Rendez-moi mon rade bordel !
C’est vrai que parfois on aimerait ne pas entendre toutes les conneries qui émanent du bord du zinc, seulement il est un seul endroit où l'on se sente bien dans une ambiance comme celle des Halles à Béziers, c'est le Marina de chez Raymond Garcia.
On y retrouve le vrai plaisir que les gens ressentent à se croiser pour prendre une tasse, d'échanger leur dernière aventure (nous c'était le braquage dans le tabac à proximité et c'est hilarant de se remémorer le « Arrête ou je te fume ! » gueulé avec un accent bien d'ici par un bonhomme pas vraiment bâti pour la course de vitesse), on se sent accueilli par quelqu'un qui aime le contact des gens et a la patience d’en supporter les plus étranges, l'andouille au téléphone reste en haut du sommet de notre classement des malotrus les plus infâmes que nous ayons pu rencontrer sur cette petite terrasse sise sous l'armature séculaire de ce marché couvert qui ferait presque concurrence à celui pourtant presque hors concours, celui de Narbonne 1.
Toutes les professions et conditions se croisent autour d'un verre que sert le débonnaire Monsieur Raymond sous son toit factice dont les poutres sont ornées de fleurs de plastique délicieusement surannées, on est bien là, auprès de gens vrais ne se dissimulant pas sous un masque (moral) factice ou des manies de parvenu, l'endroit est comme figé dans le temps, un temps qu'on aimait bien : celui où les gens faisaient gaffe aux autres sans avoir à se coller un masque sur la tronche, où les gens s'occupaient de vivre avant de s'occuper des problèmes de la planète qu'on laissait en main de grands bonhommes en costard qui faisaient leur possible pour ne pas s'y connaître de trop, le passé dont on aurait pu faire un beau futur si les gens n'étaient pas devenus des « j’en-sais-plus-que-tout-le-monde », « j’en-veux-toujours-plus » et tous les autres.
Tant qu'il y aura des Marina, il restera des gens pour rigoler autour d'une bonbonne de café, d’une bouteille de blanc, ici on en vend surtout aux fidèles, c'est sûrement pour cela qu'on leur trouve un meilleur goût : l’impression d'être un privilégié au milieu du nid douillet assemblé par ceux qui voudraient ralentir le temps l'espace d'un instant.
Passez donc faire un tour chez Raymond, on veut croire qu’il rouvrira bientôt son petit portillon de western biterrois, cet endroit où le Carpe diem, même avant une matinée de boulot, prend tout le sens de sa signification…
Rendez-moi mon rade bordel !
1 voir Narbonne : L'idée Halles.
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