16
Jan
2015

Ainsi la nouvelle élite des rebelles se caractériserait-elle par un mépris total pour Charlie Hebdo ?

Les je-ne-suis-pas n'ont-ils donc aucune estime d'eux-mêmes ? Car enfin, n'est-ce pas prouver son intelligence que de faire silence, de ne pas insulter les ennemis, surtout à terre, et de faire une autre explication de texte que celle qui ne consiste qu'à la reprise flemmarde de slogans extrémistes et de fiel de bar du commerce ? Si les je-suis ne sont pas pour beaucoup d'entre eux des modèles, leurs inverses n'inspirent en ce moment que de la pitié. 

Comme on s'en doutait depuis le début, cette fameuse « unité » du dimanche (ça ne s'invente pas) n'a donc pas cimenté les dissensions, le fossé s'est même creusé plus profondément encore entre différentes visions du monde, chacun verra donc midi à sa porte. Mais saccager des libertés au nom d'autres formes choisies de celles-ci, entretenir des faux-semblants, continuer à aggraver l'écart entre très riches et très pauvres, tout ça savonne la piste vers le gouffre, et pendant ce temps on voit s'envoler la vente des anxiolytiques et des somnifères !! Les laboratoires pharmaceutiques apprécieront l'absence générale de dialogue.

Comment alors choisir son monde entre celui « des Bisounours » cher au député Sciotti, celui des adeptes des complotomanipulateurs (qui cacheraient un gouvernement secret bien plus intelligent que vous, pauvres moutons, brrr...), celui des militaristes ou encore celui des collectionneurs de boites de camembert ? Ce n'est une piste, pas une solution, mais on pense ici qu'il n'y a PAS à choisir, il y a à FAIRE, chacun à son petit niveau, et aussi pendant un temps se foutre un peu de ce qui se passe "au-dessus" autant que le "dessus" se fout de nous, faut-il arriver à la fin de sa vie pour se dire que tout n'a été que lutte contre les invisibles / intouchables sans avoir oeuvré à ce qui aurait pu être tangible, local, voisin ? Le prestige n'en sera pas le même, mais il sera direct. Et pas posthume. 

En attendant, pour tuer dans l'oeuf tous les projets que les gens font pour eux, je me prends à rêver d'un grand geste fait par les intéressés que le titre Charlie Hebdo disparaisse au profit d'un nouveau, moins profondément ancré dans une tradition aujourd'hui malheureusement disparue avec ses piliers, et moins pollué par une actualité franchement moyenne. Qu'importe ensuite l'esprit, n'en déplaise à Delfeil de Ton à qui on se permet de rappeler qu'on n'oblige pas des gens comme les défunts à faire ce qu'ils n'ont pas envie de faire, on sait les "survivants" capables du meilleur. Y a de la matière en tout cas ! Faites des journaux !

© GED Ω - 16/01 2015

Les mots-clés :