InterviewsLes propos des interviewés n'engagent que leurs auteurs.
02
Fév
2018

Nawakulture avait pour projet d'interviewer les trois groupes à l'affiche

du concert de Narbonne 1 mais le temps a manqué, FACE TO FACE a tout de même accepté de répondre à nos questions plus tard, ce sont Fred Guillemet (basse) et Olivier Del Vall (chant) qui donnent leurs réponses à nos questions.

Le groupe est revenu après une pause de plus de quinze ans en 2012, qu'est-ce qui vous a donné envie de réactiver la machine ? Le rock est-il à ce point une drogue dure ?

Fred Guillemet : j’ai toujours été un peu nostalgique de l'époque du début de FACE TO FACE, il faut dire qu'à cette période nous avons beaucoup tourné, donc j'ai rappelé Olivier Fillol et Rémy Laëron pour leur demander ce qu'il pensait de reformer le groupe

Les trois albums sortis entre 1992 et 1996 2 sont maintenant devenus assez durs à trouver pour ceux qui n'étaient pas là à l'époque. Personne n'a-t-il proposé de réédition ou préférez-vous rester fixés sur le présent ?

F. G. : on préfère rester sur le présent, les morceaux ont évolué, je ne compose pas de la même manière.

En parlant du présent (ou presque) nous n'avons pas encore pu écouter le petit dernier After the storm. Comme vous êtes passés par des styles très différents avec les années, où vous situez-vous avec celui-ci ?

F. G. : After the storm est un album de hard métallique couillu (rires).

Pouvez-vous nous parler des morceaux qui le composent, des sujets qu'il aborde, du line-up qui joue dessus ?

Olivier Del Vall : les sujets abordés dans les textes sont variés. Certains textes abordent les différents travers de l'être humain comme la manipulation dans She's nobody's angel ou encore l'exploitation de la misère sexuelle et affective (Wasted time). Mais tous les morceaux ne traitent pas de sujets aussi sombres. Rock'n'roll teacher parle de ce que représente le rock dans nos vies et ce qui nous pousse à poursuivre le chemin. Fly to the rainbow raconte qu'il faut croire en ses rêves et qu'il ne faut jamais rien lâcher. C'est un message positif qui colle bien à la mentalité des musiciens de FACE TO FACE. L'amour est aussi présent dans les textes du groupe comme sur Remember ou Fight for love. L'amour avec tout ce qu'il peut apporter de joie et de bien-être, mais aussi son côté obscur et parfois douloureux. L'être humain est un animal complexe capable du meilleur comme du pire qui est en permanence tiraillé entre ses sentiments et la réalité.

Que pensez-vous de ce revival actuel autour du hard français qui était loin de faire l'unanimité à l'époque dans les magazines de la haute ?

F. G. : on ne peut pas dire que ce soit encore au top, le hard existe en France, mais on n'est pas très soutenus par les magazines qui préfèrent parler des groupes étrangers.

O. D. V. : c'est vrai que depuis plusieurs années, on sent un regain d'intérêt pour le hard rock français, d'ailleurs on a pu observer un certain nombre de reformations de groupes des années 80/90 (BLASPHÈME, STILL SQUARETITAN…) et bien sûr FACE TO FACE. Ce revival est une bonne chose car il redonne un coup de fouet à la scène française qui en avait bien besoin. Trouver une explication unique à ce phénomène n'est pas facile car à mon sens c'est dû à la conjonction de plusieurs facteurs. Je pense que le niveau moyen des musiciens à beaucoup évolué. De ce fait, les groupes français sont en concurrence directe avec les groupes étrangers. Il y a beaucoup moins la notion de « hard français », et c'est tant mieux car à mon sens, faire du hard rock tout en étant français n'est pas une tare. La mentalité des musiciens à également évolué. Je pense qu'ils ont compris que le talent ou les facilités ne suffisent pas si on veut sortir du lot et que le travail est essentiel. De plus, aujourd'hui les groupes sont beaucoup plus solidaires entre eux que dans les années 80 ou les relations tenaient beaucoup plus de la cour de récréation ou chacun passait son temps à dénigrer l'autre. Les journalistes qui officiaient dans les différents journaux spécialisés de l'époque ont aussi leur part de responsabilité car ils jetaient parfois de l'huile sur le feu. En résumé, je dirais que les musiciens d'aujourd'hui me semblent plus sérieux et plus matures.

Johnny Hallyday, vous n'y couperez pas en ces circonstances : un petit truc, une anecdote à raconter sur la tournée que vous avez partagée avec lui ?

F. G. : je n'ai que de bons souvenirs de cette grande tournée. En effet, nous avons joué 74 fois, dans les plus grandes salles de France et 19 fois à Bercy en première partie de mon rockeur français préféré. J'ai une anecdote avec Johnny. Un jour, il me prend à part pour me féliciter sur notre répertoire mais nous a conseillé de terminer celui-ci sur un morceau connu, nous avons donc dès le lendemain fini notre show par Smoke on the water. Nous avons eu une super ovation à la fin de tous les concerts qui ont suivi et Johnny Hallyday m'a dit : « Alors, j'avais pas raison ? ». Cela prouve, s'il en est besoin, qu'il était un grand professionnel. Il faisait attention à nous, nous avions de très bonnes relations et nous n'étions pas que sa « première partie ».

Cela fait maintenant un moment qu’After the storm est sorti, avez-vous déjà commencer à penser à son successeur ?

F. G. : nous travaillons déjà sur celui-là.

FACE TO FACE joue assez régulièrement mais pas souvent, les membres ont-ils toujours autant de projets parallèles ou le prenez-vous cool et privilégiez-vous les grandes occasions ?

F. G. : j'habitais il y a encore peu à Paris, avec mes musiciens dans le sud, pas très facile pour organiser des tournées. Maintenant que je suis dans le Gard, cela devrait être plus aisé.

En parlant de grandes occasions, jouer à Narbonne avec VULCAIN en est une, un petit mot à dire sur vos camarades qui ont partagé l'affiche avec vous ?

F. G.TENTATION : groupe de Perpignan, très bon groupe de heavy metal et musiciens vraiment sympathiques, très bonne prestation, j'espère que l'on se retrouvera sur des plateaux ensemble. Concernant VULCAIN, ce sont des potes depuis une trentaine d'années, toujours un plaisir de se retrouver, leurs sets sont toujours impeccables.

O. D. V. : jouer est toujours un grande occasion. Il n'y a pas de petites ou de grosses dates. Il y a chaque fois une rencontre entre les groupes et le public. C'est après coup que l'on peut mesurer l'impact d'une date sur le groupe et le public. Pour faire une bonne date, il faut être deux. C'est avant tout le public qui nous donne l'énergie. Mais pour en revenir à cette date de Narbonne avec VULCAIN et TENTATION, j'en garde un excellent souvenir car en plus d'être talentueux, ce sont tous de super mecs, chaleureux, humbles, vivant pour le rock'n'roll avec qui je partagerai volontiers d'autres dates à l'avenir.

Les derniers mots sont pour vous, profitez-en si vous avez des dates à annoncer ou tout ce qui vous passe par la tête !

F. G. : Nous jouerons au Rockstore à Montpellier le 18 mai prochain, avec DAGOBA et ATTRACTION THEORY, mais j'espère que nous aurons d'autres dates d'ici là, n'hésitez pas à visiter régulièrement notre page internet facetofaceFrench pour voir notre actualité et nous soutenir.

O. D. V. : dans les mois qui viennent, FACE TO FACE va repartir sur la route. Pour ce qui est de l'avenir, nous espérons que le public sera au rendez-vous pour soutenir le groupe car nous comptons bien poursuivre l'histoire encore longtemps.

1 voir VULCAIN [Fra] + FACE TO FACE [Fra] + TENTATION [Fra] à Narbonne, dB le 20/01/18.

2 voir FACE TO FACE [Fra] S/t (Dixie Frog / New Rose) 1992, FACE TO FACE [Fra] Back to the front (CNR Music - 1994) et FACE TO FACE [Fra] "We love gas" (Brennus Recs / Musea) 1996.

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