InterviewsLes propos des interviewés n'engagent que leurs auteurs.
06
Jui
2011

[Publié à l’origine dans Abus Dangereux N°119] 

 

Naguère leaders du groupe montpelliérain culte OTHSpi et Motch, ci-devant chanteur et guitariste de l’entité, remontent un projet rock du nom de SALUT LES ANGES qui tout en rappelant un passé glorieux amène son petit lot de nouveautés. Il répondent tous deux à nos questions au sujet de cette bonne surprise, ici et maintenant ! 

Qui a eu l’idée de ce nom, à quoi se réfère-t-il ? Faut-il voir un pied au nez aux noms souvent agressifs des groupes de la mouvance punk, voire rock en général ? 

M : Le nom du groupe n’est pas forcément un pied de nez mais il est plutôt atypique pour une musique comme la notre. L’idée est venue deSpi qui s’est inspiré d’un des titres de l’album qui porte le même nom. Je pense qu’à l’écoute de ce morceau et du texte, SALUT LES ANGESprend toute sa signification. 

S : On a tellement pris le rock pour la musique du diable et donc les rockers pour les démons ! Aujourd’hui les gens se sont rendu compte que les rockers sont des gens sains d’esprit et certainement plus que la moyenne, rebelles, exubérants certes, mais plus proches de l’ange que du démon. C’est ce même genre de public que l’on espère voir bientôt à nos concerts et disons qu’on les salue d’avance… s’ils existent encore ! 

On y est, il est temps de présenter l’équipe, on sait que Motch et Spi du grand OTH sont de la partie mais qui sont donc les autres musiciens et comment s’est effectué votre choix ? 

M : Le choix pour Greg, le guitariste, a été évident car compagnon d’armes dans tous mes projets depuis OTH avec qui l’entente a toujours été au beau fixe. Puis Kalou le batteur, que je connaissais bien aussi car nous avions partagé un même projet il y a quelques années. Le bassiste,Vince, quant à lui, m’avait contacté peu de mois auparavant et le feeling est passé de suite. Le choix de ces personnes est aussi musical, le groupe sonne comme Spi et moi l’entendions dans notre travail de préprod en studio. 

S : Je ne connaissais pas ces musiciens et quand on a commencé à jouer ensemble j’ai senti que ça allait le faire grave, musicalement mais plus important encore : humainement. J’ai vite compris qu’on partait pour une aventure exceptionnelle et je n’ai jamais raté une aventure exceptionnelle lorsqu’elle s’offrait à moi ! 

Dans une interview que Spi m’avait accordée l’année dernière pour le microzine [Sic], il semblait qu’un retour vers le rock et ses artifices était peu probable. Comment sa participation a-t-elle été décidée ? Du coup l’existence de LA GAUDRIOLE est-elle remise en cause ?   

M : A cette époque je n’avais plus de groupe, je passais mon temps dans mon studio à composer des instrumentaux, ça tombait bien ! Il ne manquait plus que les textes de Spi. Quel hasard ! Il a commencé à travailler sur ces titres. Le résultat nous a enthousiasmés, surpris même de retrouver si vite notre complicité. 

S : Pourquoi donc remettre en cause LA GAUDRIOLE ? Pourquoi mettre en opposition ce qui est complémentaire ? Le problème est que la plupart des gens ont perdu leurs racines, leur identité. En Bretagne par exemple, les rockers vont aussi au Fest-noz pour eux c’est l’héritage de leur peuple, leur tribu. Franchement avant que Motch m’appelle, je ne pensais pas me remettre à cette forme de rock (pour moi LA GAUDRIOLE est une autre forme de rock, écoutez bien). Même quandMotch m’a fait écouter ces instrumentaux, j’étais sceptique quant à mes possibilités de refaire un tel truc qui demande une telle énergie, je me sentais bien loin de tout ça. Mais j’ai quand même pris mon micro, juste pour voir… Quand je me suis laissé aller à chanter sur ces titres alors il y a eu cette sorte de révélation, à nouveau, vingt ans après, mon chant sortait avec une fluidité étonnante, je trouvais les mélodies comme un animal suit une piste au flair. Les textes de la même manière, dès que je plaçais un chant sur un titre je sentais de suite dans quel sens aller pour que ça sonne. Tout le répertoire est sorti en deux, trois mois. Et là je me suis dit : il se passe quelque chose. Là faut foncer ! Tant pis pour les décisions prises par le passé ! Et nous revoilà repartis sur les routes. Quelque part Motch et moi sommes intimement liés, et la musique deSALUT LES ANGES en est l’alliage. 

Motch, tu n’as jamais cessé de participer à des projets, rock pour la plupart, depuis la dissolution d’OTH avec entre autres PARADIS MINUITTHE HOP LA etc. Sauf qu’ici tu abordes la chose avec une puissance encore plus redoutable, il suffit d’avoir une oreille sur le tonitruant Guerre ! Et pourtant on y trouve aussi de la sérénité, dans la maîtrise comme dans les paroles... Quel est votre état d’esprit au moment de la composition des morceaux et comment procédez-vous ? Pouvez-vous nous dire quelques mots au sujet du choix des textes, des sujets abordés ? 

M : Comme je te le disais un peu plus haut j’avais en stock des instrumentaux qui ne demandaient qu’à être chantés, on a donc commencé à travailler dessus car dès que tu mets des chants, la structure change mais cela a été assez facile et rapide d’adapter ces compos avec une voix, c’est sympa que tu trouves la chose puissante et redoutable peut-être c’est l’évolution des choses, de l’expérience que tu acquiers au fil du temps et de tes diverses aventures musicales, et peut-être aussi une certaine frustration. Il parait que le vin ce bonifie avec le temps... 

S : Pour les textes, la musique est mon guide, en général le refrain. Je le fais tourner dans ma tête jusqu’à ce que des idées, des mots, une émotion s’y accrochent. Il faut que ça résonne en moi, je marche à la résonance, c’est peut-être ce qu’on appelle le feeling. Ensuite lorsque je rédige le texte j’essaie de ne pas me perdre dans la recherche de la rime ou d’un mot précis, j’essaie d’extirper le plus de matière possible avant que mon cerveau ne fatigue. Ensuite je peaufine : rimes, précision des mots mais aussi et peut-être surtout des sonorités des mots car il ne faut pas oublier que chanter rock en français ce n’est pas de la tarte ! Cette deuxième phase est de loin ce qui prend le plus de temps (et la tête). Je remarque que beaucoup de gens s’arrêtent à la première phase, au brouillon pour ainsi dire, dans ce cas autant chanter en anglais ! 
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C’est bien beau de nous donner des morceaux en pâture, à quand la sortie d’un album, il est apparemment enregistré, il contiendrait douze titres ? Savez-vous déjà sur quel label ou les tractations sont-elles encore à l’ordre du jour ?   

M : Pour l’instant l’album est prêt, on travaille actuellement sur la pochette qui sera réalisée par un dessinateur qui s’appelle Benito et l’album sortira sur le label Montpellierain Be Fast ! en septembre. 

Des dates commencent à s’accumuler, quelle est pour vous l’importance de la face live de SALUT LES ANGES ? 

M : La scène est l’étape finale de tout le job qui a été fait, et c’est là où toute l’émotion prend forme, le plaisir de partager un moment intense avec son public, apporter un peu de soleil aux gens. 

S : La scène, c’est l’authenticité et le plaisir de jouer ensemble, ce qui n’est pas le cas en studio. En studio tout est dans le contrôle, sur scène tout est dans le « lâcher ». C’est l’alchimie entre l’énergie des musiciens et celle du public. C’est phénoménal ! 

http://www.salut-les-anges.net/ 

P. S. : Chronique du disque ici.

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