Chroniques CD
08
Nov
2015

Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note !

[Machin écrit entre 7h53 et 7h58 le 02/03/16 sous l'influence de la pochette :

Et en un clignement d’œil je le compris : c'était la Pierre de ma Montagne qui me voulait, une Montagne que j'avais trahie en y enfermant dans une grotte un de ses fils les plus chers. Et j'avais beau courir en essayant d'éviter les griffes des branches, la Forêt serait toujours l'alliée de la Pierre ancestrale. Quand je cessai, à court d'haleine, de fuir si vite, des étourdissements me prenaient, des visions d'horreurs me prenaient, la folie me prenait : n'était-ce pas là-bas ma victime pendue par le cou ? Mais, plus horrible encore, pourquoi était-elle pendue vers le haut ? Peut-être parce que le Ciel, un autre allié de la Pierre, condamnait son enfermement et l'appelait parmi ses hauteurs ? La vision était atroce, je voyais la matière molle de ses yeux vides, blancs et à l'envers, tressaillir à chaque violent soubresaut qu'imprimait l’inexplicable attraction vers le haut. 

Et en un clignement d’œil ma victime disparaissait pour réapparaître à un autre endroit, comme l'image furtive d'un ninja sautant de branche en branche. Plus ça allait, plus sa langue - bleue ! - sortait longue de sa bouche, enveloppée d'une écœurante bave, un bruit ou un souffle en plus de cette intolérable vision et j'aurais défailli ou fait sous moi. Mais voilà que ma course m'amenait à l'orée de cette maudite sylve bien que je n'y reconnaisse rien des souvenirs que j'en avais. Du dernier chêne, d'un âge canonique, sous lequel je me hasardais émanait un bruit étrange, liquide, une cascade... C'était du sang qui fusait de son tronc, encore une fois en direction du Ciel, ma victime ne méritait pas l'Enfer, c'est le message que je lisais dans cette horrible scène de laquelle je ne pouvais décoller mon regard, c'est bientôt vers mon visage que fut dirigé le lourd jet rougeâtre, bientôt je ne respirerais plus tant le raisiné s’engouffrait dans une bouche bée après une pleine vie de blasphèmes railleurs. 

Et en un clignement d’œil les Arbres, la Forêt, le Ciel n'étaient plus, je faisais face à ma victime qui avait surement dû crever de peur puisque son visage s'était desséché dans un masque horrible de cri, ses lèvres s'étaient plissées en un rictus épouvantable, ses yeux n'étaient que trous noirs où logeaient d’infâmes mouches blanches aveugles dont le bruit du déplacement me retournait les tripes. De profonds et douloureux hoquets me prirent quand le cadavre se mit à tressaillir sous l'effet de rires déments, empoisonnant la pièce d’une haleine maudite. 

Et en un clignement d’œil c'est moi qui étais attaché à sa place et lui avait repris sa forme de vivant, il trifouillait frénétiquement dans sa poche pour en sortir son horripilant petit miroir de voyage, ce que je vis me plongea pour la dernière fois dans la folie la plus pure, les grosses mouches blanches aveugles grouillaient maintenant dans des cavités, celles de mes yeux !]

Heureusement qu’il y a l’indus, le rituel, l’ambiant, le dark machin, le martial, le drone et l’occultruc, pour vous permettre de nommer comme vous l’entendez les éléments que vous croiserez forcément à l’écoute de cette étrange chose, les étiquettes hein, c’est pas vraiment le quetru de la zonmai. Ce qui est sûr, c’est que certaines conditions doivent être réunies pour pouvoir se balader là-dedans en étant sûr de perdre le sens de l’orientation, quelque chose de finalement pas très utile sur les sentiers tortueux de l’expérimentation. Éteignez le soleil, faites silence et munissez-vous, pour un effet optimal, d’un casque que l’on prendra garde à bien serrer autour du bocal. A partir de là, bon courage.

Car le climat est tendu, voire menaçant, et quand les voix spectrales surgissent dans cette lente procession de pierre, de bois et de fer, parfois nimbés d’une brume électronique, ce n’est pas pour souhaiter la bienvenue, mais sûrement pour avertir. Prends alors garde compagnon si tu crois tomber sur une énième resucée de choses à la mode qui cachent dans des bruits l’incapacité des protagonistes à être de vrais artistes / aventuriers. Non seulement les musiciens derrière ce projet ont déjà largement fait leurs preuves avec leurs groupes respectifs 1, mais on sent surtout qu’ils ne plaisantent pas avec l’effet laminoir shamanique qu’ils veulent imprimer sur le cervelet, forcément un peu givré, de l’innocent auditeur. L’invitation au voyage se fait ici en l’intérieur, et on se voit subrepticement errer dans une grotte dont on devine que seule la mort serait la seule façon de retrouver une sortie. Tenter de lutter ? Survivre ? Alors gare à la danse des pierres sous le pied qui faussent le ressenti, gare aussi au silence pas forcément bienveillant. Et si c’était finalement l’air lui-même qu’on avait domestiqué là, ce souffle des profondeurs humides qui ferait office de Sirène pour faire couler le navire de la raison ?

http://coberord.blogspot.fr/

 

1 voir pour commencer SUS SCROFA [Fra] Sinistre sylve (Nomos Dei Prods) 2016  

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