Chroniques DVD
08
Avr
1999

Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note !

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Genre : « Vive l’anarchie ! »

Scénar : Raymond Callemin dit « Raymond la Science » houspille les ouvriers qu'il compare à du bétail, un grand « Vive l’anarchie ! » peint par ses soins sur les murs de l'usine enfonçant le clou. Il en récolte six mois de prison mais quand il retourne là où il partage une habitation avec d'autres militants, il ne supporte plus d'entendre parler de théorie, il veut passer à l'action et le destin va lui fournir un déclencheur. Suivant une méthode de faire le marché radicale mais efficace, Raymond et ses compagnons volent un homme qui se trouve être Jules Bonnot, un anarchiste à la façon de voir différente, mais un anarchiste tout de même. Il se trouve que lui aussi ne se contente pas des discours politiques (« Les mots, ça me déprime ») et transforme peu à peu le groupe d'amateurs en équipe de choc illégaliste : tous ensemble ils dévalisent une armurerie, dérobent une voiture et attaquent des convoyeurs de fonds. Bonnot n'est pas content que des agents soient tués, Raymond pense au contraire que sans ça, ils passeraient pour de vulgaires voleurs, et plus des anarchistes. D’ailleurs, à cause d'un bouquin de Proudhon laissé sur les lieux du crime, l'inspecteur chargé de l'affaire se doute qu'il n'a pas affaire à de simples voyous, la traque commence.

On peut dire qu'un tel film tombe très bien en cette année 1968, terreau fertile d’une contestation générale. Raymond Callemin et Jules Bonnot sont clairement ce que l'on peut appeler des pionniers dans la révolte jusqu'au-boutiste, les deux perdront d’ailleurs la vie dans ce combat contre une société d'exploitation des masses qu'ils ne supportaient plus. Jacques Brel fait un sacré numéro dans le rôle de « Raymond la Science », était semble-t-il fait pour être acteur même si sa carrière se limitera à une petite dizaine de films (dont beaucoup de très bons), l’immense Bruno Cremer est toujours aussi impressionnant de charisme, particulièrement via son regard intense et glacial quand il le souhaite. Bien heavy-demment, les seconds rôles sont tenus par des acteurs confirmés et même parfois au sommet de leur gloire comme Annie Girardot qui n'en finit plus d'attirer les éloges. On est toujours bien content de voir aussi débouler la drôle de trogne de Jean-Pierre Kalfon, parfait dans un rôle qui n’étonne pas vraiment pour l'acteur le plus (proto-)punk du paysage cinématographique français de ces années-là. Marcel Jullian a par ailleurs concocté pour l'équipe des dialogues tout à fait épatants, de quoi chanter « Le Temps des cerises » sur le gâteau.

Cette coproduction franco-italienne se distingue aussi par une très jolie reconstitution historique, un joli générique composé de dessins comme on en voyait toujours en Une des journaux de l’époque, dans ce climat où les faits divers novateurs (les empreintes digitales, les automobiles, le fichage systématique et politique des prévenus commencent à prendre l'importance cruciale qu'ils ont encore à ce jour) mais aussi les « nouvelles » idéologies commencent à faire parler d’elles de plus en plus souvent ; surtout que la presse évolue, son attrait pour le sensationnalisme pousse le lecteur à vouloir toujours plus de détails - plus ou moins sordides - sur les événements en cours. Le film se voulait réaliste et fidèle à l'histoire, c'est réussi. Très réussi. Côté musique, Jacques Brel a bien sûr participé à la bande originale composée avec François Rauber qui l’accompagne depuis la fin des années 1950. Pour conclure, si l'on est bien attentif comme d'habitude au générique on découvrira la présence d’un assistant-réalisateur qui fera bientôt parler de lui : Claude Miller (réalisateur du beau La Meilleure façon de marcher, mais aussi ensuite et entre autres de Dites-lui que je l'aime, Garde à vue, L’Effrontée et Mortelle randonnée). En tout cas, ne ratez pas La Bande à Bonnot !

Bonus : notes de production (pour une fois très informatives), « Jacques Brel et le cinéma » (entretien avec le journaliste Jacques Lévy, 32’), bandes-annonces

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