Bonjour m'sieur-dame,
Vous me mettrez d'abord une caisse d'humanisme général un peu trop dégoulinant pour être totalement honnête : il réjouira les sceptiques et les cyniques et permettra même parfois aux « durs » de fustiger le laxisme des « mous » dans un semblant de cohésion [bip!],
Vous me mettrez aussi un sachet de flatterie aux forces de l'ordre : peut-être dans un moment psychédélique oublieront-ils que les moyens qu'on leur confère chaque jour ne sont pas souvent à la hauteur de leur mission, [bip!],
Vous me mettrez ensuite une grosse louche de sécurité (vigipirate puissance max, renseignements en prison, fliquage d'internet, patriot act potentiel…) qui ravira les paranos, rassurera les nouilles et défrisera les guerriers de salon, [bip!],
Vous me mettrez une couverture polémique sur l'Hebdo *, vous en verrez fleurir aussitôt d'autres sur les journaux qui veulent aujourd'hui jouer à lui ressembler, on ne mentionnera même pas les émissions où tout le monde culturel devient rebelle comme s'il l'avait toujours été, [bip!],
Vous me mettrez pour finir une bonne livre de détails huileux sur l'âtre public (une idée de déménagement suggérée par Israël, les frasques d'élèves irrespectueux durant les hommages, des images tournées au téléphone), et pourquoi pas des tribunes au pathétique Dieudonné ou encore à Pegida, tiens. [bip!].
Qui va acheter le Charlie de ce mercredi ? Et pourquoi ? Futur offrande à Ebay ? Déco pour le mur des toilettes comme à la fac ? Ne risquera-t-il pas de devenir l'étendard des gens qui vont à l'opposé de l'iconoclastie rigolarde du canard ?
Ne doit-on pas pour autant remercier le malheur de relancer des débats qui coagulent depuis des décades ? Si tout ne risque pas d'être pas « pardonné » de sitôt, faisons que tous ces gens ne soient pas morts pour rien: par exemple en étant nous-mêmes.
Pendant ce temps au Nigéria...
© GED Ω - 14/01 2015
* Au cas où tu ne l'aurais pas vue:
