InterviewsLes propos des interviewés n'engagent que leurs auteurs.
28
Mai
2012

Planque-toi connard, voilà les Trois Caillasses !!

[Interview réalisée lors de l'exposition à Harfleur (Les Trois Caillasses à Harfleur, La Forge (76)) et qui devait sortir dans un canard... No comment...]

GedPour commencer, peut-être pourrions-nous expliquer aux lecteurs le nom de l'expo, ces fameuses "Caillasses" ?

Cromwell: cela vient du fait que j'appelle tous mes potes les "caillasses", "ma caillasse"...

GD'où est venue l'idée de rassembler le trio et les différents travaux pour cette expo et d'ailleurs pourquoi à Harfleur ?

C: c'est une question de proximité, Harfleur était l'endroit où tenter de faire cette exposition à trois. Pour le reste cela faisait un moment que l'on tournait avec une expo de mes dessins et les oeuvres de Lo* mais des photos de Cédric existaient et elles manquaient pour la complémentarité du tout. Cédric et Lo* étant du coin, j'ai insisté auprès de la mairie d'Harfleur, lieu qui semblait s'imposer de lui-même, pour parvenir à tout rassembler. 

GEnvisagez-vous de faire tourner cette exposition dans d'autres lieux ?

C: à chaque fois les expos sont différentes et de plus nous allons "déraper" avec Lo* sur de nouveaux projets, on s'attaque à la science-fiction, c'est d'ailleurs pour ça que j'ai fait l'affiche d'Harfleur avec des robots comme ça (voir ci-contre).

harfleur-scie-2012

GCédric est-il aussi de la partie ?

Cédric Bosquin: c'est passionnant de voir tout ça, déjà le fait le voir travailler Lo*, de voir ses sculptures naître, la forge est très photogénique, c'est quelque chose qui "pète" tout de suite. Donc quoi qu'il se passe, il y aura des images de ce qu'il va se faire, après on verra bien s'il se passe d'autres choses ou pas, l'avenir le dira mais des images il y en aura c'est certain.

C: ça donne l'occasion de voir comment cela se fabrique en direct, ces photos m'inspirent beaucoup de choses et peut-être même que je préfère ne pas être dans l'atelier de Lo* et essayer d'imaginer à partir des photos de Cédric. Je travaille toujours comme ça, en me nourrissant d'images donc même si Lo* interprète une de mes images, je vais finir par interpréter la sculpture qu'il vient de faire au travers des photos de Cédric, par exemple grâce à des cadrages originaux auxquels je n'aurais pas pensé. C'est un échange permanent qui nous fait avancer.   

Lo*: pour ma part cela m'a permis d'expérimenter sur plein d'autres choses que je n'osais pas forcément faire pour moi-même. Quand on regarde un dessin de Cromwell on peut se douter que c'est quelqu'un d'assez exigeant avec son travail, en tout cas c'est mon avis, et du coup je me suis retrouvé obligé de mettre la barre plus haut, j'en ai profité pour utiliser des techniques que je n'avais pas encore exprimées puisqu'on m'offrait là une vraie piste de billard.

G: d'ailleurs qu'en est-il de cette histoire de défi à la base de cette collaboration ? 

C: tout ça est venu au moment d'une dédicace, la première que je faisais pour Le Dernier des Mohicans et que je voulais faire au Havre. C'est très bien tombé puisque Lo*, que je connaissais depuis début 2003, est venu se faire dédicacer son bouquin. C'est quand il m'a dit que cela l'inspirait pour créer des sculptures que je lui ai dit "chiche" ou "t'es pas cap'", un truc du genre. Un mois après il y avait déjà une sculpture aboutie, tout s'est imposé comme une évidence, ça devait se faire. Et je ne voulais surtout pas de la figurine para-BD où les mecs font à l'identique à la résine etc., je voulais vraiment une interprétation à la ferronnerie.

G: pour en revenir à l'expo, qu'est-ce qui change de celle que j'ai vue à Montrouge ?

C: déjà pas mal d'originaux tirés de mes carnets du Dernier des Mohicans, l'exposition représente soixante-cinq pièces dont soixante originaux que peu de gens ont vus. 

G: par rapport au Artbook, comment la décision d'inclure le boulot de Lo* et Cédric a-t-elle été prise ?

cromwell-qquepart.jpg

C: j'ai insisté auprès des éditeurs puis j'ai monté ces cinq pages comme une BD, un montage à la roman graphique en fait pour faire vivre cette expérience parce que je trouvais que ça s'y prêtait beaucoup. Quand Cédric prend en photo les sculptures de Lo*, il m'évoque le travail de Corben en BD qui photographiait, éclairait ses personnages, j'ai retrouvé tout ça dans notre travail commun.

G: cela fait quoi aux deux acolytes de se retrouver dans un bouquin magnifique comme Quelque part ?

CB: quand tu te pointes en librairie et que tu trouves un bouquin avec tes images dedans, aux côtés des dessins de Cromwell, tu te retrouves sans voix...

G: ça doit d'ailleurs avoir un effet similaire d'être exposé comme ce soir non ? 

L: ce soir c'est au niveau humain que c'est important, cette aventure a commencé il y a tout juste deux ans avec ce fameux défi de Cromwell, puis Cédric est passé par hasard à l'atelier faire quelques photos, ensuite quand j'ai vu le résultat, même si je n'apprécie pas trop ma tronche en photo en général, j'ai oublié complètement que j'étais dessus tellement le rendu me touche au même titre que les dessins de Cromwell. Il m'a permis d'avoir du recul sur mes pièces et ma façon de les appréhender, de plus quand tu vois ce genre de qualité de travail, tu as envie de le montrer, d'abord à Cromwell qui a flashé et ainsi de suite jusqu'à ce soir. Il n'y avait aucun projet à la base, tout s'est mis en place tout seul ou presque. Et pour le bouquin, les cinq lignes qui présentent nos travaux suffisent pour être fiers de nous, c'est comme un bon morceau de rock'n'roll, pas besoin d'un quart d'heure pour saisir la quintessence du truc. 

C: c'est vrai que cela s'apparenterait à un groupe de rock, cela me rappelle aussi mon premier atelier qui s'appelait Asylum au début des années quatre-vingt avec RiffQwak et les autres, c'était le même principe d'échange qui fait avancer. J'aimerais bien par exemple que pour une prochaine expo de sculptures de Lo* je n'accroche que quelques peintures, pareil pour une expo de photos de Cédric. J'avais essayé à une époque de bosser avec des sculpteurs mais ils n'avaient pas compris ce système d'échange. Tout dépend d'où tu places ton égo, je n'ai pas d'égo là-dessus, je sais que cela ne peut pas tenir tout seul, il y a des images que j'ai créées parce qu'une sculpture était là, ou qu'une photo était là, et inversement. Et ce qui n'empêche pas notre travail en solo. On revient au groupe de rock, ce n'est pas parce que l'on vit vingt-quatre heures sur vingt-quatre les uns sur les autres que ça va marcher, cela risque même de durer bien moins longtemps (rires) !

G: comment t'es-tu retrouvé à faire l'affiche de la Fête de la Scie ?

C: je devais faire une affiche pour la Fête de la Scie il y a deux ans mais je ne pouvais pas être là parce que j'avais un énorme projet sur Bordeaux. Du coup c'est Boiscommun qui l'avait faite, ce qui était parfait, en plus c'est un pote. Ceci dit j'aurais peut-être dû faire l'affiche parce que Bordeaux m'a planté grave et le projet ne s'est pas fait, je ne ferai d'ailleurs plus jamais rien à Bordeaux.

G: pour finir, y a-t-il une question que vous auriez aimé que je vous pose ?

Les Trois Caillasses, en choeur ou presque : ouais ben là ça va êt' un peu long à réfléchir là donc... Ben non.

 

© GED Ω - 28/05 2012

CD: BONNE, LA BRUTE, LE TRUAND, LA [Fra] ...Rien ne m'arrêtera CD (Nocturne) 2007

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