Chroniques Blu-Ray
08
Mai
1999

Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note !

science fiction fourmi saul bass

Genre : petit mais costaud

Scénar : les hommes sont tous les mêmes ! Ils passent leur vie à rêver la tête dans les étoiles sans surveiller ce qui se passe sous leurs pieds ! Les corps célestes ont en fait eu un effet sur les fourmis que seul un scientifique anglais semble remarquer. Les insectes avaient un comportement étrange et semblaient préparer quelque chose. Communiquant beaucoup entre elles, les fourmis se rassemblèrent, innombrables, éliminèrent d’abord leurs prédateurs. Le chercheur donne l'alerte et propose d'installer le plus rapidement possible un laboratoire à l'endroit où se produit l'événement afin de fabriquer un aérosol pour éliminer les fourmis qui ont bâti des sortes de tours d'où elles surveillent les humains sans qu'ils ne le sachent. Pressés par les autorités qui voient leur budget dépassé, les scientifiques attaquent les constructions des fourmis, résultat celles-ci passent à l'attaque et des humains perdent la vie. Ce qui ne refroidit pas du tout l’anglais contrairement à son homologue effaré. Une jeune fille qui a survécu est contrainte de rester avec les chercheurs qui multiplient les expériences. L’anglais ment à la hiérarchie afin de pouvoir poursuivre ses expérimentations, l’américain lui s'occupe d'essayer de déchiffrer le langage des fourmis.

Dans la lignée de 2001 : L'Odyssée de l'espace avec lequel plusieurs similarités ne peuvent être fortuites, Phase IV est bizarrement le seul long métrage de Saul Bass, génial créateur de génériques pour un tas de classiques (L’Homme au bras d'or, Sueurs froides, La Mort aux trousses, Psychose, Spartacus, Exodus, Les Grands espaces, West side story, Un monde fou, fou, fou, fou, Première victoire, L'Opération diabolique, Grand prix, Les Affranchis, Casino...), visionnaire dans l'art de faire de l’introduction d’un film autre chose qu’une bande déroulante de noms parfaitement inutile. Il en fait une véritable partie de l’œuvre en en présentant l'ambiance, le rythme ou les couleurs avec une rare pertinence. Pour Phase IV, son intérêt pour le graphisme saute aux yeux, au point que les personnages interprétés en deviennent parfois presque secondaires par rapport au travail d'expérimentation sur l’image (couleurs vives, textures, mouvements), faisant de cette histoire un tableau vivant et inquiétant, comme la période trouble des Seventies s’y prête pour une certain nombre de films étiquetés « science-fiction pour adulte » (comme pour 2001, on a déjà causé de La Planète des singes, Soleil vert, Apocalypse 2024…).

Et ce n’est pas pour dénigrer la si belle Lynne Frederick, Nigel Davenport et Michael Murphy mais les héroïnes ce sont les fourmis qui se baladent dans leurs galeries. Mise en valeur par de drôles d'images protéiformes, une drôle de musique qui semble annoncer l'inexorable et de drôle de décors très minéraux, la vie de ces insectes sociaux est observée de près au moyen d’images macro dingues dignes d’un documentaire, avec certes un angle extrêmement arty. Mais la pression d’un crescendo en huis clos autour de d'éternelle confrontation de la nature face à la science qui se croit toujours supérieure fait du film une sorte de thriller écologiste avant l’heure, pas dystopique pour un sou mais avertissant plutôt qu’avec ou sans aide extérieure les sociétés animales seront toujours supérieures à celle de l'homme bien incapable de faire ce que l'adage lui a pourtant toujours conseillé : l'union fait la force. Ah, cela va sans dire, mais les génériques sont superbes et parlants, mais bon, vous vous en doutiez un peu non ?

Bonus : bande-annonce, «  Une vie de fourmi  » (entretien avec Jasper Sharp et Sean Hogan, 21’), fin originale de Saul Bass (bien plus intéressante et poétique que l’autre, 18’) et le très intéressant documentaire «  Bass on Titles  » où Saul Bass s’exprime sur son art (1977, 34’)

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