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Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note ! |
Genre : lendemains qui déchantent…
Scénar : il pleut des trombes sur les soldats nordistes mais aussi sur les sudistes prisonniers de guerre. On a beau clamer à ces derniers que « le temps de la haine et du sang est terminé, […] qu'il faut maintenant se relever [les] manches et reconstruire notre grand pays », quand on leur propose du travail pire que sous-payé, ils refusent mais ils n’ont plus qu’à se tirer : « si tu ne trouves pas de travail, tu as une semaine pour quitter l'État »… Celui que certains connaissent sous le nom de California prend la route après avoir rossé des hommes qui voulaient transformer en civet un chaton qu’il avait trouvé. Ne semblant pas vouloir causer à quiconque, il est quand même accosté par le jeune William Preston qui insiste tellement qu’il fait un bout de chemin avec lui, Preston lui propose (en vain) de rallier la Géorgie avec lui et d’habiter un temps chez ses parents. Sur la même route se trouvent aussi une équipe de chasseurs de primes qui piège les recherchés et les descendent comme des chiens et des revanchards voulant venger leurs morts. Mais à un moment où le général Lee vient de se rendre à Richmond, où les Nordistes s'inquiètent de l'afflux des prisonniers et de la situation sanitaire, certains s’agacent des agissements de ceux qui se pensent au-dessus des lois, chasseurs de primes surtout. Quand son ami meurt brusquement, California décide contre toute attente de ramener sa médaille militaires chez ses parents où il découvre ce qu’il ne connaissait pas : famille et foyer.
Comme si la guerre ne voulait pas laisser repartir les belligérants (et comment feraient-ils, ces malheureux soldats, avec en tête toutes ces images affreuses de la guerre de Sécession que le générique fait défiler sur une musique forcément tristounette), les vainqueurs ne ménagent pas vraiment les vaincus, la population de son côté n’a plus du tout envie d’entendre parler des horreurs du premier conflit « moderne » (lire : d’une rare cruauté, la mort y devient industrielle) et ne veut plus se mouiller pour personne, restent d’innombrables éclopés, à l’extérieur comme à l’intérieur, courant les chemins la faim au ventre (quelle scène tragi-comique que cette troupe d’affamés qui se jette sur tout ce qui peut se manger, par exemple les malheureuses grenouilles d’un marécage !), certains plus en danger que d’autres quand les Wanted apparaissent sur les murs des bureaux de shérif. Bien heavy-demment, les innocents tombent aussi (les scènes de tueries aux impacts violents sont nombreuses, parfois nanties d’images ralenties pour mieux souligner le cruel fauchage des vies par une Mort aveugle dont les bras sont personnifiés par les habituels profiteurs qui ne reculeront devant rien pour tirer partie de la nouvelle donne) dans ce que l’on peut sans doute qualifier de western crépusculaire au même titre que les tardifs mais excellents Les Quatre de l'Apocalypse de Lucio Fulci (1974), Keoma d’Enzo G. Castellari (1976) ou Selle d’argent (1978, encore de Fulci, et avec Giuliano Gemma aussi).
[Mais qu'est venue foutre Victoria dans cette guerre de Secession ?!]
Le talentueux Michele Lupo (fameux réalisateur d’une grosse poignée de sacrés bons films, des Maciste contre les géants, Arizona Colt, Méfie-toi Ben, Charlie veut ta peau parmi plus d’une vingtaine) ne pouvait se planter avec une équipe pareille, on retrouve en effet les personnages à la fois récurrents et émouvants de Giuliano Gemma et William Berger, mais aussi d’une armées de sales tronches que l’on a vues et reverra à d’innombrables reprises jusqu’à la fin des années 1980 avant de disparaître souvent du grand écran pour intégrer le petit. Le film est superbement restauré par rapport à la première édition DVD chez Evidis (Artus a choisi le combo digipak BluRay-DVD pour ce superbe titre), rendant enfin justice à cette belle photographie par Alejandro Ulloa (Le Manoir de la terreur, Tuez-les tous...et revenez seul !, Compañeros et plus de cent autres !) de ce temps pluvieux pas si courant dans le milieu western, on garde bien sûr au menu cet éternel « problème » de jour et de nuit qui se confondent miraculeusement en une seule et même scène (d’un côté le soleil, de l'autre la pénombre !) mais il n’empêche que California est un très beau film, cette coproduction italo-espagnole faisant à la fois la part belle au drame et à l'action pour donner quelque chose de très humain et réaliste, une belle musique signée Gianni Ferrio (Le Dollar troué, Sentence de mort, Les Grands fusils, L’Homme sans mémoire et plus de cent autres aussi !) étant la cerise sur un gâteau déjà mémorable.
Bonus : « Terre sans pain » (présentation du film par Curd Ridel, 46’) diaporama bien fourni, bandes-annonces de la collection
Infos / commande : https://www.artusfilms.com/western-europeen/california-358
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