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Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note ! |
Genre : adaptation d’autobiographie érotisante et exotique
Scénar : en Indochine, Marguerite Duras a quinze ans et demi quand sa vie est bouleversée : alors qu’elle rentre à Saïgon par le bateau qui traverse le Mékong , elle est accostée par un riche chinois qui lui propose de l'emmener à destination dans sa luxueuse voiture. Lui a trente-deux ans, est fils d'un veuf opiomane et tente direct de s'approcher de la fille qui se laisse faire. Commence un jeu de séduction auquel elle n'est pas la moins douée, elle demande toutefois à l’homme de ne pas l'aimer mais de faire comme avec les autres femmes qu'il rencontre. Il en est troublé mais s’exécutera, il devient l'amant… Plus dur est le retour au pensionnat où se profile une existence morose, ces premiers émois de fin d'adolescence, l’éveil du corps et des envies - très chastes au début, beaucoup moins ensuite - précipitent celle qui souhaite déjà écrire dans une passion hors-norme.
Jean-Jacques Annaud persévère dans le grand cinéma en variant à chaque fois les sujets, les pays et les ambiances 1, cette fois c’est l’Orient moite et sensuel évoqué par Marguerite Duras dans le roman du même titre que le film qu’il choisit de mettre en image. Du générique entre peau et papier à la voix profonde de Jeanne Moreau, des superbes paysages de cette reconstitution de la Cochinchine de l’entre-deux-guerre à la crudité de cette « garçonnière » au cœur d’un quartier mal famé, se jouent les jouissances sans entraves, les peaux qui se touchent et suent au même rythme, l'atroce violence de l'amour quand il terrasse sans prévenir, bouleverse pour toujours comme un coup terrible que jamais rien ne fait oublier, comme un souffle coupé dans le feu de l'action que rien ne fera jamais aboutir, pas même l'Éternel champion, le Temps lui-même, la maladie de l'espèce ?
L’ambiance est feutrée, la musique itou, L’Amant est en tous points un film d'une grande beauté esthétique, peut-être pas toujours passionnant (le rythme général, peut-être dans une volonté de lascivité, se révèle quand même un peu lent, on peut du coup parfois trouver le temps long) mais les images sont belles et les acteurs au moins autant, Jane March, bien que souvent balafrée par un rouge à lèvres (comme d’habitude) fort laid, a une présence captivante face à son homme tout autant que confrontée à une belle famille de cintrés qui malgré la banqueroute jouent la cruauté des colons dans le rapport avec des gens qu’ils pensent inférieurs, Tony Ka Fai Leung interprète assez bien la gêne que ressent un généreux puissant pour des has-been prétentieux, mais aussi la souffrance d’un homme à qui l’amour physique ne peut suffire, L’Aimant serait sans doute plus approprié…
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