Chroniques concerts
20
Juil
2015

Et c'est même pas une blague !

 

De plus en plus lassé par les cowboys de carton-pâte, les punks de salon, les rockers recyclables et les innombrables mythomanes des réseaux sociaux qui s’inventent une vie de gens importants, rebelles ou incompris, on a depuis toujours chez Dead Church / P.W.A.H !! / Nawakulture cherché à comprendre le pourquoi du comment, à tenter de ne pas crever idiot (y a du boulot, on sait) et à être curieux au lieu de réciter les leçons souvent erronées qu’égrènent encyclopédies participatives et autre révisionnisme hoaxophile. Voilà qu’un jour le pote Thierry en eut marre d’entendre les critiques qui pleuvaient sur son foot adoré, LA phrase a fusé : « prochain match, tu viens avec nous, tu sauras de quoi tu parles ». En fait, l’expérience a renforcé l’animosité envers les sports surmédiatisés mais aussi la détermination d’aller à la rencontre de ce qui fait le plaisir : saisir le point de vision entre l’évènement et son public est devenu le leitmotiv. Parfois, on est déçu, parfois on exulte, mais on est TOUJOURS surpris par l’inconnu. Inconnu relatif quand on aborde le cas Hallyday.

L’arrivée à Carcassonne permet d’apprécier autour de l’hippodrome de la Fajeolle un très beau parking mais il s’avèrera très vite mal géré d'autant que les gens sont vraiment des connards égoïstes quand ils s'y mettent et cherchent à gruger malgré les efforts des bénévoles, death-y-dément patients et courageux. L’entrée au compte-goutte n’est pas top comparé à la taille du truc (un peu comme pour Ennio Morricone à Nîmes…), heureusement le fou rire arrive quand nous faisons preuve d’inventivité lors du dépeçage d'appareils photo, bouchons de bouteilles et autres pliants (véridique !) : « amputez simplement les gens de leur index pour les empêcher d’appuyer sur le bouton photo, ce sera un gain de temps ». Temps qui s’avèrera incalculable l’instant suivant : il faut mériter sa bière avec des plombes d'attente (des gens parlent d’une heure et demi ou deux heures pour atteindre les satanés tickets boissons !!!), une horreur que nous décidons d'éviter, y a des limites à la connerie.

Le premier groupe, ROCKBOX, est en fait une fanfare, non ne pars pas, c’est de la PUTAIN de nom de dieu de fanfare, déguisée en Angus Young, cartoonesque à souhait et au répertoire béni des dieux seventies : Paranoid, Won’t get fooled again, Shoot me all night long, Gimme all your lovin’, Purple haze, My Sharona, Break on through, We will rock you (version Live killers tant qu’à y être), I was made for lovin’ you, Highway star, Antisocial, il manque, si on peut se permettre, Highway to hell'icon (ou presque, parlons soubassophone voulez-vous ?) ! Ces mecs sont tellement bons qu’ils ont décroché la première partie de DEEP PURPLE récemment en Angleterre, on en reparle bientôt, c’est sûr. Baffe. Encore. Vite.

Une excellente entrée en matière à laquelle aurait dû directement succéder Johnny dans un monde parfait…mais non. Une entrée genre peplum annonce The Voice tour machin-chouette, adieu oreilles je vous aimais bien car l’ensemble sonne désespérément trop lisse, et heureusement qu’on est accompagné par quelqu’un qui comprend quelque chose à tout ça, car c'est de l'hébreu pour la personne qui n'a jamais vu l’émission, jamais écouté les chanteurs ni ne connaît la plupart des reprises (car c’est de ça qu’il s’agit) que le groupe commet. Merci Satan, quelques parties sont très rock (par exemple La Bombe humaine, Un autre monde ou le micro Elvis qui gigote comme un chef) mais pour le reste, malgré certaines belles voix et un méchant groupe d’accompagnement, c’est : joker. Et on a même droit à l’Ave Maria !! Sans blague !

Le gros morceau, le messie de la plus grande partie de l’auditoire, pas très friande de la Voice d’ailleurs, Johnny, déboule avec son cuir et ses soixante-douze balais. On s'attend à un public de sosies risibles ! Faux ! On a simplement une belle proportion d'aigles et de loups sur les shirts de ce public de fanatiques qui fait plaisir à voir car les interactions chanteur / public sont simplement incroyables et franchement touchantes, même pour un rocker de l’extrême : il faut avoir entendu une fois la profession de foi « Que je t'aime » entonnée par le public en transe, c’est juste la foire au frisson. La machine de guerre scénique déployée a un petit côté BLUES BROTHERS avec ce mix cuivre-soul-groove-rock'n'blues omniprésent, oublie la variété, elle est restée au vestiaire. Niveau troupes, Hallyday s’est entouré de musiciens exceptionnels (en vrac, un putain de sax qui explose sur Rester vivant, un sosie de Keith Richards à la gratte, un putain d'harmonica sur Ma jolie Sarah, un batteur-bûcheron sur Allumer le feu…), qu’il présente avec respect et sourire, et a toujours un coffre phénoménal dont on ne se moquera plus désormais : « Bonne chance à celui qui veut ma place », tu m'étonnes ! Difficile de reprocher quoi que ce soit à une telle usine scénique si ce n’est les textes pas toujours heureux et quelques (rares) passages vraiment trop mièvres pour taper des arpions en cadence. Et puis, comment tenter de s’extraire d’un répertoire que l’on a entendu, bon gré mal gré, toute sa vie ? « Je suis un rock’n’roll man » assène Johnny. On ne le contredira pas. Respect.

Merci à Yoann pour l'invit' !

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