Les lecteurs assidus de Nawakulture ont déjà pu suivre les aventures des deathrasheurs de SEKATOR 1 qui fait partie des groupes que l'on aime bien dans la région, nonobstant une insistance de certains à toujours trouver une excuse physique pour ne pas jouer. Les montpelliérains répondent presque gentiment à nos questions concernant leur premier véritable disque.
Commençons par le commencement : comment avez-vous rencontré Sylvain BatArtError (salut amigo !) qui vous a concocté cette pochette bien sympa rappelant Gustave Doré and Co. ? Vous a-t-il proposé directement un visuel ou lui avez-vous soumis votre idée ? Une signification se dissimule-t-elle là-dessous ? L’enfer c’est le monde ?
Ben (batterie) : j’ai rencontré Sylvain à un festival dans l'Aveyron : le Violent Apes Fest. J'avais envie que notre support soit fait par quelqu'un de proche (c'est le père d'un ami). Il avait déjà des idées plein la tête. Une d'entre elles pourrait se retrouver sur un prochain enregistrement. Avec le groupe on a regardé son travail disponible sur le net. C'est essentiellement des peintures : natures mortes de cartons qui en jetteraient grave pour une pochette illustrant un cliché d'une scène de rue délabrée à la MUNICIPAL WASTE ou VIOLATOR. Je ne rentrerai pas dans les détails, ses œuvres et son univers méritent plus qu'un résumé. Après discussions et concessions entre nous, on s'est arrêté sur une série de toiles dans le thème des abîmes, peintes fin 90'. On a sélectionné deux peintures : Avalanche humaine et Habitants de l'abîme, toutes deux de 1999. La dynamique d'Avalanche humaine : des hommes déchus tombant d'un pont, colle bien avec le lexique de Lethal. Chacun y trouvera son interprétation. C'est une pochette typée death plus que thrash, on y reviendra plus tard. Malgré l'envie de Sylvain de mettre sur papier des idées inspirées de notre nom, ça a permis à ses peintures de continuer à vivre. C’est un plaisir partagé. On avait jeté quelques idées sur la table, du genre deux mecs qui se foutent sur la gueule dans un décor apocalyptique au milieu de cadavres le tout sur du noir et blanc. Mais rien de très précis avant de choisir Sylvain. Une seule « exigence » de ma part : dissimuler un objet en rapport avec notre nom : j'vous laisse chercher (on n'est que deux à le savoir). Merci Sylvain.
Quand on ouvre le digifile, on tombe soudain sur les paroles : de quoi sont-elles inspirées ? Il semble que la mort, l'horreur, la colère, le fantastique et les dérangements mentaux soient des sujets abordés… Approfondissez et, au fait, qui est donc ce « guerrier noir » ?
Alex (basse / chant) : je vois que tu as lu les paroles, c’était important pour moi de les mettre. La plupart du temps, le thème des paroles dépend de ce qui me vient sur le moment. Je me sens inspiré, j’écris une base avec ce qui me vient en tête et je retravaille plus tard pour améliorer le tout. Possessed par exemple aborde la paralysie du sommeil, dont les symptômes s’adaptent plutôt bien à un morceau de thrash ou de death. C’est partiellement inspiré d’une expérience personnelle. Lethal system aborde plus la société et l’intolérance. Certains de nos textes sont inspirés d’œuvres qui ont pu me marquer, d’autres parlent du pit, les seules consignes que j’ai de la part du groupe c’est une interdiction formelle d’écrire des textes trop joyeux hahaha.
Fab (guitare) : le Guerrier noir c'est Guts, le personnage principal du manga Berserk de Kentaro Miura qui a commencé en 1989. C’est un culte de la Dark fantasy. Si je devais le résumer en un mot, chose impossible, je dirais la folie, même si ça ne résume pas le manga. L’auteur retranscrit ça de façon tellement intense, c’est une des choses qui m’ont le plus marquées dans cette histoire. J’ai plus ou moins composé le morceau avec des idées de paroles en fonction des riffs et Alex a arrangé le texte pour que ça colle bien au chant. Je le conseille fortement, mais âmes sensibles s’abstenir.
Vince (guitare) : si tu remplace Lost soul par l’héroïne, tu comprends tout de suite le côté sombre et dévastateur de cette drogue à travers mes paroles. C’est l’histoire d’une personne pour qui tout allait bien et qui se retrouve entraînée dans une spirale jusqu’au jour où elle fait le point en réalisant que toute sa vie se résume à une dose. Je l’ai écrite en pensant à des proches dont certains sont tombés au plus profond. J’avais déjà composé le morceau, ce qui est plus facile pour caler les paroles dessus. Alex a arrangé quelques mots pour le chant.
Derrière tous ces sombres sujets, on peut parfois sentir le regret, comme sur le morceau-titre. A priori nous aurions pu vivre une autre vie mais c'est un tel sacerdoce de scier la branche sur laquelle on est assis que l’idée paraît à la fois rageante et plaisante. Et puis pensez donc, c'est peut-être la première fois que le mot intelligence est employé dans un texte de thrash metal, où sont donc passés les bermudas et les skateboards ? Feriez-vous donc dans le profond et le sérieux ?
Fab : je sais pas si on fait vraiment dans le profond et le sérieux, mais un petit coup de skate et bermudas why not !!
Ben : les skates et les motos, c'est problématique chez SEKATOR.
Alex : sans forcément faire dans le profond et le sérieux, j’essaie de faire en sorte que les paroles aient un sens. C’est un côté très important pour moi dans la musique. Sans vouloir tout ranger dans des cases, il y aurait deux écoles dans le thrash. Pour grossir les traits, il y a les groupes qui parlent de bière et de zombies et ceux qui abordent des thèmes plus sombres. Je pense qu’on est plutôt dans cette seconde catégorie.
Ben : les textes doivent être cohérents avec l'atmosphère de chaque morceau. On n'a pas que des morceaux intelligents.
Le disque est sur la platine : si l'on osait tenter des rapprochements, on penserait forcément ici à la vague brésilienne, en tout cas sud-américaine, à l’époque où la barrière n'était pas encore construite entre thrash et death metal, SEPULTURA en tête. Si vous deviez vous réclamer de quelques groupes, quels noms sortiraient les premiers du chapeau pour définir un peu le style de SEKATOR et ses influences principales ?
Alex : on a déjà tous une grosse influence thrash old school bien sûr. Pour ne citer que les groupes mainstream : SLAYER, EXODUS, SODOM, SEPULTURA. Personnellement j’écoute aussi pas mal de death, un peu de stoner de temps en temps. Au-delà du metal, j’essaie d’écouter et de jouer un maximum de styles différents. Je pense qu’il y a du bon à prendre dans tous les styles.
Ben : on a chacun un style de prédilection et on fait ce qu'on peut avec son instrument. Le death old school bien gras, lent ou rapide comme BOLT THROWER, OBITUARY ou ENTOMBED se retrouveront sûrement dans nos compos. Le hardcore, le grind font aussi partie de mes influences. On ne se met pas trop de barrières de genres tout en essayant d'avoir une identité.
Fab : pour ma part j’aime le thrash des années 80.
Vince : je dirais D. R. I. pour le côté thrash hardcore du groupe et MASSACRA, BOLT THROWER pour le côté death. Pour mes influences, je trouve du très bon partout, je ne m’arrête pas a un style. Allez, quelques groupes que j’adore et qui m’ont inspiré : POWER TRIP, TOXIC HOLOCAUST, ARKANGEL, NEKROFILTH, IRON REAGAN. Que du bon à consommer sans modération !!
S’il on excepte celui sur le bandcamp (numérique = ça compte pô), le groupe a mis beaucoup de temps à sortir un enregistrement correct. Qu'est-ce qui vous en a empêché ? Peut-être encore des problèmes de line-up puisqu'on note au passage que le guitariste de NUCLEAR WHISPER est venu filer un coup de main devant l'absence d’un six-cordiste régulier ? N’est-il donc pas possible pour SEKATOR de monter une fois pour toute un line-up stable et conjurer la malédiction ?
Ben : c’est une question qui pique. Notre premier enregistrement était un peu chaotique : pas le temps et manque d'expérience. C'est pour ça qu'il ne sera pas sur un support physique. On a beaucoup traîné pour sortir notre premier EP (y a quand même pire dans l'histoire du metal!), mais le duo basse-batterie a dû lutter pour arracher les doigts du cul des guitaristes.
Alex : Greg « LE dépanneur » (de NUCLEAR WHISPER) nous à rendu un grand service. C'est lui qui a enregistré les solos. Il s'est chauffé pour apprendre une dizaine de nos compos en un temps record. On a eu le plaisir de faire deux dates ensemble pour marquer le coup. Niveau line-up depuis la formation de SEKATOR jusqu'à début 2018, ça n'a quasiment pas bougé.
Fab : On n’est pas TERROR SHARK non plus !!!
L’album a été enregistré, mixé et masterisé au ChickenCoopStudio, où est-ce donc ? Pouvez-vous nous en dire plus sur ce qui se cache derrière ce nom ? Est-ce un lieu perso ou ouvert aux autres ? Le recommanderiez-vous alors à des musiciens cherchant à enregistrer ?
Ben : c’est un studio à Frontignan, la légende nous dira que le nom provient de quelques dinosaures offerts aux habitants du lieu. Parti d'une association, ce studio originaire de Sète évolue depuis plus de quinze ans et nous a été conseillé pour enregistrer de la grosse disto accompagnée de double pédale. Si tu veux enregistrer là-bas, cherche les contacts sur internet.
Alex : c’était notre premier enregistrement en studio, Ole (de MUDWEISER) a été de bon conseil, il a su nous guider et nous permettre d'apprendre beaucoup musicalement. Humainement, c'était un très bon moment.
Maintenant que le train est à peu près sur les rails, peut-on espérer une prochaine sortie rapide car ceux qui ont déjà subi un de vos concerts savent que vous avez plus de quatre titres à votre répertoire ?
Alex : oui on a encore plusieurs morceaux qu’on aimerait bien enregistrer, on recommence à en composer de nouveaux. Si on peut ne pas attendre quatre ans pour ressortir un CD, on sera les premiers contents !
Ben : j’attends que ça, si ça traîne trop j'me barre. Ahah, prenez-le au sérieux les gars. J'aimerais qu'on ne laisse pas refroidir la machine et enchaîner sur un split, un autre 5-titres ou un album. Mais un album, ça risque de prendre du temps comme projet et coûter des thunes.
Fab : il faudrait prendre le temps de composer, histoire de pouvoir proposer quelque chose de neuf avant.
Vince : SANS MOI ! LOL
Peut-être pour finir est-ce le moment d'exposer vos conditions si quelqu'un veut vous faire jouer dans son coin ? A bientôt sur la route, si vous avez un message pour les lecteurs, des dates à annoncer, c’est le moment, à bientôt sur la route !
On est chauds de jouer n’importe où, n’hésitez pas à nous proposer des dates ! Pour le moment, on doit chercher un nouveau guitariste car Vince a décidé de s’arrêter là. On a un concert prévu à Bergerac le 23 février. Et d'autres dates en préparation pour 2019. Un objectif important c'est de faire une tournée. Pour le moment on n'a malheureusement pas pu enchaîner plus de deux dates. Difficile de faire un groupe avec des travailleurs capitalistes et partir faire du bruit. Lisez Berserk en écoutant SEKATOR!! A bientôt ! Merci Ged. MOSH !!!
Vince : MOI J'ME CASSE BANDE DE CONS !
1 : au sujet du groupe, plein d'articles à lire en cliquant sur https://www.nawakulture.fr/index.php/rechercher?searchword=sekator&searchphrase=all.
https://sekator.bandcamp.com/releases
https://www.facebook.com/SekatorThrash/
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