2017. Nous y allons avec un peu d’appréhension, ce qui est normal après tant d’années, mais surtout avec beaucoup de plaisir et d’envie. Envie de partager ce plaisir d’être sur scène avec TITAN presque trente ans après les derniers concerts du groupe. Ce sera un super moment !!! Merci à toutes et à tous de l’intérêt que vous portez au groupe et attendons la suite pour, peut-être, de nouvelles aventures…

A très bientôt !!!

TITAN

1 voir TITAN [Fra] S/t (No Remorse Recs - 1986 Réédition 2015).

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