Chroniques concerts
26
Aoû
2013

Adossé à un platane because fatigue là et bien là, le mix de FAKEAR passe plutôt bien en digeo,

on jongle ici avec de la bande originale de manga, des choses plus hindouisantes, on les confronte à des rythmes et des saveurs beaucoup moins exotiques. Le garçon a l’air sympa comme tout et est bien accueilli par le public précoce, une belle prestation à saluer. Pour saluer le death-y-dément tenace retour du short en jeans, avec des modèles customisés de toute beauté, voici venir les JUVENILES, groupe apparemment traumatisé par les années 80, encore un, et qui donne dans l’électro-pop qui porte bien son nom (juvénile quoi…) mais dégage en même temps suffisamment d’énergie pour galvaniser la foule. Par contre ce sera plutôt la sieste pendant BALTHAZAR qui n’est pas forcément le groupe rêvé pour hell-ectriser un auditoire assommé par le soleil très chaud sur Beauregard, soleil qui va par contre (surprise ?) rappeler le pays à la belle OLIVIA RUIZ

 

C’est d’ailleurs ici tout de suite que l’hallucination se fait clarté : entendre l’audoise, bronzé, après avoir bu un pastis, y a un sushi quelque part là non ? On est à Caen nom d’un Gillot-Pétré ! Un petit préambule à la traversière sur une mini-scène et Olivia, image d’une Esmeralda irrésistible, « belle à t’en crever les yeux », avec la gouaille d’une Lio (celle des années 80, celle qu’on aimait quoi…) et un petit côté démon que l’on adore croiser sur sa route mène un groupe à dominante rock et ce même sur les morceaux plus sombres qui apparaissent ça et là sur la setlist. On note d’ailleurs une très jolie version d’abord mélancolique puis swinguante à souhait de Je traîne les pieds, repris par un public forcément conquis et quand le concert vire au triste sur la fin avec la tempête qui monte, une facette très sombre du répertoire et de l’artiste elle-même apparaît malgré la chaleur d’enfer qui semble régner sur scène et le groupe donne tout, et dans la bonne humeur ! Next time quelqu’un pourrait se débrouiller pour lui prêter un chapeau classe quand même ! 

 

Un petit régal qu’il faudra garder en mémoire pour survivre à la prestation de BENJAMIN BIOLAY, qui n’a pas vraiment les faveurs de la maison, ce qui résonne au loin, même si infiniment plus rock que ce à quoi on peut s’attendre, n’inspire pas un déplacement fastidieux entre les corps en voie de brunisation, procédé peu répandu dans ces contrées aux précipitations habituellement courantes (comme par exemple l’année passée aux dires des vétérans) donc c’est l’impasse mais il ne sera pas dit que la Church sera injuste, rendons hommage à Biolay qui n’hésite pas à aller au devant de ses fans en mec simple et sympathique, ce qui n’est pas le cas de tout le monde, loin de lààààà. 

 

Pendant ce temps, dans une pièce obscure du château, Nick Cave attend son heure... 

 

Les HIVES !! Eux aussi face à face avec , ils sont hélés à coups de « bâbord / tribord » comme les jours précédents. Les suédois débarquent à grands bruits de cuivres comme dans les vieux films puis défouraillent d’emblée les (grosses) guitares et les voix éraillées comme il se doit. Et ils sont chauds, à leur habitude, et Harry hurle même en français (Merci beaucoup la famille française !!) entre les morceaux de rock hargneux avec bass-tom et caisse claire atomiques sa joie de se voir offrir un château mais en grand généreux il propose aussi sec, et les autres HIVES semblent ok, qui si jamais quelqu’un passe devant, qu’il n’hésite pas à toquer, les HIVES seront là pour recevoir. Descendants d’AC/DC, des RAMONES et des STOOGES, bruyants et gouailleurs, les HIVES sont vraiment d’adorables fous furieux (We’re on fucking fire toniiiiight !!!), merci !! Le rappel (Are you ready to explooode ?!!!) achève les blessés, the end, aaagh. 

 

Pendant ce temps, dans une pièce obscure du château, Nick Cave, tapotant un bras de son fauteuil du bout de ses doigts lourdement bagués, se fend d’une ride que certains nomment « sourire », le château est à LUI bordel, pour toujours… 

 

On l’apprend dans la semaine, c’est SKIP THE USE qui remplacera aux Déferlantes d’Argelès-sur-Mer (voir THE HIVES [Swe] + IGGY POP & THE STOOGES [Usa] + SKIP THE USE [Fra] + BB BRUNES [Fra] + ASAF AVIDAN [Fra] + JAKE BUGG [Usa] + LESCOP [Fra] + LOW BOW [Fra] à Argelès-sur-Mer, Déferlantes le 09/07/13) le MOTÖRHEAD de Lemmy souffrant de problèmes défibrillatoires, on en pleurerait presque, on se contente de rester loin de la scène, ok le rock est solide mais ne comblera pas les durs de durs, d’autant que le son en général rappelle SHAKA PONK que l’on ne peut souffrir ici, les goûts c’est comme ça, ça s’explique pô. Assis sur un rocher surplombé par de belles roses rouges en plein quartier « vieille pie », on se rend compte que c’est - finalement - chouette d’être « reconnu » quand on bosse comme un damné pour vivre de sa passion sans y parvenir, des moments comme ça, insignifiants pour les blasés de naissance, valent des millions pour les gens simples et honnêtes. 

 

Ne faut-il pas la nuit pour apprécier pleinement les BAD SEEDS de Mister Cave qui fêtent leur trente ans de carrière ? Non, ça marche à la première seconde, crac un From here to eternity dantesque, mais aussi TupeloInto my armsHiggs boson bluesThe Mercy seatStager LeePush the sky away et en rappel, We real cool. Un prédicateur gourou dingue qui chope les mains et ne les rend pas, les serre même et s’adresse à chacun d’entre nous, possède littéralement chaque centimètre carré du lieu, nous emmène loin pour brutalement nous rebalancer parterre les quatre fers en l’air. Waw. 

 

Après ça, DEAD CAN DANCE entreprend de faire planer Beauregard au moyen de ses compositions si particulières entre world music et new-age, mais ça ne prend pas forcément, les morceaux sont magnifiques mais être entourés par des imbéciles qui passent le concert à se gausser du groupe rend les choses difficiles, au pugilat qui s’annonce on préfèrera la fuite, de plus C2C qui commence est peut-être la cerise en trop dans le kouglof après toutes ces belles choses, voir passer l’ange Olivia aller danser suffit à inspirer un retour vers les calmes berges du repos et puis, faut bien redescendre dans le sud maintenant, charger le matos, rentrer, roupiller, repartir via (I LOVE !!) LH, Paris, Montpellier, Clermont-L’Hérault sur Argelès. 

 

Pendant ce temps, dans une pièce obscure du château, Nick Cave s’en bat un peu l’œuf de tout ça mais au fond il le sait, si quelqu’un pouvait lui reprendre Beauregard, ce quelqu’un aurait un nom. Et son nom serait Personne

 

Spéciale Ged-y-casse à Stéphane Livonnen, incroyable hybride de Robert Begnini chez Jarmusch et du Pierre Richard du Distrait, mais aussi aux trois naïades LéaLucie et Anne-So. Et évidemment à Justine, tellement bien cachée qu’elle fut peut-être, quelque part, un mirage…

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