13
Jui
2021

[Mais tout d’abord un préambule à caractère véhément :

Lettre ouverte du C. L. A. F. O. U. T. I. S. à Emmanuel Gnafron

Ô lider maxi-maux d'un peuple sous cloche, les membres agacés du C. L. A. F. O. U. T. I. S. (Comité Libertaire Adepte de la Fiesta Obligatoire Uniquement et Intensément Sonorisée) tiennent à te poser une question : si le moindre petit concert se voit désormais interdit sous couvert d’un empêchement systématique d’organiser en rond, pourquoi les campings pleins de crétins à la peau brûlée peuvent-ils eux être dotés d’une amplification que l'on sait en action de jour et soudain capable de réveiller votre non-serviteur à 3h30 du matin ? L’expression « deux poids, deux mesures » étant devenue absolument intolérable de par son utilisation à bord et à tribord, parlons simplement d’INJUSTICE. Si les fonctionnaires de la culture pleurent sur des cadres administratifs, nous faisons couler des torrents lacrimaux de taille yang-tsé-kiangienne devant l’impossibilité totale de s’amuser, de découvrir et de partager. Le peuple a un mot pour ça : c’est DÉGUEULASSE . Y a des baffles qui se perdent !]

C'est drôle comme les souvenirs s’agglomèrent parfois avec le présent 1.

Deuxième truc primordial quand je vacançais chez ma grand-mère : le jardin, concept impossible ou presque à l'époque dans ma ville d'adoption. Ramasser puis trier les fraises, les haricots, les cornichons ou les salades faisait partie intégrante de la journée au village. Et ainsi la joie de déplier le journal et d'y couper dessus les extrémités des haricots, parfois avec des copines de Marguerite de passage qui prenaient machinalement une poignée et continuaient à causer comme si de rien n'était en buvant le café.

Celui-ci était pour la plupart du temps accompagné par ces gâteaux au goût désuet, ceux tous les vieux ont dans leur placard, de délicieux biscuits conservés ensemble dans une boîte de fer : gaufrettes à la vanille, Bastogne, galette bretonne, petit beurre ou encore ce biscuit façon Sprits avec une sorte de confiote collante rouge au centre. Tous entremêlaient leurs saveurs de façon unique. Je repense aussi au derrière de la maison et cette treille de raisins envahie de guêpes, les prunes et ces petites coquilles d'escargots tortillons prises dans la terre jaune qui accueillait aussi côté route la fameuse haie de buis si dure à tailler quand j'étais petit mais si pleine de mystère ; des gens jetant parfois de leur bagnole des trucs qui atterrissaient dans la mini-jungle de mes petites voitures. Des objets antérieurs s'y trouvaient déjà, les déterrer et les ajouter à ma petite collection de trésors était un vrai plaisir.

Ce matin avec les irrésistibles voisins Juana et Juan, j'ai retrouvé (sans les biscuits toutefois) les joies du jardin. Pas besoin de me baisser cependant, ni de travailler, pour retrouver les sensations, il suffit d'avoir la bonne compagnie, le bon langage, la bonne humeur : merci les voisins, amigos désormais.

1 voir Un bol d'air au Helder : XXIV - Le village, une aire de famille.

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