Chroniques DVD
08
Jan
1999

Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note !

Genre : fernandellade des années noires

Scénar : au sein de l'entreprise « Tout pour l'homme », l'argent dort chez les clients, il serait temps que ceux qui ont reçu les chèques en secouent les émetteurs. Mais le directeur a un meilleur plan : il suffira de marier l’un d'entre eux à la fille d’un milliardaire de passage, on saura ensuite généreusement se rembourser. Il engage à cet effet un professeur Don Juan qui entraînera les candidats soupirants. L’oiseux Monsieur Valoisir chasse lui les papillons dans la garrigue mais ne semble pas très pressé de payer sa note d'hôtel, c’est par hasard qu’en poursuivant un joli spécimen il se retrouve dans la propriété où se dirige aussi le convoi des soupirants. Le milliardaire averti de l'arrivée de ces hommes empressés, il appréhende le grand maladroit mais presque certain qu'il ne fait pas partie des futurs envahisseurs, il s'entiche de cet Antoine qui joue férocement bien aux dames, son péché mignon. Par la ruse quand il apprend le but du club, Antoine fait tout pour y entrer, soldant par là-même sa note à l'hôtel. Et le voilà dans cette petite armée prête à donner l'assaut à la pauvre (si l'on peut dire) fille du milliardaire qui de son côté file respirer l'air de la mer, le pédalo vaut bien l'air renfermé d'un château qu'elle ressent comme une cage dorée.

En 1941, il faut bien amuser la population occupée, la très collaboratrice firme Continental-Films 1 propose donc cette comédie tournée sous le soleil de Marseille dans les studios de Marcel Pagnol, pochade pas toujours très fine mais aux côtés presque sympathiques si l’on se contente de rester en surface : bien sûr comme à son habitude Fernandel en fait des tonnes sur un scénario de Marcel Aymé adapté et dialogué par le réalisateur lui-même entre autres (André Cayatte et Jean Manse, le beau-frère du Fernand, ont aussi mis la main à la pâte). Saturnin Fabre était déjà là lors de la précédente réalisation de Maurice Gleize 2, et comme souvent ses prestations électriques en font peut-être l’attraction principale d’un film que l’on devine avoir été construit exclusivement pour mettre en valeur l’acteur principal aux grandes dents qui a très bien su rester sous les feux de l'actualité pendant une des périodes les plus difficiles pour le reste de la population. Fernandel en profite même pour interpréter des chansons qui se révèlent le plus souvent très irritantes. Bref, on a affaire à une comédie très dispensable pour qui a du mal avec Fernandel, les fanfares et les gags un peu faibles pour rester diplomate. Le décor a quant à lui une histoire plus intéressante.

Les studios Marcel Pagnol ayant reçu la visite de plusieurs réalisateurs qui ne les trouvent pas franchement au niveau de ce qu'ils doivent en faire, ceux-ci sont quand même choisis mais le patron Pagnol à qui l'on propose de devenir en quelque sorte le patron du cinéma franco-allemand refusera sous prétexte d'une dépression et évitera ainsi de travailler directement avec l'occupant. Il est tout de même contraint de bien vouloir louer ses installations et - accessoirement avec elles le personnel qui y travaille - pour ne pas éveiller trop de soupçons chez des Allemands bien insistants de le voir intégrer leur rang. À tel point qu'après avoir commencé à tourner une série de films, il préférera les détruire plutôt que de les voir pris en main et distribués par Alfred Greven. Il finira par vendre ses studios à Gaumont et disparaîtra des radars jusqu'à la Libération, contrairement à un nombre impressionnant d'acteurs, réalisateurs et techniciens qui continueront à tourner pendant et après la guerre tout en essayant de faire passer sous silence une période de compromission impardonnable à une période où tout le monde veut faire oublier ce qu'il a fait - ou pas fait - et où une majorité jouera opportunément les résistants de la vingt-cinquième heure.

1 on clique sur les machins en rouge pour des liens complémentaires !

2 voir Le Récif de corail de Maurice Gleize (avec Jean Gabin, Michèle Morgan, Saturnin Fabre…) 1939.

Les mots-clés :

Quelques chroniques en vrac

gypsy punk rock france de cigany mohawk
bd bande dessinée larcenet
demoncy usa black metal cd usbm