02
Mai
2019

Très chère Annie,

figurez-vous que, dans un petit recoin de ma mémoire semi-pachydermique, je garde précieusement ce stage effectué il y a des années dans votre classe à l'école Langevin-Wallon où j'avais déjà passé moi-même tout un pan de ma scolarité. J’étais facilement entré en contact avec votre méthode pédagogique, une façon de faire qui ressemblait à ce que je trouvais juste. Que je continue de trouver juste. Qui m’influence.

Si le monde se divise toujours en deux catégories, par exemple « ceux qui ont un pistolet chargé et ceux qui creusent », les choses ne sont en fait jamais si simples : le prisme tourne de façon constante et offre successivement des facettes parfois contradictoires qui font certes la complexité d’une personne, mais aussi le plaisir à la découvrir. A la fois rigoureuse et fantasque, ferme et souriante, franche et douce, délicieusement sarcastique parfois, tant d'aspects que j’aimais. Que je continue d’aimer. Qui m’influencent.  

Mauvaises expériences faisant foi, je confesse ici sans vergogne aucune que j’ai de tous temps bouffé autant de curés que d'enseignants au petit déjeuner car, death-y-dément, rien n’arrivera jamais à la cheville de mes idoles d'antan, mes instituteurs à l'ancienne qui passaient sans prévenir du coup de gueule à l’œil goguenard de celui qui vous aime bien au fond, qui faisaient régner le calme sans devoir héler la maréchaussée, qui sans susciter la crainte inspiraient le respect. Et bien plus.

C’est tout un tas de souvenirs qui reviennent quand toutes ces personnes s'en vont, je n’en dresserai pas une liste, elle est bien assez longue comme ça, sachez tout de même tous, où que vous soyez, que là où je vais vous êtes toujours.

Mes amitiés et condoléances à la famille Bonnet.

Les mots-clés :