18
Nov
2022
fous du galet street art pierre peinture

[Ne cherche pas à comprendre, et peut-être cela te sera-t-il utile plus tard, mais laisse-moi t'appeler Jade.]

Chère Jade,

je te remercie car depuis ma plus tendre enfance, je suis grâce à mon allure d'ours dépressif que le monde entier ne m'envie pas, le roi de la trouvaille, un œil de buse pas tout à fait triple qui repère toujours à des kilomètres quelque chose qui ne va pas dans le paysage, et qui donc m'intrigue heavy-demment. J’ai de plus toujours aimé les pierres, les galets en particulier puisqu'ils sont comme une sorte de preuve de la patience de la dureté envers l'eau qui la polit. Le galet est aussi doux, plat pour exercer comme une fente dans l'air quand on le propulse de toutes ses forces. Bref, gamin j'avais toujours les poches remplies de caillasses entre autres pour des raisons diverses et variées et longtemps j'ai rechigné à les remettre dehors, dans leur état naturel, jusqu'à ce que je puisse le faire dans cette cour que Maman avait transformée en terrasse pierreuse qui fait un bruit génial quand on marche dessus, un bruit que je n'ai retrouvé qu'une fois, sur une plage du Havre (tu me manques ma ville d’adoption). Le bruit du pas humain sur le caillou n'a pas son pareil et j'y suis pour beaucoup s’il reste toujours autant de cailloux à cet endroit, j'y contribue encore aujourd'hui quand j'en trouve un joli que je balance discrètement sur cette surface qui n'attend que de nouveaux arrivants.

Et comme je suis aussi en adoration devant le génie humain (si, ça existe) quand il s'agit de s'exprimer avec un crayon ou un pinceau, de la peinture et tout ce que tu veux d’autre, chère Jade, tu as ajouté encore à mon plaisir quand tes petits galets peints sont apparus au départ comme une sorte de petite mode supportable (si, ça existe) puis comme une preuve de passion têtue quand cela a continué peut-être un peu plus confidentiellement ensuite. Je suis tombé sur des tonnes de tes petits artefacts que j'aimais laisser en place car je trouvais qu'ils ajoutaient quelque chose au passage tout simple de l'homme sur le trajet, qui de sa boulangerie, qui de son boulot, et le concept même du galet voyageur est tout simplement génial. Il y a peu j’ai tout d'un coup décidé que je ramasserai celui-ci car je suis un petit peu obsédé par le macabre, et ce galet à citrouille était parfait pour devenir un moment la décoration d’une étagère de mon immense bibliothèque de tête d'ampoule qui l’attendait avec son accueillante poussière. D'où ce message peut-être un petit peu long, autobiographique, que j'espère pas vraiment exhibitionniste, je t’adresse un bravo pour ce joli travail d’égayer le quotidien et d'éviter que ces galets innocents ne soit piétinés par des crocs ou des tongs, merci donc encore pour tous tes galets, Jade !

[Tout ça à cause d’un galet trouvé à proximité de la cave coopérative de Cazouls et désormais logé à Cessenon où il sera bien traité pour une période indéterminée, notre dernier pensionnaire est par exemple parti en Suède, d’ailleurs on attend toujours un signe de là-bas, Marine !]

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