
Présenté comme un « livre de témoignages », Darry Cowl par ceux qui l’ont aimé est surtout le récit d'une infinie tendresse au sujet d'un acteur très prolifique et pourtant assez peu connu plus de quinze ans après sa mort.
Le basque André Darricau, fan de Danny Daye, américanise son nom et se lance en tant qu'artiste après deux chocs consécutifs dans sa vie intime : cet enfant hors mariage perd son père et il sait que rencontrer sa mère biologique n'arrivera jamais dans des circonstances normales. Désormais Darry Cowl, ce passionné de musique découvre après la libération ses deux amours : les femmes d'abord, le jeu ensuite. Mais le jeu fait fuir l'amour et ce grand séducteur en souffre. Heureusement, aux Trois-Baudets où il accompagne les vedettes tout comme son ami Michel Legrand, le hasard le met sur la piste de l'improvisation comique. Son personnage loufoque naît peu à peu au début des années 1950. Puis tout va soudain assez vite : il travaille théâtre avec le « Branquignol » Christian Duvaleix, croise Brigitte Bardot au cinéma, tourne pour Sacha Guitry et puis c'est le grand succès du Triporteur en 1957, le film du « petit canaillou », le film dont tout le monde se rappelle quand on mentionne Darry Cowl.
Et tant pis si la majorité des gens passera à côté d'une longue, très longue filmographie (cliquez donc comme d’habitude sur les noms en rouge dans le texte pour explorer tout un tas de chroniques supplémentaires), une œuvre à la qualité certes très variable mais dont on a un peu trop souvent souligné, pour être diplomate, une certaine « légèreté » quand ce bonhomme pouvait quand il en avait envie se montrer génial ou rendre un film moins passable grâce à deux ou trois minutes de ses facéties uniques entre Buster Keaton et Jacques Tati, un bonhomme définitivement loin de ce personnage qui donnait l'impression de ne travailler qu’en dilettante déconneur, en fait un grand angoissé de nature et un grand bosseur qui aimait pouvoir se concentrer tranquille dans son coin et faire ensuite sourire son petit monde : un véritable médicament sur pattes décrit par la femme qui partagea sa vie pendant cinquante ans, de leur rencontre sur un plateau de cinéma jusqu'à la mort de l'acteur en 2006.
Au sommaire défilent les femmes, le jeu, la fête et surtout les copains, une liste incroyable de joyeux drilles parmi lesquels Jacqueline Maillan, Micheline Dax, Maria Pacôme, Roger Pierre et Jean-Marc Thibault, Jean Carmet, Pierre Dac, Francis Blanche, Jean Yanne, Coluche, Jean-Paul Belmondo, Jean Poiret et Michel Serrault, Eddy Barclay (le nabab de la fiesta non-stop aux innombrables mariages), Stéphane Collaro, Christophe (dont le témoignage est sûrement le plus émouvant de tous avec ses manèges et son texte) sans parler de ses partenaires à l’écran, ajoutons à la liste Jean Gabin, Pierre Brasseur, Louis de Funès, Michel Simon, Pierre Mondy, Jean Rochefort ou encore Paul Préboist. Et on sait trop peu que Darry Cowl composa beaucoup pour le cinéma et pour la chanson (Nana Mouskouri, Brigitte Bardot ou Nicoletta lui doivent toutes des chansons !), et accompagna de très grands artistes, de Georges Brassens à Jacques Brel en passant par Juliette Gréco, Catherine Sauvage, Charles Aznavour, quel palmarès !
On trouvera au centre du livre un cahier de photographies sûrement jamais vues, on y découvre des scènes de toute la vie de Darry : de sa petite enfance, de ses tournages, de quelques moments de folie douce mais aussi en tenue de joueur de pelote basque !
P. S. : on aurait presque été ravi d'entendre parler de heavy metal dans une biographie de Darry Cowl mais ce n'est pas ça le plus important, les copains du pouvoir, même zozotant à la Cowl, n’auront que notre indifférence.
165 pages dont un cahier photo, 22 €
ISBN : 9782360136278
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