Cher Copain Moineau,
il est temps de regarder la vérité en face, peut-être ne pourrai-je plus venir te voir aussi souvent, le retour des douleurs et un énième appareillage déprimant plus qu'il ne soigne ton copain l'humanoïde en ont décidé ainsi, sans parler du petit cochon totalement vide malgré le travail incessant que l'on me rappelle assez souvent être inutile. Bref, il est bientôt temps que nos chemins se séparent, le numéro L sera le dernier avant une pause bien méritée, une vie confinée est préférable au statut de lambineur en chef plus foutu de tenir l'appareil photo ou la caméra sans tout foirer, si bien sûr quelque chose de potable a été effectué avant, ici on travaille sans prétention hein, c'est pas nouveau.
N'empêche...
« Ingrats, [...] au moment même où vous jouissez de ma bienfaisance, vous me traitez d’inutile et de stérile. »
(Ésope, Les Voyageurs et le platane)
Le désespoir chez moi cède volontiers la place à la colère. Ainsi d'après l'auguste Midi Libre, Monsieur le maire à Bédarieux joue l'inflexible et déclare qu'il mènera son projet jusqu'à fabriquer quatre, voire six billots au lieu de huit ! Cette décision antimoderne (le vert est dans l'air du temps, réveillez-vous !) n'ira pas sans provoquer des réactions à sa mesure. Dans ce monde de fourmis placées sous la loupe du soleil, on continue à tout prix à pourchasser l'ombre ! Et les casquettes en platane !
Vous aurez beau vouloir faire de la ville une ville nouvelle vous n'en changerez pas les habitants, les engagés de notre acabit comme ceux qui salissent son image. A priori, la politique n'est pas une question de personnes mais de TOUT LE MONDE et à LONG TERME. Les grands bâtisseurs exerçaient il y a des siècles et s'attaquaient à des chantiers d'une autre importance que quelques dizaines de mètres carrés qu'il me désole de penser sans fraîcheur, chant d'oiseau ou cri d'enfant (la vue du vieux parc Pasteur dévasté, ça remue). Sacrifiaient-ils pour autant l'essentiel ?
Bédarieux semble collectionner les crypto-plages où l'on met les gens à cuire. Il est sûrement impossible d'enrayer le pas martial de l'évolution mais au prix d'un seul arbre centenaire, on s'y devrait obliger. « Vous serez consultés » nous dit-on, pourtant la conclusion de l'article indique bien le contraire. Les décennies de règne des projets de déguisement se voient prolongées, de quoi en avaler ses bulletins de vote de travers. Si c'était en vue d'en fabriquer que nos amis feuillus sont destinés aux cheminées, quelques branches auraient suffi car m'est avis que l'inutilité de l'acte citoyen que l'on nous expose avec tant de clarté en permanence n'incitera plus personne à faire le pas. L'urne républicaine deviendra funéraire et ses si fiers représentants en seront les premiers responsables.
Euh, quitte à causer chiffres, doublez dès maintenant le budget crème solaire !
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