
Fredosz n'était pas vraiment du genre à raconter sa vie, je ne vais donc pas m'amuser à essayer vu que je n'en connais que de petites parties…
Je me contenterai de me rappeler cette rencontre avec un musicien exceptionnel pour qui je me suis un jour transformé en bricoleur, toujours du dimanche, quand il s'est agi de construire son studio, de ces deux ans d'aventure avec GOULAMAS'K à causer plus souvent qu'à notre tour des lendemains qui chantaient moins si l'on excepte, bien sûr, les acouphènes.
Je me souviendrai surtout de l'extraordinaire beauté de ta musique que tu partageais modestement en attendant des avis que je donnais toujours tranchés mais nuancés (j'étais assez fier d'avoir ta confiance), duraille de la ramener quand on est entouré de créateurs de ce niveau (je n'en oublie pas ici Magda, sa compagne avec qui il formait une équipe de choc) mais quelles nouvelles portes s’ouvraient en même temps, et je ne parle pas que de la passion de la bande originale qui naquit bientôt !
Car je me souviens aussi (et toi Magda ?) de cet orgasme spatial enregistré pour une fusée qui nous a tellement fait rigoler malgré la gêne, je me souviens aussi de l'aventure du film Lou dans lequel je fus entraîné par ton biais à maltraiter une belle actrice… Je ne peux oublier Luminoir et sa musique d'un autre monde tellement elle surpasse pour moi des bandes originales beaucoup plus connues, tant ta véritable personnalité apparaissait à chaque note : une ultra-sensibilité dissimulée derrière une carapace de bonhomme lunaire qu'on avait parfois du mal à faire atterrir au milieu des choses si terrestres et si éloignées en même temps, autant que le rêve que tu faisais naître avec tes partitions.
Je pense à tout ce que te doivent ceux qui sont venus enregistrer et prendre auprès de toi conseils et amitié, ils ont défilé et défileront aussi nombreux quand il s'agira de te dire au revoir en vrai. Sache que tu me manquais déjà à cause de cette putain de vie qui passe et qui empêche les uns et les autres de se croiser quand chacun tente bon gré mal gré de la mener le mieux possible. Malgré les kilomètres, jamais loin du cœur, j'aimais recevoir le bon anniversaire que je t'avais envoyé la veille ô mon frère Capricorne.
Pourvu qu'où tu partes il y ait au moins un lecteur CD, et qu’avec tu passes à plein volume face à l’éternité ce putain de disque que tu utilisais pour les réglages plateau, et qu’il fasse retentir ce rire que je n'oublierai jamais, ta meilleure composition.
Passe le bonjour à Kam.
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