InterviewsLes propos des interviewés n'engagent que leurs auteurs.
15
Nov
2020
kurt137 punk rock toulouse interview

[Écrit à l’origine pour le zine Akhatizine #2, gestation contrariée, refonte programmée, douleur qui ne passe pas]

[PK-TDC : Pat et Tom (réponse commune)
JL : Ji Luk
HD : Hadrien]

Sortez vos morts ! Et en même temps expliquez-nous pourquoi cet ajout de nombre au nom du groupe qui s’écrit maintenant KURT!137 (sans espace ? Avec ?) ?

PK-TDC : Nous avons rajouté le nombre 137 après KURT, qui s'écrit donc KURT137! (sans espace), pour une meilleure visibilité sur les plateformes électroniques.
Un peu lassé d'entendre à la fin de nos concerts que nous étions difficilement trouvables sur ces supports, qui sont devenus une fenêtre de visibilité incontournable.
Pourquoi 137 ? Parce que Césium.
JL : L'idée d'ajouter quelque chose à KURT! vient de moi, j'ai convaincu le groupe pour que nous ayons une meilleure visibilité pour être mieux référencés. Il y a beaucoup trop de Kurt sur la toile.

Sous le nom KURT! deux singles / EPs étaient sortis en 2016/2017 après un long hiatus (on oublie souvent le passé du groupe sur lequel vous pouvez revenir si vous le souhaitez), ils se caractérisaient par un punk rock’n’roll pas loin des SHERIFF, des RATS ou de la carrière solo de Pat Kebra, aviez-vous repris là où le groupe s’était arrêté ou redémarriez-vous après quasi-tabula rasa ?

PK-TDC : En effet KURT c'est reformé en 2015.
Ce line-up où l'on retrouve le batteur originel enregistra Non stop Dalton's et L'Algérie, single qui sortit en 2016 ; cette reformation explosa en vol.
Devant le bon accueil réservé au single par les radios ; Pat Kebra étant à la manœuvre promotionnelle, je décidai, avec Yves Roumagnac (ami de toujours) au management, de poursuivre l'aventure avec une nouvelle équipe. 
C'est à ce moment-là, qu'avec Tom DCA (batterie), Bélu (basse) et JLuc (guitare) nous avons commencé à bosser sur de nouveaux projets. En est sorti, dans un premier temps la compo, notamment de La Fille aux cheveux bleus que l'on retrouve sur le deuxième single sorti en 2017.
Nous n'avons pas fait table rase et l'on a gardé ce que nous considérions être le meilleur du set qui tournait en 1990.

JL : Le groupe a redémarré comme Pat te l'a expliqué... Mais aujourd'hui tout est différent, le son, le line-up.

Il s’est passé un long moment avant que KURT ne revienne hanter nos platines, Les Terres Brûlées n’étant sorti qu’en avril 2020. Le changement de line-up, les concerts et finalement l’épidémie ont-ils tous été pour quelque chose dans cet agenda ?

PK-TDC : Entre 2017 et novembre 2019, date de l'enregistrement du EP Les Terres brûlées, nous avons joué sur scène.
Le « Animal Liberation Tour » nous a fait voyager sur une quinzaine de dates. 
Cela nous a permis de croiser la route, à Bordeaux, Sète, Montreuil ou Tulle, des BRASSEN'S NOT DEAD, d'Arno Futur, SIDILARSEN, pour ne citer qu'eux. 
Quant au changement de line up, il s'est produit en 2016... Il n'a aucun rapport avec l'agenda. 
La formation de KURT étant la même sur la totalité de cette période avant que Bélu ne décide de quitter l'aventure, nous avons poursuivi en trio jusqu'en octobre 2020. 
Je tiens à citer Nico Slack, le bassiste qui a enregistré en studio avec nous Les Terres brûlées. 
L'épidémie nous a, nous aussi immobilisés ; pas moins de vingt dates annulées, mais à aucun moment il n'a été question de repousser la sortie du EP. 

JL : Nous avons privilégié les concerts pour gagner du public tout en composant. Le nouveau nom du groupe nous a pris aussi du temps. Malheureusement nous n'avons pu prévoir le covid19 qui nous empêche aujourd'hui de promouvoir notre LP
Depuis 2015 on ne croule pas sous les nouveaux morceaux, sur les deux EPs on trouve sur six titres pas moins de deux remixes dub et une reprise de Dalida. Qu’est devenu le répertoire d’antan ? Passe encore la reprise, pourquoi donc remixer au lieu, par exemple, de proposer du live ?

PK-TDC : En ce qui concerne les remixes dub figurant sur les deux singles, il se trouve qu'ils m'ont été offerts par des ex-membres de KURT!.
Je trouvais fort intéressant de ne pas laisser un morceau sous une forme unique et j'ai toujours beaucoup apprécié les remixes, qu'ils s'agissent de ceux de NOIR DÉSIR, comme de ceux de FEAR FACTORY.
Je me suis tourné vers Michel Gravil qui fut la moitié de NOVA NOVA duo Electro (F.Comm) et Jean-Mi de MORPH'X qui ont donné naissance à ces deux pièces. 
Pourquoi des remixes ? Parce que ça me plaît, même si cela ne fit pas l'unanimité au sein du groupe. 

JL : Je ne peux pas t'expliquer, pour ma part je suis contre les remixes et les reprises. Je ne fais pas l'unanimité.

Concernant le dernier disque, ce sont cette fois six titres qui nous arrivent en pleine tronche, le groupe a lui-même brûlé ses terres avec ses chapeaux de roue. De nouvelles colères, particulièrement par rapport à la cause animale, toujours plus bafouée et à laquelle nous portons aussi un grand intérêt ? Force est de constater que les compositions sont spécialement réussies, carrées et accrocheuses à souhait. Comment avez-vous abordé la composition ? En studio ? Sur la route entre les dates ? Travail de groupe ou compositions à auteur unique ?

PK-TDC : Il se trouve que la cause animale est défenduE par chacun des membres du « commando ».
Cette cause a influencé certains textes du EP, donnant notamment naissance à Les Oiseaux de proie et à La Vengeance du chien aveuglé.
Les animaux ont toujours été présents dans l'univers de KURT137!, voir Lâchez les chiens ou encore Moitié renard moitié loup.
La composition du EP Les Terres brûlées a été abordée de différentes façons. 
Certains titres comme Camarade humain ou Respire ont pris naissance lors de séances de répétition.
Les ébauches des autres sont nés sur la guitare acoustique de Tom DCA (le batteur) qui m'a aussi amené les mélodies voix, avant que tout ceci soit arrangé et mis en son par JLuc. 
Le tout a été mis en boîte en novembre 2019 au studio Mysound par Florent Charles, qui a enregistré, mixé et masterisé la galette

JL : La cause animale nous touche particulièrement. Trop de souffrance émise par des salopards.
Pat et moi abordons souvent ce sujet, Pat écrit, les répèts sont influencées.

Soutien de L214 et Sea Sheperd depuis un bon moment, votre non-serviteur se demande si vous êtes affiliés à des groupes activistes pour le droit de l’animal, le sujet étant devenu indissociable du discours du groupe, quitte à déranger comme nos oreilles ont pu en être les témoins ici et là ?

PK-TDC : Pour ma part j'ai découvert et rencontré Animal Liberation Front dans le milieu anarcho-punk, lors d'une tournée en Italie et je suis depuis un fervent admirateur de leurs actions. J'ai toujours adoré les opérations commando tels qu'ils les pratiquent, ce qui n'est pas sans me rappeler dans un autre domaine les opé d'Act Up.
Je soutiens depuis de nombreuses années l'association One Voice, en participant à certaines de leurs opérations, et financièrement lorsque j'en ai la possibilité.

JL : Non, nous sommes pas affiliés à des groupes activistes. Mais pourquoi pas, à suivre...

La pochette, dystopique et donc lucide, est-elle liée au morceau Respire ? Sommes-nous tous donc condamnés par la force des choses à, enfermés, chausser des dispositifs respiratoires puisque les géants de l’entreprise se foutent complètement des notions de pollution, de destruction de l’environnement, de l’absurdité des frontières ?

PK-TDC : La pochette n'a rien à voir avec la situation actuelle, puisqu'imaginée et réalisée en amont de la pandémie, mais certainement pas tout à fait innocente car depuis un certain temps nous avons vu la main de l'homme continuer à agir en négatif sur la planète sans comprendre que nous allions charger.. Nous y voilà, la vengeance du chien aveuglé frappe !!

JL : Tu as raison, l'idée de vivre masqué comme sur la pochette me terrifie. Mais regarde, nous en sommes déjà très proche non ? 

HD : La réponse n'est pas si évidente. Les gens qui sont responsables de ce carnage ont une famille, des descendants. Et faire une bulle climatique est trop compliquée à mon sens. Donc quelque part, ils savent que leurs enfants vont prendre cher.
À cela il faudrait rajouter des changements politiques drastiques à l’échelle du monde. C’est faisable. Je ne sais pas si je le verrai un jour.

Le désespoir qui devrait être de mise de nos jours n’empêche pas l’humour, l’ironique Camarade humain le rappelle, pourquoi ne pas tout abandonner au courant de ce gigantesque torrent de connerie qui déferle, pour qui y croire encore ? Où trouver le courage de ne pas devenir méchamment misanthrope comme nous le revendiquons sans honte ici après des années de travail de sape ?

PK-TDC : Fais confiance à ton prochain camarade humain, regarde le venir vers toi souriant et avenant...

JL : Non je suis pas misanthrope mais pour certains la méchanceté et la bêtise en font des pires. 

HD : La haine c’est un formidable moteur, mais l’entraide et la générosité, même si c’est décrié et montré du doigt, ça reste extrêmement puissant et productif. De toutes façons, réfléchir, et être en colère, c’est deux choses incompatibles.

Certains parviennent à organiser quelques micro dates par-ci par-là, quel est l’état du toulousain dans ce bordel sans nom ? Allez-vous succomber vous aussi à la triste mode du live confiné et diffusé sur le net ? Aux concerts assis peut-être ? Il y a de quoi désespérer là aussi mais pour le moment qu’envisager d’autre ? L’Art musical doit-il se réinventer ? Patienter ?

PK-TDC : Nous avons interrompu les concerts au mois de mars, hormis deux dates, dont une privée en octobre..
Rares concerts cette année.
Jusqu'à quand ?? Mystère.
En ce qui concerne les lives confinés et diffusés sur le net, aucun de nous n'a envisagé cette possibilité.
Espérons que l'on verra les gens debout, en sueur danser sur le brasier.
Pendant ce temps KURT137! ronge son frein.

JL : L'art musical et tous les métiers du spectacle en ont pris un sacré coup. 
J'espère vraiment que nous retrouverons des jours meilleurs. 
Tu dis des concerts de rock assis ? Tu m'aurais dit ça il y a six mois, je t'aurais rigolé au nez, mais aujourd'hui pffff. 
Je suis triste. A suivre... 

HD : Pour ma part, le live devant caméra est une bonne expérience, et j’ai moi-même apprécié de regarder des « concerts Facebook », comme ULTRA VOMIT. Mais ça demande des lights et des caméras, aussi. Faut pas que ça soit plan-plan.
Le concert assis physique, c’est pour moi un retour en arrière. Je préfère rien, plutôt que de m’asseoir pour écouter de la musique énervée.
On ne sauvera pas nous-même la culture : elle survivra toujours, l’Histoire nous l’a prouvé.
En attendant on a la chance de pouvoir produire beaucoup plus facilement à distance qu’il y a trente ans. Et c’est à creuser.

Si vous avez un message à faire passer, des dates à annoncer (croisons les doigts, pour ceux qui y croient), c’est le moment, This is the end, merci d’avoir pris le temps de dire oui à un fanzine papier, recyclable à l’infini et au toucher indispensable à notre humble avis. Libération animale ou mourir !

PK-TDC : Merci à vous de soutenir le Rock indépendant. 
À très vite j'espère dans les salles de concert.
Bienvenue à HD qui remplace Bélu depuis 2 mois.
La batterie c'est la vie, keep the groove dixit Tom DCA.

JL : Protégez-vous pour protéger les autres. Que ce Covid19 aille aux portes de l'enfer pour que nous puissions repartir sur les routes retrouver notre public. 

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