|
Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note ! |
[Publié à l’origine dans L’Occis-Mort #1]
Trois chapitres. Trois dates. Trois périodes. Trois films. J’ai par je ne sais quel enchantement associé à chaque partie un film qui m'a marqué. 1nconsciemment à chaque fois, même si deux d’entre eux sembleront évidents à la lecture du superbe, car il faut bien que je donne le titre, J'ai appris à ne pas rire du démon de mister Arno Bertina.
Une vieille icône, ravagée par le temps, les excès, traverse l’histoire du rock américain en de grossiers zigzags, flirtant plus souvent avec le désastre qu’avec le succès bien digéré. Trois exemples de miniphases sont évoqués par l’auteur, le milieu des années 50, le milieu des années 60 et le milieu des années 90.
Dans les années 50 Môssieur Cash est représentant de commerce et se retrouve dans une formation de vendeurs de bibles chapeautée par un fou furieux dingue de son boulot qui m’a immédiatement l'ait penser, va savoir pourquoi, au fabuleux sergent recruteur du Full Métal Jacket de l'ami Kubrick ! Tout aussi givré que son pendant filmé, le sieur de se lancer dans des tirades Don—Quichottesques et d'expliquer inlassablement à ses ouailles (ahem...) la technique secrète pour refiler à tous les coups une bible au client potentiel... Passage assez hilarant du bouquin. Si, si , j'ai beaucoup d’humour ah...!
Totalement annihilé par une quantité phénoménale de cachets en tous genres en 1965, notre Johnny préféré se retrouve à fond de cale, ou plutôt sur le plumard de fer d’une cellule de taule, recroquevillé, tremblant des pieds à la tête, claquant des dents à se péter les mâchoires, sous l’effet insupportable du manque. Le shérif, - un de ses plus grands fans as he says it, le prend en pitié et accompagne le chanteur sur la Highway to Hell. Pendant les accalmies de ses hallus, ses douleurs, Johnny se laisse aller à raconter ses rêves, ses visions, peut—être un peu sa vie... Et quoi de plus naturel pour moi que de penser au personnage de Dean Martin dans le Rio Bravo de Ronald Baril, se lamentant de n'être plus que l’ombre de lui—même à cause de son addiction à l'alcool, sa tremblote et sa tête de cocker sous la pluie devant la porte d’entrée... Assurément la partie la plus intimiste et la plus touchante du livre.
La plus déjantée, c’est la dernière. Rick Rubin, producteur taré de New York qui se fait les dents sur les groupes rap qui ont le vent en poupe au début des Nineties (BEASTIE BOYS en tête) et qui deviendra par la suite un fucking big producteur en se faisant tour à tour AC/DC, SLAYER ou encore les RED HOT CHILI PEPPERS, décide en 1995 de faire cracher ses tripes à Johnny qui après une traversée du désert artistique, est physiquement in articulo mortis... Le but pour Rubin est de réussir à sortir des albums qui se rapprochent le plus possible des débuts de la carrière de Cash, au moment où sa musique et son personnage faisaient peur. Ce personnage qu’il abandonne radicalement à cause d’un entourage très croyant... Les stupéfiants et l’alcool mis au service d'un martyr du rock font de Cash dans cette évocation une figure quasi christique, émouvante, déchirante. Le fait qu’il s’inflige cette torture permanente qu’est la drogue / l’alcool (rayez la mention qui vous arrange...) juste pour arriver à survivre à l'infernale cadence des tournées, le marathon perpétuel du rock’n’roll et donner le meilleur de lui—même est tout simplement... touchant... Touchant comme le Honkytonk man de Clint Eastwood.
Ces trois épisodes et leurs différentes couleurs, personnages et époques sont trois régals de lecture, écrits avec vivacité, humour et style et sont loin des autres bouquins du père Arno, moins free-style et plus biographe, forcément. Et comme en plus ce tas de feuilles me donne envie de me faire péter un petit Johnny Cash, j'ose espérer que le même effet se produira avec vous ! Je ne peux que recommander J’ai appris... à tous les niveaux, jetez-vous sur ce livre, il n'y en aura pas pour tout le monde aaargh (The beast in me) !!
Ne partez pas sans avoir "aimé la page", retrouvez tous les articles, vidéos et reportages sur votre mur. Soutenez Nawakulture en vous abonnant à la page Facebook et en partageant les chroniques.