InterviewsLes propos des interviewés n'engagent que leurs auteurs.
13
Juil
2014

[Publié à l'origine dans Abus Dangereux N°125] 

 

Un lieu d'art total qui rassemble son public autour d'une seule passion, celle de la liberté. De créer, de s'exprimer, de vivre comme on l'entend. Ce lieu montpelliérain est actuellement en danger, rencontre donc avec Marc Hacquet, un des fondateurs de l'asso Lola Product pour en savoir plus. Faites de même, vite, encore et encore, les activistes DIY ont besoin de votre soutien. Surtout en ces temps où les coups de boutoirs administratifs, pour différentes raisons mais quand même, tombent sur la Miroiterie (Paris, R. I. P.), le Volume (Nice) ou encore la Secret Place (Saint-Jean-de-Védas)...

L'association Lola Product naît en 1991 pour d'abord promouvoir les groupes personnels des membres mais aussi leur vision de la culture rock. D'où la publication de compilations dès le début des années 90 sur CD et sur vinyle. Après, la bande s'expatrie quelques années en Espagne : « J'ai participé avec Sylvie, une des co-fondatrices de l'asso, à la mise en place d'un local à Madrid qui s'appelle le Rock Palace et qui était une petite salle de concerts mais comprenait aussi trente-six locaux de répétition et un studio d'enregistrement que j'ai eu l'occasion d'installer là-bas ». L'expérience de cette scène rock madrilène à l'époque très active avec des labels comme Safety Pins, Kike Turmix, les Pleasure Fuckers leur permet de se nourrir de la culture des groupes qui venaient répéter et enregistrer à Rock Palace mais aussi d'un réseau déjà connecté aux quatre coins de la planète. 

Il est pourtant déjà temps de repartir : « Différentes raisons nous ont poussés à revenir en 1997 dans le coin, des raisons de santé entre autres… Et rapidement on s'est demandé ce qu'était que cette ville farcie de groupes sans local digne de ce nom pour répéter. Nous-mêmes avions des groupes et nous ne savions pas où aller ». Marc se remémore les années 80 et son passé dans le groupe montpelliérain Les FRENCHIES : « On répétait une fois sous une boulangerie, une fois sous le magasin de disques Obsolète… Mais rapidement ce n'est plus possible de fonctionner comme ça, seul dans son coin… ».  

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A la fin des années 90 il n'y a pas non plus énormément de salles pour recevoir les groupes en tournée. Marc est pourtant resté en contact avec de nombreux groupes, en particulier des espagnols qui avaient bien envie de venir jouer en France. Et voilà que la recherche d'un local commence: « un jour, en 2001 on a eu l'opportunité d'obtenir ce lieu qui était une ancienne école de danse. On a ensuite passé trois mois ici avec entre autres Manu, ex-batteur des SHERIFF, à tout isoler et adapter le lieu à ce qu'on voulait y faire. Ce qui se soldera par l'inauguration en avril 2001 ».

Depuis c'est environ trois cents enregistrements live qui ont été effectués au Subso'. Pourtant dès 2002 des problèmes se posent avec un voisin pour les habituelles histoires de bruit. Sauf que le bureau d'hygiène sonore de la ville (si, si, ça existe aussi !) ne moufte pas et les déclare en règle, les concerts continuent donc. Mais le fameux voisin ne désarme pas et voit ses plaintes aboutir, grâce peut-être à des appuis ? En tout cas, « la mairie n'a pas voulu prendre parti et finalement on a été obligé d'arrêter les concerts…pour un dépassement de 3 décibels »…   Malgré tous les efforts du lieu pour gérer le bruit et la fréquence des concert, un procès est perdu dès 2006. Donc stop les concerts. 

« Depuis cela fait presque trois-quatre ans que l'on a rien fait, les derniers étant des one-man-bands, on a même fait des concerts le samedi après-midi alors qu'aux dires de la mairie elle-même nous serions le lieu le mieux isolé de la ville. Malgré tout nous avons tous ces problèmes… ». Si c'est pas rageant quand on pense au nombre de groupes qui sont passés dans cette salle, citons au pif les BELLRAYS, FLAMING SIDE BURNS, VIBRATORS, DANKO JONES ! Mais l'essentiel n'est pas là, Marc insiste: « On est surtout là pour promouvoir cette idée de subculture qu'on aime, sortir des chemins commerciaux, accompagner les groupes dans la démarche de faire par eux-mêmes ce qu'ils ont envie de faire ».

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Lola Product a à peu près 2000 (!!) adhérents, 150 groupes en moyenne qui viennent répéter (dans trois locaux sur cinq, le reste ayant dû être fermé à cause… des vibrations alors que la salle est à deux pas de la gare SNCF…) et donc une pétition est apparue sur le net pour défendre ce lieu. Marc trouve important de la signer : « Ce n'est pas forcément pour le Subsonic même si ce sont nos problèmes qui l'ont motivée. En toile de fond, c'est reconnaître l'importance de tels lieux en centre-ville. Il n'y a aucune raison que tous les jeunes, a fortiori ceux qui sont à pieds, soient obligés d'aller péter dans les banlieues, on se bat pour ça à l'inverse d'autres qui voudraient voir fermer les bars à minuit dans une ville comme Montpellier où on a envie de traîner en terrasse le soir. Et puis ça peut aussi aider les institutions à chercher d'autres alternatives, il y a des tas de lieux inexploités ! On ne serait pas contre de partager des locaux avec d'autres associations ».

D'autant que le lieu ne se limite pas à la musique, on trouvera aussi un atelier de sérigraphie, un atelier photo plutôt orienté vers l'argentique, une distribution de disques, de t-shirts et de fanzines, dont Abus Dangereux ! Le cerise sur le décibel, c'est l'atelier Mazzette d'un musicien qui répète ici avec ÖFO AM et qui fabrique des pédales d'effets pour guitare. Sinon en ce moment, ça peint au Subsonic, en vue d'embellir la façade  - moche - de la salle avec des fresques sur lesquelles on retrouvera Mattt Konture, Benito ou encore Van Gogo (voir La plaque N°6 (66)), inauguration le 13 octobre avec le groupe de garage punk d'Atlanta… THE SUBSONICS  et le groupe de Sylvie et Marc, les SONIC ANGELS !!! 

Récap : on signe la pétition ici siouplé: http://www.petitionpublique.fr/?pi=LOLAPROD et on passe boire une bière au Subsonic !

 

© GED Ω - 13/07 2014

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