Chroniques concerts
07
Sep
2015
black death thrash heavy metal festival

haemQuelle courte nuit !

Mais par un miracle chouettos, RER et navette (une excellente idée !) coïncident pile poil afin de ne louper aucun groupe ! Aucun regret donc de se lever si tôt pour SKELETHAL et son death metal à l'ancienne et souvent à la suédoise. Le gras c'est la vie dans ce putain de set bien cool pour réveiller tympans et foie. Le groupe se donne à donf et ça fait plaisir à voir, vite, choper une démo et en parler au plus vite. Un batteur qui chante rappelle par ailleurs des souvenirs émus à l'auteur de ces lignes. Ah et puis une cover d'AUTOPSY (Critical madness) est à rajouter au programme. TEMPLE OF BAAL est sans conteste un des groupes qui a fait le plus vrombir les guêpes omniprésentes sur le site en l'absence des moustiques de l'année passée. Comment ne pas devenir dingue au contact d'un tel mélange imparable de death et de black metal, avec en sus des extraits de l'album Mysterium à venir bientôt ! Hosanna fait le coup du refrain dévastateur tandis que Divine scythe offre des passages mid tempo mortels. Au passage, si tous les groupes possédaient un bassiste aussi charismatique et offensif, l'enfer serait sur terre. Slaves et Traitors sont conquis.
 HAMFERD possède un bien étrange backdrop et surtout, doom le matin chagrin, des costards de banquiers suisses. Malheureusement, le rythme de croisière général et la trépidance toute relative inspirent aux sauvages un retour rapide au lit bien que pas mal de monde regarde attentivement la scène. Soupir. Ça joue bien, mais après le TEMPLE, c'est abscons pour qui attend un café et pas une verveine. En attendant, observons ces guêpes, finalement bienveillantes, en train de nettoyer le site en dévorant les peaux de fruits sur le sol. Pendant ce temps, le chanteur de SATAN lui déambule paisiblement, muni d'un très seyant petit sac bleu estampillé BEATLES.

Des siècles qu'on essaie de voir HAEMORRHAGE aaargh, et paf, mange-toi un set fabuleux d'un des meilleurs groupes de punky goregrind de l'univers, Goremaggedon on Fall of Summmer yeeehaah !! Luisma est un putain de frontman givré et les espagnols partagent avec les dieux BOLT THROWER le fait d'avoir dans leurs rangs une jolie bassiste inamovible. Tranquillement un des tout meilleurs concerts du fest pendant lequel ZE mongolito a parlé : « la bassiste, va faire le ménage ! ». L'humour tordant du microcéphale. Finir sur le fabuleux I’m a pathologist est une foutue bonne idée ! METALUCIFER possède un gros carré de fanatiques pour ses morceaux qui comportent tous le terme heavy metal mais est tellement cliché et (involontairement ?) parodique que bon, ben non, ça ne fonctionne PAS avec tout le monde, ou alors dos tourné à la scène. Joker. Et kampaï, bien sûr ! On ne peut pas dire que, visuellement, SUPURATION soit super punchy mais musicalement, le death metal complexe, l’univers personnel et sombrissime de ces musiciens et compositeurs super doués ne laissent pas indifférent. SUFFOCATION fait péter une intro r'n'b, un peu Carambar la blague, et longue en plus. Autre blague, pas drôle non plus, c’est que le beugleur Frank Mullen n'est pas là, un gosier purulent remplace le bonhomme mais ne sauve pas forcément la prestation un poil plate d'une machine qui ne varie pas beaucoup les plaisirs même si oui, bien sûr, un Catatonia, ou un Effigy of the forgotten, fait toujours son petit effet.

[Coup de barre]

Et si je me laissais, là sous cet arbre, enfouir sous les feuilles qu'Éole souffle vers mon pré-cadavre ? Après un peu de lecture (Maïakovski chez les métalleux, pas mal non ?), SATAN donne l’impression d’entendre un vinyle avec le bass-booster du walkman, le groupe ravit son public avec son heavy puissant et ses belles harmonies vocales, chouette concert que voilà. Y a pas, malgré l'ossature brutal death du truc, NILE embarque nombre de ses ouailles, voire même d'autres, vers les contrées de son Égypte adorée. Ça a de la gueule malgré la redondance rythmique habituelle. Les samples sont par contre géniaux. Des idées tout aussi géniales germent au même moment : quand leur pote dort à terre comme une bûche, des gars demandent à tout SUFFOCATION, alors à l’apéro, de faire une photo à coté de son cadavre, ils s'exécutent : c’est purement culte. NILE finit sur le costaud Black seeds of vengeance, splendide avec une incruste « surprise » sympa des SUFFOCATION sur scène. Festival de thrash pousse-à-boire total avec les canadiens de RAZOR, excellent carnage qui ferait mosher un comateux. Quand on pense que les musiciens ironisaient sur la perte de leurs cheveux, on peut vous dire qu’ils n'ont rien perdu de leur sauvagerie. La machineriff CORONER, bien que chafouine au départ, fracasse plutôt pas mal malgré la mauvaise humeur. On ne verra pas grand chose de TSJUDER qui à l’air de bien mettre le feu avec son black metal déchaîné. Are you morbid ? Non, parce que TRYPTIKON écrabouille avec talent (Procreation of the wicked, paf !) des compos de toute la joyeuse carrière de Tom G. Warrior. Le seul mot qu’IHSAHN nous inspira fut « passons », on aurait aussi pu dire « fuyons » mais le faire, c’est mieux que le dire. Et pour ABBATH, qui ne s’est pas foulé pour son logo…

[Ged !]  

juste le temps de voir trois petits morceaux... 

[GED !!]

(très à notre goût malgré les sarcasmes des infâmes covoituriers),

[GEEEEEEEEED !!!]

et voilà qu'on nous oblige à boire une délicieuse Orval avant de décarrer vers Paris ! 

Avant de terminer, les fameux points qui fâchent ou pas, et quasiment les mêmes que l’année dernière : les files sont d’une longueur infernale (DEUX terminaux CB aux jetons ?!) donc on ne mange pas parce qu’on est quand même venu, et de loin, voir des groupes, on se voit d’ailleurs répondre NON quand on veut échanger la monnaie de plastique de bouffe (inatteignable) en celle de boisson (accessible) ! Sinon on trouve bien trop peu de chiottes, et dégueulasses qui plus est, on n'aimerait pas être une fille… A l’inverse, la navette est une super initiative, l’accueil et la sécu sympas et les bénévoles très cool, l’affiche est intéressante, il ne manque pas grand chose pour que ce soit parfait, juste un peu d’équipement, on a tous organisé des concerts, on sait que c’est possible même avec une taille comme celle-là. A l’année prochaine ?!

P. S. : RER C mon amour, Ernst Jünger est là, au hasard des Invalides, et il naît dans le ventre un puissant besoin paradoxal de marche dans un bois aux senteurs vivifiantes, de solitude et de silence mais aussi de repartir faire un concert direct, paf, comme ça, à donf, si possible dans un train long et tortueux qui donnerait à voir des friches industrielles abandonnées, du street art brut, de la rouille. On the road again…


BonusOn la croirait jouer de la harpe quand elle caresse lentement ses longs cheveux chatain blond, elle a le bronzage caramel des pays qu'elle rêve de retourner visiter, elle épluche d'ailleurs un guide et prépare son prochain trip, elle n'est plus dans le train mais déjà dans un avion pour Java ou Djakarta, elle déguste déjà des fruits au parfum capiteux dans une échoppe de bord de route poussiéreuse d'où émane, tonitruante, une musique exotique entre tablas et sitar. Ses grands cils désigneront toujours l'horizon, l'Invitation au voyage de Baudelaire rime dans ses beaux yeux qui veulent toujours en voir plus. Bon voyage !

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