Chroniques VHS
02
Aoû
1999

Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note !

carpenter science fiction action film vhs

Genre : anticipation culte (et totalement dans le vrai !)

Scénar : dans la galère comme la majorité des habitants de Los Angeles, Nada erre comme un fantôme sur les routes avec son sac sur le dos, il cherche du boulot à une époque où la télévision et les ordinateurs commandent le monde, ils ont même leur mot à dire quand il s'agit de nourrir la population, une erreur de logiciel pouvant en effet conduire à la famine ceux qui escomptaient des tickets repas. Il finit par trouver un boulot sur un chantier de bâtiment où l’un de ses collègues, sentant qu'il n’a nulle part où aller, lui propose d'aller crécher dans un bidonville où la bouffe n'est pas trop pourrie et où les gens pratiquent un peu comme ils peuvent une certaine entraide. La télé omniprésente commence soudain à être piratée par un groupe de dissidents qui tente de prévenir la population au sujet d'un grave danger. Nada comprend le fin mot de l'histoire quand, après une descente de flics qui vire au massacre, il découvre dans un carton des lunettes qui une fois mises sur le nez permettent de voir la réalité de cette société oppressante. Y a-t-il au fond une possibilité de changer les choses ? C'est ce que tentent de faire les membres du fameux groupe que Nada va rejoindre, il devra redoubler de prudence car il est repéré comme les autres par des autorités qui n'ont pas du tout l'intention de se laisser chahuter…

C'est fou comme Nada rappelle Rambo quand il fait la route au début sauf que dans ce cas de figure de mégapole - presque - futuriste, personne ne le remarque et ça vaut peut-être mieux. C'est peut-être aussi un coup de la carrure, car Roddy Piper est un vrai monstre dans le genre, un catcheur à la musculature proportionnelle à sa réputation sur le ring, ce qui n'en fait pas vraiment un acteur formidable mais le film, adapté du récit Eight O'Clock in the Morning (1963) de Ray Faraday Nelson, fait passer un bon moment de cinéma typique des années 1980. Avec toutefois un message façon volée de bois vert quant à la crétinisation programmée de la population par la télévision et la publicité, un message d'une clarté et d'une vérité inattaquables. À l'instar de celui où nous vivons, « dans ce monde pourri y en a que pour les riches », les flics sont au service du pouvoir qui base son emprise sur une surveillance sans relâche de sa population, même si l'histoire en fait des gens différents, c'est du pareil au même avec l'humanité de notre XXIème siècle, pas besoin d'anticipation ou de science-fiction pour constater les mêmes choses navrantes. T'as bien raison de bosser huit heures, et t'as même sacrément intérêt d'obéir sans trop réfléchir, un message fictif et réel à la fois qui n'a pas fini d'inspirer les artistes en tout genre ne serait-ce que ce Obey mémorable (?).

Alors bien sûr ici la Cassandre est un prédicateur aveugle qui enjoint les passants à se réveiller mais ceux-ci sont tellement ensuqués par le système qu'ils le regardent comme un extraterrestre, ce qui est tout de même le monde à l'envers car les méchants sont bien à leur place, comme dans les histoires que l'on raconte aux enfants pour leur faire peur : « ils vivent pendant que nous dormons », et c'est tellement vrai ! John Carpenter fait une fois de plus dans la série B devenue immédiatement culte pour ses fans même si son héros passe un peu pour un con quand il dit avoir foi en son pays, ces États-Unis ou règne pendant ce temps un Ronald Reagan pas vraiment concerné par le sort des pauvres, mais est-il un président dans l'Histoire qui le fut vraiment ? La population habituée à morfler pense peut-être que c'est la seule réalité possible, au point qu'elle ne veut pas ouvrir les yeux, et c'est peut-être pour ça que les artificiers rivalisent pour farcir le film d'autant de méchantes fusillades et de grosses explosions, on notera niveau action que notre personnage fait sûrement la chute la plus énorme de toute l'histoire du cinéma, quelle pelle monumentale ! Sans cette bagarre beaucoup, beaucoup trop longue pour être honnête, le film tient la route avec ce délire préfigurant le très rétro Mars Attacks et ces squelettes à dézinguer. Consomme et obéis : achète ce film !

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