Pierre Desproges se donne en spectacle 1988

Capté en décembre 1986 au théâtre Grévin, ce qui en fait son dernier spectacle enregistré,

Pierre Desproges se donne en spectacle montre l’intouchable génie d’un véritable artiste de la langue et de la provocation qui n’hésite pas à se foutre de tous (en vrac, les maniaques, les hypocrites, les prétentieux, les suiveurs, les emmerdeurs, les cuistres, les juifs, les racistes, les stars de la télé, la niaiserie, voire même les endives braisées…!), tout et tous y passent, quitte à friser la correctionnelle (Robert Boulin dans l’étang, Marguerite Duras qui « n’a pas écrit que des conneries, elle en a aussi filmées ») pour le simple bonheur de faire s’esclaffer un public qui ne demande que ça.

Quel comédien extraordinaire aussi quand on fixe ce bonhomme gesticulant au visage à la fois impassible et sournois, et que dire du texte dont la rime est parfois belle, osée mais jamais vulgaire, les innombrables jeux de mots et autres calembours sont également un vrai bonheur, surtout quand ils sont teintés d'une misanthropie feinte, d'un sadisme rigolard et d’une façon de voir les choses que nous partageons ici profondément, symbolisée par la célèbre phrase « à part la droite il n'y a rien que je ne méprise plus que la gauche ». Un « artiste dégagé » tellement reposant pour les esprits libres.

Bien sûr, pas la moitié de ces textes ne passeraient aujourd'hui tant Desproges aimait déranger tout en faisant rire, nanti qu’il était d’un vocabulaire à hauteur vertigineuse, de la peur de rien (ni même du vide puisqu'il est le seul élément de son décor scénique) et si loin du politiquement correct, de l'autocensure, du vulgaire et du neuneu que l'on déplore partout aujourd'hui quand on gratte un peu ici ou là.

Desproges est vivant, grand, hilarant, nous manque immensément.

Pour ceux que ça intéresse, lire des trucs là : https://www.nawakulture.fr/index.php/rechercher?searchword=pierre%20desproges&searchphrase=exact.