Chroniques vinyles
15
Juil
1999

Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note !

joli garçon pop rock sète vinyle

À la charnière des années 1970-80, la ville de Sète, petit Le Havre qui ne va pas tarder à se faire connaître grâce à des évènement cruciaux pour l'histoire et la diffusion du rock dans le Languedoc et ailleurs,

a pu jadis s'enorgueillir de la présence dans les rangs de sa scène rock locale (permettez que l’on s’exprime ainsi même si le concept était sûrement embryonnaire) du groupe (formé à l’été 1979 selon certaines sources, l'année précédente selon d’autres) JOLI GARÇON, gang de musiciens qui n’a pas eu peur de se frotter à des personnages tels que O.T.H. (pour l’inauguration de la salle Victoire), Iggy Pop, THE STRANGLERS ou encore Elvis Costello et ses ATTRACTIONS.

Leur foi en leurs compositions poussent certains membres à envahir Paris qui plie sous l’attaque démo, c’est la major CBS qui emportera le morceau, un évènement non négligeable pour un si jeune groupe. Fin 1980, l’album Tarawa (Pacifique) est parachuté dans les bacs en même temps (?) qu’un 45-tours, Noix de coco 1. L'album se distingue par un rock en français pince-sans-rire aux messages crus et lapidaires sur un rythme qui rappellerait presque au départ KRAFTWERK, le taux d'électronique largement castré. Parlant d'électronique, Mate mes chromes investit la synth pop balbutiante pour faire dans le néo dandy, Boulimie est forcément bien moins sexy dans l’approche et pourtant cette mélodie obsédante pousse presque à la danse sous la boule à facettes. Joli garçon, crypto-gothique, et, sûrement « un garçon comme les autres », Scout Jean-Yves, chant de feu de camp sulfureux aux saillies pop imparables, terminent la face de manière plus calme mais aussi troublante. Si les guitares ne fuzzent pas, les allusions fusent…

La face B (Plage de Betio, celle près de Monaco ?!) réserve elle aussi son lot de bonnes surprises : si Noix de coco sonne un peu comme le morceau que l’on prendrait presque pour une vraie-fausse tentative de tube (ce sera d’ailleurs le single de l’album), Roboribus (face B du dit single) se voit déclamé en latin sur un rythme de simili-jazz de navette spatiale, Dance Fixed (comme marqué par la bande à Spi ici et là, surtout ce refrain scandé à la martiale) et le tube tendu Fall up the Kinder jonglent avec l’anglais tandis que le très rythm’n’blues / post-punk Neun O Neun est carrément livré auf Deutsch, fallait oser dans une région où le germanique n’est toujours pas en odeur de sainteté. Satan sait pourtant que l’allemand est une grande langue de rock ! Face de prune (Tarawa) clôt le disque en raillant gentiment - et avec raison - un Buck Danny définitivement très vieille France. Franchement, on ne voit pas ce que l'on pourrait retirer d'un album vraiment chouette du début jusqu'à la fin, le succès aurait été mérité.

Musicalement JOLI GARÇON a su bâtir un univers vraiment personnel et fascinant, et c’est peu dire que les visuels y sont aussi pour quelque chose : la chouette couverture dont le recto joue le chaud et le froid en évoquant le transhumanisme peut-être, ou tout simplement la solitude d'un être au milieu de gens superficiels avec qui il faut pouvoir s’acoquiner pour prendre sa part à la société ? Le verso est lui digne d’un travail qu'aurait commis dans une dimension parallèle le collectif Hipgnosis, pour les STRANGLERS par exemple, because le choix des noir, blanc et rouge. La photo en négatif de la pochette intérieure est aussi très jolie, et on trouve derrière toutes les paroles de l'album !

Pour conclure, la chose est sortie en cassette mais jamais en CD, peut-être une erreur qu'il faudrait aujourd’hui réparer, du moins pour les nostalgiques d'une époque où l'iconoclastie n'était pas encore un symbole de mode pathétique de plus, et puis des enregistrements postérieurs existent, n’est-ce pas ?!

« T’es beau, t’es moche, t’es con », certes, en tout cas tu as un bon disque dont on ne trouve pas vraiment de coup de vieux à la production !

1 voir JOLI GARÇON [Fra] Noix de coco 7’’ (Epic / CBS Disques - 1980)

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