Chroniques concerts
15
Juil
2022
jeff beck johnny depp blues hard rock reportage

Rebelote pour une soirée très blues sous un soleil de plomb comme à peu près partout dans ce pays dont c’est la fête mais où le feu est sans artifice, de nuit comme de jour, le sommeil s’en ressent.

Le comité d’accueil sous forme d’un barrage de gendarmerie (avec choix de voiture arrêtées à l'aléatoire) dont nous passons à travers les mailles (oh putain, on n’a plus de moutaaaarde !!) du filet (le blanc ?) n’empêche pas notre parcage rapido et direction les Burgondes après un casse-dalle improvisé, on arrive juste pour le début du set de ONE RUSTY BAND dont on a déjà causé 1 et qui ont changé de nom depuis pour ONE ROASTED BAND tant le soleil tape comme un sourd sur les washboards des tropiques. Comme l'excellent duo l'explique au bout d’un moment, une danseuse de claquettes et un rouquin doivent montrer un courage hors du commun pour se produire dans ces conditions. Mais la passion du rock des origines (qui couvre assez largement l’âge Fifties-Seventies) mais aussi du voyage à la Nouvelle-Orléans donne des ailes, c'est un vrai régal à écouter, merci pour ce primitivisme sain qui rappelle que brut et sans fioriture, le rock’n’roll n’en est que plus efficace, on vous conseille grandement d’aller jeter une oreille aux réalisations de ce groupe, et pourquoi ne pas aller les voir en live là où il semble passer sa vie, par exemple ce weekend au terrible Cahors Blues Festival ?!

Direction ensuite le chapiteau pour constater que le chanteur guitariste Robert Cray incarne l'essence même d'un blues marqué par la soul façon Stax meets Motown, la voix magnifique de l’américain ferait presque oublier un jeu de guitare pourtant pas négligeable et pour lequel sa section rythmique (Richard Cousins à la basse et Les Falconer à la batterie) savent construire un digne écrin, le clavier de Dover Weinberg apportant de son côté un complément mélodique et des possibilités d’entremêlement virtuoses. Le quatuor montre sans en faire des caisses un véritable plaisir de jouer ensemble, chose que le public a tendance à ressentir comme un bonus pour entrer pleinement dans l’instant, les regards sont captivés, les sourires authentiques, les applaudissements à la mesure de l’évènement et si, en bon espion en mission pour le Seigneur Décibel, on laisse traîner les feuilles ici et là, on note que nombre de personnes avouent avoir pris leur pied avec ce set sans failles. Un grand moment tout en tendresse gorgé de feeling et d’énergie positive, tout ce qu’il fallait avant l'arrivée très, très attendue de son altesse Jeff Beck, un des vénérés papas du hard et grand émissaire de la divinité Guitare sur Terre.

L'homme est accompagné de Johnny Depp, très attendu lui aussi mais pas forcément pour son jeu de guitare, mille pardons mais le sondage fait dans la foule est formel tout autant que les soixante-quatre mille maudits téléphones qui dès son pas chaloupé posé sur les planches, commencent à « filmer » la scène (très peu accessible because un rectangle « or » qui occupe tout le milieu de fosse). Pour être tout à fait clair, peu nous chaut en fait de la présence de Depp, on est chaque fois sous le choc de la démonstration de force de Jeff Beck, qui plus est accompagné d’une bassiste et d’une batteuse à l’efficacité thermonucléaire à qui le Maître offre d’ailleurs des moments solo qui condamnent irrémédiablement au traumatisme les apprentis musiciens en présence. Mais avouons pour ne pas, pour une fois, faire notre tête de lard, que ce Shiny Shiny Shiny Boots Of Leather du VELVET UNDERGROUND, interprété avec notre Jacques Moineau en figure de proue a de la gueule, c’est certain, ainsi qu’un morceau quasi-indus et non identifié par votre non-serviteur qui ne peut tout suivre tout le temps partout. Le concert du festival, juste pour la partie 100% Beck, en tout cas pour le moment. Wow !!

Dans la série costaud de chez costaud, on finit la soirée avec l’américain Christone « Kingfish » Ingram, un véritable passionné du blues du Delta qui le fait rimer avec le rhythm and blues de l’âge d’or, la soul et la musique funk sans oublier de faire montre d’une exceptionnelle technique pour faire voyager le public encore très nombreux devant la scène Village. Dire que ses parents ont eu la bonne idée de doter Christone d'une superbe voix vibrante et chaude n’est qu’un euphémisme et, comme il est accompagné d'un trio de musiciens au poil, l’imposant bonhomme, déjà connu pour des collaborations prestigieuses (notamment Eric Gales et Buddy Guy…!) malgré son jeune âge n’a forcément pas fini de faire parler de lui. Il brave même la foule en descendant jouer dans la fosse et, tant qu'à y être, avec les dents. C’est le genre de geste qui grave des souvenirs inoubliables dans les esprits, on repartira pour notre part comblé d’images et de sons car oui, on est bien, mais on ne sera pas plus mal au pieu, à demain donc, à deux pas des baffles pour une seconde piqûre des SCORPIONS après leur très bon concert à Clermont-Ferrand le 2 juillet ! Uli, si t’es pô loin, fais un crochet !

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