02
Avr
2015

JE NE SUIS PAS SEUL !

Voici ce que je me suis dit quand j’ai rencontré Pierrot il y a des siècles, arpentant alors bien seul le bitume de la cour de Ferdinand Fabre à la recherche d’autre chose que le quotidien moisi de l’adolescence à venir. Les premiers chocs du punk et du metal venaient de m’atteindre de plein fouet, et ce type bizarre avec ses cheveux longs noir de jais et ses patches morbides sur sa veste en jeans (SACRED REICH avec sa tronche, je n’arrivais pas à saisir, il faudrait attendre la découverte du groupe pour ça). On a commencé à s’échanger des cassettes, puis les répétitions avec nos groupes respectifs sont arrivées, l’éloignement de cette période de fac qui a en a embrumé plus d’un, on ne se croisa plus que par hasard, hâtivement, chacun sur le chemin de sa fin de soirée destroy. Acrabadabra, plus là, nous manquera.

En y cherchant bien on devinait un mec sensible et timide derrière cette tronche de pirate et ce rire cruel, et je repense là, re-tout seul, à l’état quasi-lamentable de nos jeans usés et déchirés avec amour qui faisaient se hérisser le poil des passants honnêtes et de la maréchaussée scolaire, avec aussi le pote François (où es-tu ?), un autre saule pleureur amateur de décibels apparu un peu plus tard et avec qui nous formerions un trio qu'on n’était jamais pressé de prendre dans son équipe en sport tant, outre notre tendance au nihilisme en survêt’, notre façon de traîner les pieds usait les nerfs des plus patients.

Puisse Pierrot faire grincer autant de dents où il se trouve maintenant, seule l'indifférence condamne à l'oubli et lui n’est pas prêt de quitter ma mémoire.

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