Chroniques DVD
04
Oct
2004

Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note !

Genre : martyre en images d'Épinal façon carré blanc

Scénar : visiblement apeuré, Jésus demande aux apôtres de prier puis s'en va. Le fameux messie demande à son « père » son aide mais celui-ci semble s’être détourné de lui tandis que les nuages s’amoncellent autour d’un destin qui sera funeste. Pendant ce temps, Judas ramasse à terre les trente deniers qu'on vient de lui jeter pour sa trahison. À sa suite, Jésus est capturé et tout de suite violenté par les soldats. Marie-Madeleine dénonce l'arrestation aux Romains qui sentent arriver les problèmes avec les pharisiens fanatiques voulant ne pas traîner dans leur volonté de punir le « blasphème » dans les paroles de Jésus, quitte à le faire sans aoir réuni la totalité des membres du sanhédrin. Beaucoup dénoncent un scandale mais Caïphe et ses acolytes sont déterminés : pour se débarrasser de l'exécution, ils refilent l'homme aux représentants de Rome qui, pas convaincus qu'il soit coupable, le refile à Hérode qui n'en veut pas non plus… Retour chez Pilate donc où pour une grâce même Barabbas le bandit est préféré à Jésus. Ce dernier est condamné à la crucifixion après une méchante punition qui aurait dû suffire. Les chrétiens auront leur martyre, ses détracteurs leur punition…

 

Death-y-dément, Mel Gibson est un réalisateur surprenant. Après un premier film très personnel, presqu’auteurisant (L’Homme sans visage), une fresque historique épique à souhait (Braveheart), le voilà metteur en scène du martyre le plus célèbre de l’Histoire de l’humanité, celui de Jésus de Nazareth, un « rabbi » qui n’aurait pas dû faire de l’ombre au clergé traditionnel juif de sa région d’origine. S’il on peut voir quelques flashbacks de la vie personnelle de Jésus, Mel Gibson s’est attaché à décrire les douze, horribles, dernières heures de sa présence terrestre, celles où les infaillibles prouvèrent ne pas l’être, celles où ceux qui aiment furent dominés par ceux qui haïssent, celles où la douceur inspirées des paroles de cet homme étrange fut noyée dans son sang lors des exactions de bourreaux à la cruauté indicible (achtung pour les petites natures : les images de violence sont très crédibles et sûrement à la limite du soutenable pour ceux qui préfèrent la Bible en bande dessinée du catéchisme). On devrait quand même rappeler au public que malgré des sources bibliques (qu’on se doute déjà pas des plus intrinsèquement historiques…), le film reste une fiction, même documentée.

Un véritable tableau mouvant qui témoigne d’un superbe boulot de photographie, de couleur, de costumes, de musique (John Debney a bossé pour pas mal de films difficilement passables, on retiendra quand même La Fin des temps, Bruce tout-puissant ou Sin City), les reconstitutions architecturales mais aussi linguistiques (araméen, hébreu et latin au programme, n’oubliez pas de mettre les sous-titres au lieu de faire les malins !) sont bluffantes. L’acteur Jim Caviezel est incroyable tant il semble habité par un rôle que n’importe qui n’aurait pu endosser, Monica Bellucci est…divine, et certains éléments du film marquent pour longtemps, outre ce que les prudes qualifieront de boucherie et une très sale image des juifs (cela n’excuse rien mais venant d’un catholique pur mais surtout dur, à la limite du fanatisme, on ne devrait pas être aussi surpris, à moins d’être un peu con, que le furent des critiques qui allaient souvent un peu loin dans les accusations qui ont plu sur l’éternel Mad Max) : les visions de Judas qui virent à l’horrifique, la personne androgyne qui ne peut être que le Diable ou le maquillage corporel post-flagellation (qui a dû être une partie de plaisir).

Si on a la possibilité de dépasser les « intentions » (?) de son auteur, La Passion du Christ est un grand film, autant que plein d’autres à qui on aurait pu faire d’immenses procès. Pour ça, il ne faut n'avoir que ça à foutre. Non ?

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