Chroniques DVD
06
Jan
1999

Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note !

aventure drame policier gabin morgan film

Genre : au bout du monde, la rédemption ?

Scénar : à Brisbane, Australie, il y a du grabuge chez Ted. Celui-ci vient de tuer un certain Brooks et sa voisine lui conseille de filer même si elle pourrait croire qu'il se fiche d'être pris. Il part donc traîner vers le port où l’on trouve toujours du boulot quand on veut disparaître. Un commandant lui demande d'être fidèle à sa parole et de lui rendre un service en retour un jour prochain en échange du voyage vers le Mexique pour lequel le Portland appareille. On ne demande ensuite rien à Ted, pourtant il insiste pour travailler mais rien à faire. Le voyage est longuissime et une seule étape est au programme : Togobu le récif de corail. Les abords de l'endroit, oublié de tous, sont en tous points paradisiaques et, même invité par son occupant à habiter sur place, Ted préfère rester à bord, il a donné sa parole et pour lui ce n’est pas du vent. Il comprend soudain à quoi le capitaine le destinait…

Miracle ! Comme quoi la ciné-archéologie paie parfois ! Cette copie de ce film rare (on l’a même longtemps dit disparu pour toujours !) qui a fini par être retrouvée à Belgrade, puis restaurée à l'occasion du centenaire de Jean Gabin, permet d’aller à la rencontre d’un film très méconnu, l’un des derniers tournés avant l’entrée en guerre de Jean Gabin (une adaptation d’un roman français produit par la UFA, ça ne manque pas de sel à la dite période). En plus de Michèle Morgan, divine aussi bien en robe qu’habillée en Huckleberry Finn, on trouve à ses côtés un joli lot de têtes que l'on voit souvent à l'époque (Saturnin Fabre, Julien Carette, Pierre Renoir, Roger Legris et compagnie…). Tous participent à la grande réussite d’une rencontre d’âmes errantes au bout du monde, deux êtres malheureux mais ravissants qui ont juste envie, pour une fois, de croquer dans un rêve et de s’en garder un bout.

Il est toujours drôle de remarquer dans ces films français de l’Âge d’or que de par le monde, malgré les endroits, les frontières et les nationalités, il paraît tout à fait normal que tous les personnages parlent un français châtié. Avec un flic de la trempe teigneuse / insidieuse d’un Javert, affublé qu’il est d’un long imperméable de cuir noir (assez étrange sous les tropiques n'est-ce pas ?) qui sera bientôt l’apanage des membres de la sinistre Gestapo qui déferleront bientôt sur l’Europe, bien loin de la cabane-paradis du bord de l’eau ou de l’atoll de Saturnin Fabre. D’où le départ de Gabin vers les États-Unis où il ne parviendra pas à tourner sans oublier la mélasse dans laquelle était son pays, il s’engagera donc dans les Forces françaises combattantes du général de Gaulle et finira la guerre au volant d’un char qu’il conduira jusqu’en Allemagne, à Berchtesgaden.

Beaucoup n'auront pas le courage / la possibilité de refuser de travailler pour ou sous l'occupant, pour en savoir un peu là-dessus, c'est une autre histoire, clique par exemple sur Continental-films.

La phrase du film est adressée par Ted / Gabin à un marin qui lui tend un bouquin : « J’ai une tête à lire la Bible ? »

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