InterviewsLes propos des interviewés n'engagent que leurs auteurs.
21
Oct
2019

Découvert à l'occasion de la sortie d'un split fort chouette 1

nous avons décidé d'envoyer quelques questions au groupe réunionnais PLUTO CREVÉ qui, figurez-vous, vient nous faire une visite bientôt, informez-vous donc, et partagez, ça ne mange pas de pain et le groupe mérite votre soutien !

 

Formé en 2012 à la Run, un groupe choisit pour nom PLUTO CREVÉ... Doit-on sentir là une aversion pour le monde ultra-capitaliste Disney ? Un jeu de mots jeté un soir pendant l'apéro ? Une référence au « putain de clébard » des SHERIFF ou au « Interdit » d'O.T.H. ?

Il y a naturellement pour nous une aversion pour le monde capitaliste en général… et une forte influence des apéros. C’est aussi une devise face à certains aléas de la vie.

Les membres du groupe ont-ils eu d'autres d'expériences rock'n'roll avant de se retrouver dans le même local de répétition ? Peut-on au passage parler d'une scène réunionnaise dans le rayon hardcore / punk / metal (ici on connaît TUKATUKAS et le MOTHRA SLAPPING ORCHESTRA mais pas grand chose de plus...) ? Et un public correspondant ? Conseillez-nous des gens à écouter, à lire (fanzine ?) !

Chacun de nous a eu un parcours à travers de précédentes expériences musicales, ici ou en métropole (et encore maintenant). À titre d’exemple, Lulu, Marko et JL jouaient notamment dans THE CIRCLE-A avant que PLUTO CREVÉ ne se forme, et Marko joue depuis quelques années au sein des TUKATUKAS également.

À La Réunion, il y avait surtout une scène métal, mais depuis 2007 nous avons une scène plus diversifiée, allant de la noise au hardcore, et de tous temps, il y a eu un public féru d’expériences rock en tous genres. (cf le livre Bourbon Rock de Thomas Arcens et Vincent Pion aux éditions Corridor Bleu).

Hormis les groupes que tu as évoqués, on peut citer PAMPLEMOUSSE, WARFIELD et THEE ORLANDO'S.

En lectures, on vous conseille Le Dégourdi Sans Malice (DSM, pour les intimes : LE fanzine de La Réunion, depuis bientôt 10 ans), et le blog de Ibuse (ibuso.over-blog.com).


La première sortie discographique date de 2018 si nos registres sont à jour, ils vous a donc fallu pas moins de six ans grosso modo pour bâtir un petit répertoire ou avez-vous préféré vous concentrer sur l'aspect répèt' / live des compositions avant d'entrer en studio pour de bon ? Comment l'idée de partager un disque avec les copains havrais est-elle venue ? Comment le choix des morceaux s'est-il fait ?

On s’est effectivement concentrés sur les répètes et les concerts (qui restent notre principal plaisir), au départ, et on s’est fait une tournée à travers 6 pays d’Europe et 23 dates en 2014. En 2015, on avait enregistré un titre pour la compilation locale Maudit Tangue, puis on a eu un changement de line-up avec le départ de notre batteur Ienien. Nous avons mis environ un an avant de repartir avec Julien à sa place, et c’est à peu près à cette époque, fin 2016, que CHUX BOLLOX nous ont contactés afin de faire ce split ensemble. Entre temps, nous avions mis un peu d’argent de côté grâce à différents concerts, ça tombait donc plutôt bien. Pour le choix des morceaux, ce fut assez simple, on a enregistré ceux que l’on maîtrisait à l’instant T avec cette nouvelle formation.

Au niveau textuel, si le groupe n'hésite jamais à bourrer d'humour certains de ces morceaux, on est tout de même interpelé par Kropotkine et Reclus dès l'entrée, l'anarchisme fait-il donc partie intégrante de la philosophie du groupe ? L'internationalisme n'est pas loin non plus avec des paroles dans des langues aussi variées que le français, l'anglais et...hm...cet idiome mystérieux sur Hey ! So... L'insurrection qui vient est-elle vraiment pour bientôt ?!

Oui, bien sûr, le groupe est pleinement imprégné d’anarchisme, on ne peut s’en cacher. L’humour pince-sans-rire aide à faire passer des messages, en grossissant les traits, sans tomber dans un style moralisateur ou trop pompeux. Les textes en anglais, quand à eux, font principalement référence à des clichés du rock’n’roll, il s’agît de clins d’œil. Quand à l’idiome mystérieux, il restera mystérieux à jamais !
Concernant l’insurrection qui vient, nous l’attendons, comme beaucoup, depuis longtemps, et nous ne cessons de l’espérer !

Côté musique, les morceaux montrent des facettes fort différentes - sans nuire à l'homogénéité de l'ensemble ceci dit - le punk rock classique, le crust, la fusion hardcore (un peu entre LOFOFORA et ZEPPO par exemple ?), les touches metal, qu'écoutent donc les membres de PLUTO CREVÉ pour composer ce cocktail du genre explosif ? Doit-on d'ailleurs s'attendre à des surprises sur scène, genre nouveautés, reprises, numéros de claquettes ?

T’as tout compris, on écoute de tout, dans des styles aux extrêmes du punk rock de base (du trip hop au hip hop jusqu’au crust et au hardcore), mais aucun de nous n’est fan de LOFOFORA. La fusion des styles que l’on pratique, notre démarche, peut cependant se rapprocher de la leur.
Vu que la tournée sera en hiver (chez vous), on viendra sans les claquettes (tongs réunionnaises), mais avec de nouveaux tubes pour décrasser vos oreilles !

© Sarah Lenormand

Alors que PLUTO CREVÉ annonce son Punk Monkeys Tour 2019 en Europe, on s'aperçoit qu'il en a fait un précédemment en 2014, peut-être pourriez-vous partager quelques souvenirs de cette épopée ? Les contacts à cette époque vous ont-ils servi pour monter cette nouvelle promenade ? Comment vous organisez-vous pour pouvoir venir de si loin pendant pas moins de deux semaines ? On suppose un voyage long et onéreux, un détournement d'avion est-il au programme ou le groupe a-t-il sagement économisé pour envahir Macronland ? En sens inverse, certains parviennent-ils à venir jouer chez vous ? Y a-t-il de quoi recevoir, sans parler rhum arrangé ?

Oui, on a fait une tournée en 2014. Si tu n’étais pas là, t’as eu tort ! Nous avons bien sûr des tonnes d’anecdotes sur le sujet, mais nous ne les racontons qu’en fin de soirées autour de quelques bières ; c’est vachement plus sympa, et ça fait d’autres anecdotes à raconter dans des interviews !
Cette tournée se fait bien entendu grâce aux contacts que l’on avait avant et ceux que l’on s’est fait lors de précédents voyages (merci les gars !). On avait d’ailleurs un contact avec Johnny, mais il est Pluto Crevé désormais.
Le voyage est long et onéreux, on a payé les précédentes tournées grâce à nos concerts ici sur le caillou, et on a heureusement toujours été aidés par les potes sur place, qui nous ont prêté du matos et des véhicules.
Cette année, pour une fois, on a réussi à se faire subventionner les billets jusqu’en métropole, grâce au dispositif FRAM du PRMA de La Réunion, et on se paye les billets jusqu’en Espagne.
Bunny le lapin fou et Jean-Guy nous sauvent une fois sur Paris et nous permettent de faire une tournée internationale en R25, excusez du peu !

Je m''arrête là pour le moment, on fera le reste live si on arrive à se croiser, si vous avez un message à faire passer aux lecteurs, c'est le moment, à bientôt sur la route !!

Ben, venez nous voir aux concerts, motherfuckers !!

Question subsidiaire : mon copain Jace, graffeur émérite, a-t-il fini par entièrement recouvrir l'île de la Réunion de ses fameux gouzous ?

Les Gouzous poussent moins vite depuis qu’il est payé par la région !

1 voir CHUX BOLLOX [Fra] / PLUTO CREVÉ [Fra] A split world (Maudit Tangue / Keponteam.org / Ronce Recs / Trauma Social / Noc Prod - 2018).

P. S. : La tournée à ne pas manquer : dates ci-dessous, faites tourner !!

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