Chroniques DVD
13
Oct
2002

Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note !

Genre : « Something is wrong in this country »


Scénar : les coups de semonce terroristes de Oklahoma City, de Columbine, et encore plus le 11 septembre 2001, installent durablement aux États-Unis paranoïa générale, panique latente, hypocrisie politique omniprésente, boucs émissaires ridicules… Les marchands d’armes, eux, exultent. Pire, un des acteurs les plus armés du monde comme Charlton Heston tient chaire dans une fiesta de l’overpuissante NRA une poignée de jours seulement après Columbine, engendrant fierté débile chez les uns, et colère légitime chez les autres. Dans un pays régi par la peur qu’il injecte lui-même à ses habitants, en particulier par le biais des médias, un homme décide d’aller asséner les questions qui dérangent : Michael Moore. Au départ la parodie a sa place ainsi d’ailleurs que l’auto-dérision. Puis viennent s’ajouter, à la lumière des FAITS, l’incompréhension, la compassion et l’indignation : ça sent l’action coup de poing.

Malgré les accusations habituelles de gauchisme primaire qui pleuvent, Bowling for Colombine est une film patriote dans le beau sens du terme, pour une fois pas d’anti-américanisme primaire au programme puisque Moore, rappelons-le, est amerloque et semble plutôt fier de l’être. Rentre-dedans et marrant, Bowling… n’en est pas moins informatif et tragique à propos d’un pays où l’on offre un flingue à l’ouverture d’un compte bancaire, où les aveugles vont au club de tir (!), où les milices, leurs membres et leurs discours sont invariablement risibles, où les publicités sont sans problème les plus débiles du monde même si on est sûrement bien placés en France dans le top ten, mais où le paradoxe mène aussi jusqu’à South Park, dont l’auteur Matt Stone a fréquenté Colombine.

Que l’on soit pour ou contre (voir le magnifique débat en bonus), ce doc sera forcément le prétexte de beaucoup à embrasser une carrière de journaliste - parce que l’information, ce n’est pas le Gorafi ou vos sites complotistes préférés -, qui ne rêverait pas en effet de devenir un maître dans l’art de l’interview à chaud comme en use, voire abuse, Moore ? Car rien n’empêche finalement de s’intéresser au travail de ce gros machin informe qui s’avère particulièrement incisif et touchant à la fois, un personnage marrant, impertinent, qui n’hésite pas à mettre sa vie perso en scène dans le montage pour plus de vérité, il veut juste faire RÉAGIR, ce qui n’est gagné avec une opinion publique molle et aveugle la plupart du temps. Et rien n’empêche non plus de RÉFLÉCHIR soi-même et de compléter, vérifier les infos, on a déjà un sacré boulot à défricher avec Bowling, mais il est TOUJOURS nécessaire, question de BONNE habitude à prendre.

Bonus : bande annonce, interview de Michael Moore (3’ seulement), conférence de presse à Londres (22’), un texte sur la cérémonie des César et le débat Pour ou contre (34') qui oppose Kaganski des Inrocks à Blouin des Cahiers du Cinéma. On trouve aussi dans le boitier un livret made in Inrocks.

P. S. : Le générique avec au micro Joey Ramone et sa version de What a wonderful world ne manque pas de piquant, nul doute en effet que le frère ennemi Johnny aurait apprécié le travail de Moore haha.

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